L'association propose à ses membres de marcher, dialoguer et comprendre. Soit d'être actifs avec leurs jambes, leur coeur et leur tête, Sans dialogue, peu de chance de bien vivre ensemble. Dialoguer est donc central dans la proposition de Compostelle-Cordoue. Dialoguer, c'est ouvrir son coeur à l'écoute et aussi savoir " se confier " à l'écoute du groupe. L'association propose la pratique des cercles de dialogue dans toutes ses activités

Pour mieux comprendre comment " marche " un cercle de dialogue : un document à télécharger

Cercle de conversation du 30 mai 2018

dans le cadre des Rencontres Orient-Occident au Château Mercier à Sierre

 

Note sur la méthode. Dans un cercle de conversation les participants sont réunis tout d’abord dans un grand cercle, ils peuvent rejoindre l’animateur au centre de ce cercle et former avec lui un cercle plus restreint, le cercle de la conversation. Ils y entrent par résonance avec un des propos tenus dans celui-ci, ou par invitation de l’animateur. Ils peuvent également rester dans le grand cercle, silencieux et en position d’’écoute respectueuse. Pour une description plus complète de la méthode cf le document « Qu’est-ce qu’un cercle de conversation ? » sur le même site.

 

Comment notre cœur bat il entre Orient et Occident,

entre peur et fascination ?

 

« L’Orient est, au plein sens du terme, imaginaire : il occupe une place névralgique dans l’idée que nous nous faisons de nous-mêmes. Il est à l’Occident ce que l’altérité est à l’identité, ce que le passé et la tradition sont à l’avenir et à la modernité. Miroir de notre refoulé, il est à la fois le rêve et la mort.

Mais les peuples de cette région du monde que nous avons l’habitude d’appeler Proche-Orient sont, eux, bien vivants. Leur présence et leurs aspirations nous interpellent sous des formes parfois brutales et désagréables, face auxquelles nous sommes tentés de puiser à l’arsenal des vieux clichés. L’accumulation de notre imaginaire oriental, en effet, a fini par former un faisceau d’images complémentaires et contradictoires qui expliquent en partie les difficultés que nous éprouvons devant l’Islam et, de façon plus générale, devant les autres culture »

Thierry Hentsch L’orient imaginaire (1988)

 

Le fil d’une conversation sensible déroulé par son scribe

Prologue

Témoin et interprète d’une pensée collective et différenciée qui émerge de cet exercice tout à la fois réglé et ouvert à l’interpellation inattendue que constitue un cercle de conversation, votre scribe s’est réjoui, une fois de plus, de la pertinence de la démarche. Un lien se noue par résonance entre nos émotions (l’élément déclencheur), nos interrogations et nos engagements. A cet égard la peur et la fascination ont été, comme le thème proposé le suggérait, deux émotions bien présentes dans les propos des participants. Il faudrait cependant compléter la palette des émotions exprimées et évoquer la nostalgie, la frustration, l’éblouissement, l’effroi, la colère, la reconnaissance, le sentiment de confiance, la joie…

 

La vertu des émotions, positives ou négatives, quand bien même nous ne les maitrisons pas, et pour cette raison même, est qu’elles nous confrontent à la part la plus intime de nous-mêmes (pour autant que nous acceptions cette confrontation). Elles nous invitent au courage de les assumer ou de les surmonter. S’agissant de l’Orient et de l’Occident, deux constructions imaginaires très puissantes qui portent dans nos esprits les récits à travers lesquels nous nous sommes construits (mais aussi des simplifications, voire de falsifications historiques dommageables), personne ne peut oublier que les émotions nous renvoient également à des expériences collectives qui modulent le présent, En particulier notre manière de vivre les guerres au Moyen Orient, les inégalités planétaires, les migrations, les menaces sur les ressources naturelles, le terrorisme, le déficit d’espoir de la jeunesse, parfois explosif, des deux côtés de la Méditerranée,… Dominique Moïsi explique dans La géopolitique des émotions « Comment les cultures de peur, d’humiliation et d’espoir façonnent le monde » (c’est le sous-titre de l’ouvrage). A ses yeux l’'Asie est le continent de l'espoir ; l'islam, la communauté de l'humiliation ; l'Occident, le lieu de la peur, alors que l’Afrique est tentée par le désespoir. Voilà pourquoi, si on le suit, nos rencontres avec des migrants, des réfugiés, des marcheurs ou des pèlerins ont des résonances tout à la fois existentielles et géopolitiques. Il n’était donc pas étonnant que la guerre en Syrie soit évoquée en amorce de la discussion

