Printanières 2025

Jean-René Brunetière…

Et tous les autres !

Paroles d’espérance

Lors de l’inscription aux Printanières 2025 de Compostelle, il avait été demandé aux participants de communiquer un court texte sur le thème « Quelle est mon espérance ? ».

24 contributions ont été reçues. On les trouvera intégralement ci-dessous :

Contributrices et contributeurs (dans l’ordre approximatif de production) :

A S

N L

P O

G N

J R B

C C

F O

A L

N B

M L

L M

G G

B P

B B

S V

P V

M L

B C

V F

B D

L H

D B

H H

S G

Les textes transmis sont publiés dans cet ordre.

A S             

26 décembre, lendemain de Noël (« La plus précieuse des marchandises»).

« Nous efforcer à quelque chose ! »

A propos d’espérance en rapport avec notre actualité guerrière partout dans le monde et avec le texte d’Isaïe dans l’ancien Testament (chap. 9)

Comme souvent dans l'Ancien testament, les écrits, avant le grand pardon de la Croix, nous sont comme des coups d'épée, le sang, l'ignominie et l'espoir du salut se mélangeant pour brouiller nos repères.

Car il s'agit bien, aujourd'hui de tenter de vivre sans repères et de garder cheviller au corps et marqué dans nos cœurs, cette espérance vivante de l'amour du Créateur pour ses enfants, même écrabouillés sous les décombres fumant de Gaza ou de Kiev ou torturés dans les prisons de Damas. Vite dit, vite pensé, bien sûr ! Surtout pour nos âmes, et la mienne en particulier, harcelées par le doute et désespérant de la possibilité de l'Amour parmi les humains.

Mais une lumière, en ces temps anciens, a bien resplendi sur ce pays d'Israël (le même que celui de Netanyahu !) en guerre contre son puissant voisin assyrien, nous dit le texte du chapitre 9 d’Isaïe. A cet égard, j'aime bien le verset 3 : « Car le joug qui pesait sur lui, la barre qui meurtrissait son épaule, le bâton du tyran, tu les as brisés comme au jour de Madiane » ; le verset 9 : « Les briques sont tombées : nous rebâtirons en pierres de taille ! Le sycomore s’est abattu : nous le remplacerons par du cèdre. » ; et le verset 15 : « Ceux qui guidaient ce peuple l’ont fourvoyé, la piste de ceux qu’ils guidaient a été brouillée ». Est-ce que ce sont là des mots pour aujourd'hui, me suis-je demandé !

A bien les relire, sans préjugé, comme s'ils étaient prononcés à nos oreilles, je crois que oui ! Les décombres mortifères et les corps torturés de notre actualité sont ceux du " temps court " , celui qui tue tant d'innocents, celui des injustices honteusement justifiées, des jalousies enfouies, des vengeances calculées, des exactions totalitaires. Le temps court est parallèlement celui des joies possibles malgré tout, des sourires bienveillants, des gestes de résistance, de courage et de solidarité. Mais le temps court assaille nos consciences par ses douloureux paradoxes et il nourrit notre impuissance et nos désespoirs. C’est le temps de l’humaine condition.

Mais le temps du Seigneur du pays d'Israël, comme de toutes les contrées du monde dans leurs traditions écrites respectives, ce temps-là est un "Temps long". Celui qui dessine l'espérance pour tous, d'un homme, d'une femme, d’un enfant, honorés pleinement dans l'esprit, le corps et l'âme, qui font leur destin au-delà du temps court. C'est le Temps qui n'a ni espace ni durée, et qui est déjà là, en nous, quand nous éteignons quelques minutes notre poste de radio ou de télévision ! Le Temps du silence, du Souffle au-delà du souffle, qui écarquille nos yeux pour que nous ne cessions pas de deviner la vie derrière la mort, la joie derrière la souffrance.

En écrivant cela, je veux m'efforcer de croire à cette prophétie vivante, comme je crois à la lune qui se lève le soir pour ôter mes peurs nocturnes. Car, ayant perdu nos repères, il nous faut « nous efforcer à quelque chose ! ». Je ne peux pas, où que j'habite sur cette terre meurtrie, me laisser aller à détruire l'humain de Dieu, en moi. Je dois, nous devons, nous lever, comme nous y invitait Frantz Fanon et nous y invite l'auteur d’Isaïe, nous lever pour reconstruire le monde de demain. "Les briques sont tombées, nous rebâtirons en pierres de taille".

A.

N L 

L’Espérance

C’est pour moi, un coin de ciel bleu et de lumière quand tout est obscur et obtus.

