C'est en arrivant à l'entrée du bourg d'Assise, le 28 septembre que nous avons trouvé ce clin d'oeil à notre association. Après une semaine de marche, nous avons découvert qu'Assise était jumelée à Santiago de Compostela! tous les chemins y mènent-ils ? ça c'est l'esprit de Compostelle qui nous a guidés. Quant à l'esprit de Cordoue, nous l'avons vécu dans la profondeur de nos échanges, dans le respect mutuel et dans la "convivencia" de tous les instants, à chaque pas, à chaque repas... Alain nous relate son vécu.

Dans les pas de St François

Nous étions dix sept pèlerins de France et de Suisse, chrétiens, bouddistes, musulmans, agnostiques, simples passionnés de marche, à parcourir cette vallée riante et douce de Rieti, en Ombrie, sur les traces de cette figure d'une spiritualité si authentique et si essentiel pour notre monde d'aujourd'hui qu'est le « poverello ». Vingt à vingt-cinq km par jour, sous un doux soleil d'automne, accompagné par un bus transportant nos sacs de voyage et notre pique- nique et pouvant recueillir les éventuels éclopés, nous avons marchés heureux, pendant une semaine.

Au fil de nos renAssisePoggiocontres avec des pères franciscains à La Foresta, à Poggio Bustone, à Assise, nous avons ressenti et compris cette louange de la nature et ce dépouillement de soi auxquels nous invitent la marche... et St François. La beauté des villages, des églises, des ermitages et des villes traversées,  Labro, Scheggino, Monte Lucco, Spoleto, comme celle des bois de chênes ou des oliveraies, nous ont saisi. Ils révèlent cette unité et cette harmonie du monde qui nous touchent si profondément. Nous avons été surpris de découvrir une Italie vivante et accueillante, alors que la presse nous dresse souvent le tableau sombre d'un pays en déroute.

Mais nous avons également cheminé à l'intérieur de nous-mêmes, car dialoguer avec son voisin tout en marchant, nous pousse souvent à parler de soi, de son AssiseLaForestahistoire personnelle, faite de victoires et de défaites, de bonheur et de malheurs. Ces histoires de vie se mélangent au fil des jours pour former petit à petit une parcelle de cette humanité d'aujourd'hui qui cherche une écoute, des repères, mais aussi à dire son engagement pour la paix et la justice ou pour le vivre ensemble dans le respect des différences ou encore pour le simple plaisir d'être ensemble. Chaque matin, nous formions un cercle, nos sacs au milieu dressés comme un étandard et chacun pouvait entonner un chant, une louange ou faire part de ses découvertes ou de ses besoins. Le soir, aux repas (ah, les délices de la cuisine italienne!), à côté des rires communicatifs, nous avions souvent des échanges, parfois vifs, sur les grands thèmes qui alimentent nos croyances et nos convictions. Mine de rien, nous marchions là aussi, sur le chemin d'une meilleure compréhension des univers de pensée qui nous opposent trop souvent dans le monde.

AssiseGroupe

Le dernier jour, réunis une nouvelle fois en cercle, mais dans l'intimité d'un intérieur de maison en cette ville d'Assise symbole de paix et d'interconnaissances, chacun à pu dire, en prenant son temps, ce qu'il avait vécu dans cette marche. Toutes les émotions partagées ce jour là, nous ont fait prendre concience qu'il n'est pas si facile de trouver sa place dans une communauté, si petite soit-elle et que la fragilité de chacun mérite de trouver un lieu pour se dire. Car c'est ainsi qu'on se renforce et qu'on devient des frères et des soeurs les uns avec et pour les autres. St François nous avait chuchoté cela à l'oreille, la nuit, pendant que nous dormions dans le silence bienfaisant de l'Ombrie.

Alain Simonin
octobre 2013

AssiseTrevi