 

La guerre en Syrie,

L’effroi et l’impossible indifférence

L’animateur du cercle entame son invitation par le malaise dont il a été saisi au début de la guerre en Syrie : comment sortir de la position de spectateur impuissant, de surcroit dans une guerre où le jeu des acteurs déterminants rend opaque toute issue souhaitable. Ne pas se résoudre à l’indifférence et à l’incompréhension a consisté pour lui à réunir des Syriens exilés et d’instaurer, avec quelques amis, un espace de dialogue. Des thèmes bien précis y ont été proposés, qui invitaient les participants à éviter un enfermement dans un présent douloureux : « Comment vivons-nous la guerre ? » « Quelle sera la Syrie d’après la guerre ? » Et aussi : Quelle part de nos discussions allons-nous restituer à la presse ? Au début des échanges il était très difficile de s’écouter, d’accepter des manières de voir différentes, même dans le clan des victimes. Après 3 ans d’un tel processus les relations entre participants ont évolué : Parmi les participants une personne a émergé comme une sorte de leader parmi les exilés s’agissant de se projeter dans le pays d’accueil. L’animateur du cercle témoigne d’une relation d’amitié profonde qui s’est créée avec cette personne, au-delà de la différence.

L’étrange religion de l’autre

Aller au-delà de la différence demande d’aller au-delà de sa propre peur. C’est l’expérience dont témoigne le premier conversant invité. Il se souvient de sa participation à un pèlerinage soufi auquel l’avait invité le père Paolo (enlevé par Daech depuis et porté disparu). Il s’y était retrouvé avec 3 autres européens parmi 100 soufis. Le spectacle de la transe qui fait partie des rituels soufis avait réveillé un sentiment de peur face à cette « étrangeté » Et pourtant à un moment donné un soufi s’est approché de lui et lui a dit « je vois que tu te recueilles : prie pour moi ! Cette forme de religiosité si étrange lui a alors paru à ce moment délivrer un message universel.

 

De la peur au sentiment de révolte

Une conversante témoigne de son expérience dans un quartier de Toulouse d’habitat participatif à forte proportion musulmane au moment des attentats du Bataclan et de Nice. Alors qu’au quotidien elle vit très bien cette cohabitation elle se souvient d’un moment de tension. Elle évoque sa confrontation dans le bus avec des femmes voilées qui semblaient indifférentes aux évènements : « J’avais envie de leur arracher le voile, de leur dire mais faites quelque chose pour dire votre solidarité ? Dans la manifestation qui a suivi les attentats de Nice l’année suivante, elle a cherché les musulmans et leur a dit : « j’avais besoin de vous ! ». Plus tard dans la conversation elle témoignera avoir vécu la situation dans ce quartier comme une montée de la tension, suivie d’un apaisement

La peur et le voile

Un participant se souvient d’une expérience vécue à l’occasion d’une marche « Inter convictionnelle » à Toulouse regroupant juifs, musulmans et chrétiens, suivie d’un forum. Au moins 100 musulmans y participaient. Une femme voilée avait alors déclaré : « je souffre de ce que l’on ne me parle pas du fait que je porte le voile, on fuit mon regard »

L’animateur du cercle met en écho sa propre expérience Au cours d’un débat à Genève où il était question d’appartenances communautaires et de laïcité, plusieurs jeunes femmes voilées y participaient et il attendait qu'une jeune femme se lève et dise pourquoi elle portait le voile. Déçu de l’absence de témoignage spontané il avait, à la pause, posé directement la question à une d’elle qui lui avait répondu « Je porte le voile pour honorer Dieu » Il s’était alors émerveillé de cette réponse et de cette foi. Rapportant cette discussion à l’occasion d’un long voyage en voiture, au retour d’un atelier d’écriture qui avait créé de belles complicités, en particulier avec deux femmes algériennes embarquées dans la même voiture, il s’est fait « incendier » par l’une d’elle : « tu ne te rends pas compte de ce que j’ai vécu à Alger pendant les 10 ans de guerre civile : Le Front Islamique du Salut a égorgé des jeunes filles parce qu’elles ne portaient pas le voile… »

Un froid s’était installé, pourtant au moment de prendre congé des passagers cette femme lui a dit : « chacun retiendra de cette querelle quelque chose qui l’a rendu plus libre » D’une certaine manière la complexité de l’altérité « voilée » s’en trouvait dévoilée et la tendance à assigner l’autre à une identité univoque démasquée.