Je pense alors aux esclaves travaillant dans les champs de coton, faisant monter au Ciel leur Gospel :

« Cours au champ de coton là-bas, dis-leur qu’ils sont tous fils de Roi ». L’espérance ne fait « pas rien ». Elle se médite, se dit, se proclame, se fait d’une façon ou d’une autre même à petits pas.

L’Evangile de la multiplication des pains est pour moi une base fondatrice de l’Espérance.

Dialogue avec Jésus : « Jésus, une foule est là, ils n’ont rien à manger », « Qu’avez-vous ? », « Un enfant a 3 pains et 5 poissons. », « Portez-les » il donna la bénédiction sur cette nourriture et nourrit le peuple.

Fais avec ce que tu es, ce que tu as, mais " fais-le."

Dieu s’occupera du reste.

N.

P O 

L’espérance

Par moments j’aurais plutôt tendance, en ce qui me concerne, à parler de désespérance plutôt que d’espérance…

Ce n’est pas seulement la violence qui règne sur ce monde ou la corruption et les luttes acharnées pour le pouvoir et la domination qui me désespèrent mais également les risques liés naturellement à nos existences si fragiles, la peur de la vieillesse, de la maladie, de la mort pour moi mais aussi pour tous ceux que j’aime.

Oui ça c’est mon côté obscur, limite dépressive d’hypersensible… et pourtant il y a toujours quelque chose au fond de moi qui me rattrape… comme si j’étais perdue dans un tunnel obscur et que, au loin, j’apercevais ou (plutôt j’avais la conscience intuitive de) une lumière éclatante qui m’apporte l’espoir et la force d’avancer.

Quelle est cette lumière ? Cette raison d’espérer ? Je ne saurais la décrire exactement. Peut-être la confiance en l’Homme profond quand je croise ou que je lis la vie de personnes qui à mes yeux sont des héros, mais toujours des personnes humbles qui sont ouverts aux autres, qui écoutent et créent des liens et s’opposent aux violences et aux injustices, qui résistent parfois au péril de leur propre vie.

C’est aussi l’espoir ou plutôt une sorte d’intuition que ce qui nous semble la réalité n’est qu’une image tronquée et considérablement réduite d’une Réalité qui nous dépasse et qui peut expliquer tout ce qui me paraît fou et désespérant dans ce monde. Cette Réalité supérieure est peut-être Celui que nous, juifs, appelons Hashem (le Nom) car nous ne savons pas le définir et peut-être aussi l’existence de Mondes ou d’un Monde infinis qui dépasse notre vie terrestre étriquée et vers lequel nous allons. Mais j’ai la certitude qu’aucun être vivant dans notre monde fini ne peut connaître parfaitement cette Force et ce Monde et que nous sommes tous en recherche. Ceux que nous appelons les prophètes (le messie Yeshouah en ce qui concerne les croyances chrétiennes) ont sûrement avancé plus loin dans cette connaissance et nous ont laissé des messages d’Espoir, et tous convergent sur une Réalité profonde qui nous pousse à “nous aimer les uns les autres” mais un message dépend tellement de ceux qui le reçoivent et essaient de le mettre en pratique… et certains dévoient ces messages.

Mais malgré tout, je crois quand-même en l’Etre Humain et sa capacité qu’il soit croyant ou non croyant à élever le genre humain et aider le monde à avancer.

P.

G N

1er janvier 2025

La veille de Noël, nous autres dans les montagnes du Valais avons reçu un cadeau extraordinaire. Il avait abondamment neigé durant la nuit et, au matin, tout était d'une beauté féerique. C'était comme si un voile de blancheur et de douceur avait recouvert toutes les laideurs et les vilenies de l'année. Je voudrais pouvoir garder cette image dans ma mémoire et dans mon cœur pour être pèlerine d'espérance chaque jour de 2025.

G. 

J R B 

Espérance ?

Au fond de notre trou, Tu nous demande d’espérer, Seigneur… Tu es sérieux ?

L’Espérance, au même rang que la Foi et la Charité.

Où veux-tu trouver un chemin d’espérance, dans notre monde d’aujourd’hui ?

Elle ne va pas venir d’un coup, nous dis-tu, il va falloir monter à l’Espérance marche par marche.

Et la première marche de l’Espérance, nous dis-tu Seigneur, c’est d’aimer le monde. Comment espérer le monde sans l’aimer ?

Aimer le monde… Comment aimer ce théâtre de souffrance, d’injustice, de cruauté ?