Un nouveau conversant se souvient pour sa part de ce que lui avait dit une personne musulmane : « C’est vous qui avez un problème avec le voile ! », ce qui avait achevé de le convaincre qu’il n’y avait pas de signification unique du port du voile et qu’il fallait défendre la liberté absolue du port du voile dans l’espace public, que ce n’était pas « à coup de règles » qu’on allait faire descendre les appréhensions.

L’expérience partagée du sacré,

la nostalgie et la réconciliation

Une participante revient sur le partage de la prière évoquée par notre ami entouré de soufis en transe. Quelque chose comme un partage du sacré se joue également à ses yeux chez les marcheurs de Saint Jacques de Compostelle : ils ne partagent pas les mêmes convictions, certains sont agnostiques ou athées et pourtant quelque chose comme une confiance partagée les habite : « on n’est pas tout seul sur le chemin de Compostelle ». Une confiance et un engagement sur un chemin qu’elle comprend comme un chemin de redécouverte et de réconciliation. C’est l’idée qu’elle développe, (vous l’aurez reconnue tant pis) dans son ouvrage « Compostelle de la reconquista à la réconciliation » En même temps, nous confie-t-elle, le chemin de Compostelle fait écho à d’autres reconquêtes, en particulier celle des trésors qui nous avaient été cachés. Des trésors dont elle s’est émerveillée à l’occasion de l’évocation du siècle d’or Al-Andalus ä l’Institut du monde arabe à Paris. Notre histoire, contée entre Athènes et Rome, avait occulté que nous étions tributaires d’un patrimoine arabe. Une autre expérience, apparemment banale la renvoie à une certaine nostalgie du sacré vécu comme une fête : dans l’aéroport de Beyrouth une foule d’hommes vêtus tout de blanc attendent des pèlerins qui reviennent de la Mecque : aussitôt apparus les pèlerins sont acclamés, applaudis. « Ils ont de la chance, s’est-elle dit, que le sacré fasse à ce point partie de leur quotidien » Depuis ce jour-là, conclut-elle, mon cœur bat vraiment pour le Proche Orient et pour toutes les cultures arabes et musulmanes.

Éviter la rupture, maintenir le lien

Un participant libanais souhaite apporter une « expérience complémentaire » : l’expérience d’opposition à la stratégie de rupture mise en œuvre de façon systématique par les factions les plus déterminées au cours de la guerre du Liban, en créant des démarcations et des barrages. Et pourtant des liens très profonds ont subsisté entre Libanais grâce aux efforts entrepris pour maintenir la relation et le dialogue tout au long d’un conflit interminable.  C’était notamment le but de la « Fondation pour une paix civile permanente » au sein de laquelle notre homme était actif : « Rester en contact, se voir, coûte que coûte, contourner les voies bloquées, maintenir la relation comme tout préalable au dialogue, se rencontrer à Chypre s’il le faut et même en Suisse, ne pas rester éloignés trop longtemps. Grâce à ces efforts, au moment où la paix a été signée, cette guerre de 15 ans est apparu aux yeux de nombreux Libanais comme un entracte dans une pièce de théâtre. Au plan commercial et bancaire, cela a même été documenté. Plutôt que de se scinder les entreprises et les institutions ont ouvert des succursales dans les zones contrôlées par les différentes factions.

Cette expérience de résistance est valable aujourd’hui aussi pour la Syrie et l’Irak poursuit-il, seule une opposition aux stratégies de rupture peut reconquérir la paix. Il ajoute toutefois, expérience faite que l’injonction au dialogue peut cacher des manipulations politiques, l’authenticité de la situation de dialogue et du lien est une préoccupation de tout instant. Un participant se souvient, en écho. avoir entendu dire Samir Frangié que « le contraire de la guerre, ce n’est pas la trève, c’est le lien »

Inscrire le dialogue dans une construction politique ?

A propos de Samuel Frangié, auteur du « Voyage au bout de la violence » l’animateur du cercle se souvient du souci de son auteur d’ouvrir une perspective politique : à côté d’un parlement où seraient représentés les différentes opinions, il pourrait y avoir une Chambre Haute où seraient représentées les différentes religions.

L’universalité des émotions

Un nouveau conversant réagit à cette idée de partage des émotions qui a couru à travers tous les propos qui ont précédé son entrée dans le cercle. Il nous parle d’une expérience d’animation théâtrale qu’il a mené avec des migrants, un homme(afghan) et 11 femmes toutes de pays différents dont une voilée, de la Chine au Mali en passant par le Vietnam et le Maroc. Il s’agissait d’une expérience de théâtre-forum qui exige en général une connaissance minimale d’une langue commune, cette connaissance était alors très minimale. Le travail théâtral commence par une mise en cercle où les rituels et les expressions du corps permettent déjà une expérience des émotions universelles et transcendent ce faisant les barrages culturels : Par la suite c’est l’aspect ludique du travail qui a suscité un réel engouement, une fascination de l’humain, nous dit-il, a permis d’aborder avec un minimum de mots des situations de vie éprouvantes et compliquées telles que le rapport à l’administration

Le religieux : chambre haute ou racine ?

Une participante fait une boucle dans la conversation et réagit à la métaphore verticale de la chambre haute. Elle propose, plutôt qu’une position de surplomb, de parler de la religion comme de nos racines. Elle partage son exaspération de voir, en Occident, une tendance à faire disparaître les signes chrétiens qui attestent de nos racines. « Ce n’est pas parce que la Chrétienté, comme les autres religions, a fait des conneries qu’il faut oublier le message d’amour dans lequel des autres religions peuvent se reconnaître. Mais est-il possible encore de témoigner de sa fidélité à ses racines : « Lorsque je témoigne je me sens disqualifiée ! »

Disqualification ou autocensure` ?

L’animateur du cercle fait écho à cette frustration en évoquant son expérience d‘enseignant et celle d’un de ses amis, tous deux versés dans les sciences humaines, avec une conscience claire de leurs motivations chrétiennes. Tout se passe comme s’ils s’étaient vus confinés dans une sorte d’athéisme scientifique.

Souffrons-nous de vivre dans un monde déspiritualisé ?

Les deux dernières interventions suscitent des constats plus nuancés, il est exagéré de dire que la spiritualité chrétienne est ostracisée, ainsi que le contrepoint de participants qui ne renient en rien ces origines mais ont cheminé vers une éthique de vie qui se nourrit de la pluralité. Le plus important est la tolérance et l’écoute : « on est quand même moins con lorsqu’on n’est pas seul », « personne n’a la vérité tout seul ». Notre animateur théâtral confesse pour sa part que, bien que n’étant pas dans une foi a priori il se sent très bien dans tous les lieux de culte, quels qu’ils soient, qu’il aime s’y rendre pour se ressourcer.

Quelle convergence au final ?

S’il fallait dire en un mot ce qui a fait vibrer le fil de cette conversation on pourrait dire ceci : un désir partagé de fraternité réinventée, une spiritualité (religieuse ou laïque) aux racines diverses, sans régression ni crispation, une volonté de retrouver avec l’Autre ce qu’il y a de plus profond dans l’humain, quelque chose que l’on pourrait, avec Spinoza, appeler la joie.

Epilogue polyphonique :

Comment les personnes du cercle des écoutants ont-elles vécu la conversation ?

 

Avec plaisir…je me suis senti enrichi…cela aurait pu durer une demie heure de plus…j’avais le sentiment de participer, même en dehors du cercle…une expérience inédite, bien mieux qu’une conférence de plus…une sincérité de chacun très précieuse…la laïcité pas vraiment représentée…j’ai de fortes convictions et je ne me sentais pas à l’aise d’entrer dans le cercle pour les exprimer

 

Cercle tenu dans le cadre des Rencontres Orient-Occident au Château Mercier à Sierre

En tant que parent, éducateur, citoyen, élu, marcheur pour la paix,…,

 comment puis-je transmettre une mémoire juste ?  

Le fil d’une conversation sensible déroulé par son scribe

 « Je reste troublé par l’inquiétant spectacle que donnent le trop de mémoire ici, le trop d’oubli ailleurs, pour ne rien dire de l’influence des commémorations et des abus de mémoire et d’oubli. L’idée d’une politique de la juste mémoire est à cet égard un de mes thèmes civiques avoués »

                            Paul Ricoeur La mémoire, l’histoire l’oubli (2000)

Prologue

Il a été proposé aux participants à ce deuxième cercle de conversation des rencontres Orient-Occident de 2017 de questionner leur propre effort de porter une « mémoire juste ». Pour dire un mot du contexte de cette conversation, il convient de rappeler qu’elle s’est tenue sur une plage d’une heure qui précédait immédiatement un débat très attendu entre Elias Sanbar et Abraham Burg intitulé : "1917, 1948, 1967 : quelles commémorations pour quelles perspectives d'avenir en Israël-Palestine ?" C’est dire d’emblée que les participants[1]étaient non seulement rappelés à leur devoir de transmission, mais qu’ils étaient de surcroit invités à le faire, stimulés en cela par le témoignage personnel de l’animateur du cercle, en retrouvant le fil de leur « petite » histoire personnelle dans la grande toile de l’Histoire. Paul Ricoeur, à qui l’on doit cette idée de mémoire juste, s’était du reste opposé à l’idée de Maurice Halbwachs pour qui il n’y a de mémoire que collective en précisant : « Quant à moi, après un long embarras, je suis arrivé à la conviction que la mémoire, définie par la présence à l'esprit d'une chose du passé et par la recherche d'une telle présence, peut par principe être attribuée à toutes les personnes grammaticales : moi, elle/lui, nous, eux, etc. »[2]

Pour autant l’idée de mémoire juste a été soumise aux conversants sans explicitation conceptuelle, et la liberté d’interprétation qui leur a été laissée s’est révélée finalement fructueuse ; elle a mis à vif des questionnements, des inquiétudes et des efforts de transmission en plein travail. Une mémoire juste est-elle possible ? Et lorsqu’on dit juste, s’agit-il de justesse (Marc Bloch avait parlé de la meilleure exactitude) ou de justice au sens où l’on parle des « justes », c’est-à-dire des personnes qu’aucune loyauté à leur groupe d’appartenance n’a pu détourner de leur devoir d’humanité. Une mémoire juste dans le cadre du débat annoncé autour des mémoires israélienne et palestinienne, serait celle qui rapprocherait les récits, sans sacrifier la recherche de la vérité historique, dans l’espoir d’un apaisement des mémoires en conflit, et de rendre possible une politique de paix. Voilà qui situe d’emblée l’enjeu d’une mémoire « juste »

Nous avons parlé de travail et de toute évidence, il s’agit d’un travail semé d’embuches. La mémoire, qu’elle soit personnelle ou collective, connait en effet trois types de malheur, souvent conjugués. Pour nous référer une dernière fois à Ricoeur, il y a ce qu’il nomme la mémoire empêchée (par le mensonge, la culpabilité et souvent aussi par des résistances inconscientes), la mémoire manipulée (par de petits arrangements pratiques avec la vérité) et la mémoire obligée (destinée à créer une pression de loyauté au sein d’une famille ou d’une nation).

En nous émancipant de ces trois types de malheur peut-on élaborer une mémoire, « apaisée », ou même « heureuse », que nous saurions délivrer à nos enfants et petits-enfants ? Cette question est apparue comme le fil rouge d’une conversation que nous tenterons de restituer à travers quelques balises. :

Failles, faiblesses, irréductibilités des mémoires-mensonges et demi-vérités-préjugés hérités-manichéisme ... etc

Voici les compte-rendus des deux cercles de dialogue des Rencontres Orient-Occident de Sierre en juin 2017

Le premier compte-rendu a pour titre :

L’hospitalité que je pratique entre peur, indifférence et conscience humaine

Il peut être téléchargé ici au format .pdf

Conduirre un cercle de dialogue requiert technique, expérience et intelligence du coeur

Le thème du second était :

En tant que parent, éducateur, citoyen, élu, marcheur pour la paix,...
comment puis-je transmettre une mémoire juste ? 
 
 

Dialoguer est central dans la proposition de Compostelle-Cordoue. Dorothée Browaeys a restitué les échanges et les témoignages du dernier Cercle du voyage en Palestine. 

Nous nous tenons ensemble ici pour le cercle final de notre marche dans cette Terre unique de Palestine. Et si nous voulons témoigner de cette expérience, de sa force, de ce qu’elle peut faire germer, chacun est invité à forger des traces. Cela requiert attention, effort, concentration pour transmettre dans les mois qui viennent les effets de notre cheminement ensemble. C’est mon souhait pour continuer à … nous tenir ensemble.Comment nous sommes nous disposés à partir, intérieurement ?

Cercle de conversation du 28 janvier 2012

dans le cadre des journées « La réunion des opposés » organisées par

L’Union des Enseignants de Yoga de l’Isère

L’Ecole de la Paix

L’association Compostelle-Cordoue

Page 1 sur 2