Aimer le monde comme on aime un enfant. Un enfant que nous n’avons pas engendré, un enfant en mal d’adoption. Aimer le monde comme on aime un enfant malade, comme on aime un enfant délinquant.

L’homme a grandi, sa puissance a grandi, le monde s’est soumis à sa force et s’étiole. Le monde devient notre enfant, un enfant malade, un enfant délinquant, malade d’avoir été exploité, délinquant d’avoir été mal aimé …

Quand nos parents déclinent et s’affaiblissent, nous devenons les parents de nos parents. Le monde nous a généré, et maintenant, il n’en peut plus. Nous sommes les enfants du monde et le monde est devenu notre enfant, malade et délinquant.

Un enfant voyou qui nous agresse, qui cache ses trésors, qui masquerait sa beauté s’il le pouvait, mais il n’y arrive pas : la beauté du monde éclate mystérieusement. Il est capable de beauté, il est porteur de beauté, il est créateur de beauté.

La bonté du monde aussi se cache, la vraie bonté se cache souvent. Mais elle sourd par les fissures du monde. Elle coule au travers des blessures. Si on regarde, on la voit.

« Les seuls regards d’amour sont ceux qui vous espèrent. » (P. Baudiquey)

Pour voir la beauté de l’enfant, il faut l’accueillir. Accueillir le monde, lui laver les pieds, il a tant marché, lui laver le visage, il a tant pleuré.

L’espérance, c’est savoir que notre enfant est capable du meilleur. Il porte le meilleur en lui.

Cette espérance dont je vous parle n’est pas l’espoir de quelque chose dans le futur, l’espoir que « ça s’arrangera » … cette espérance n’attend rien qui ne soit déjà là, L’espérance est au présent. L’espérance est une voyance. Du moins, c’est de cette espérance-là que le monde a besoin… espérer le monde, c’est l’aimer assez pour reconnaître ce qu’il porte en lui, de beauté, de tendresse, de bonté… de preuves d’amour, au fond.

L’espérance, c’est voir la beauté sous la crasse, l’amour sous la haine, la tendresse jouxtant la violence. « Avec cette foi, nous serons capables de distinguer dans la montagne du désespoir une pierre d'espérance. » (M.L. King)

Jésus a rencontré des gens, plutôt des mauvais… Jésus les a espérés, et son espérance les a transfigurés : Zachée, la Samaritaine, les lépreux, la femme adultère… Non, tu n’es pas ton péché, tu n’es pas ta blessure, tu n’es pas ton malheur. Dieu peut surgir en toi, lève-toi et marche !

C’est ça que le monde a un besoin urgent d’entendre : je t’aime, je t’espère. Tu vaux mieux que le visage que tu te donnes. Chacun a besoin de l’entendre pour lui, chacun a besoin de l’entendre pour le monde, pour le chaos qui envahit. Dieu est chez toi. Tu peux le libérer.

J R.

C C 

L’ESPÉRANCE

L’espérance c’est finir par vivre une vie heureuse après une enfance cabossée, brisée, une entrée difficile dans la vie d’adulte.

L’espérance ce sont les épreuves dont vous vous relevez, ces petites morts traversées qui vous ont grandi.

L’espérance c’est la double réalité des choses, jamais toutes noires ni toutes blanches.

L’espérance ce sont deux enfants en bas âge qui vous regardent et jouent lorsque vous perdez tout, votre emploi et tout votre entourage.

L’espérance ce sont deux enfants adultes merveilleux et heureux bien qu’orphelins de père très jeunes.

L’espérance, c’est ce qui vous arrive de bienfaisant et que vous n’avez pas espéré.

L’espérance, c’est de croire en soi.

L’espérance, c’est après une agression, verbale, physique, de trouver en soi au détour d’un chemin dans la nature, d’un dhikr avec vos frères et sœurs, le chemin de l’apaisement intérieur et du pardon, et de constater, même longtemps après alors qu’on ne s’y attendait pas, les bienfaits du pardon et de la paix.

L’espérance, c’est devoir apprendre à mieux se connaître et trouver ses compétences quand la violence professionnelle, la jalousie et l’ambition personnelle vous détruit.

L’espérance c’est pouvoir Marcher, Dialoguer, Comprendre, après des années d’isolement, suivies de plusieurs années pour réapprendre à marcher.

L’espérance, ce sont les témoignages de la présence de vos frères et sœurs de cœur quand votre maman s’en va.

L’espérance, ce sont les artistes qui continuent à se produire en public après l’épreuve du Bataclan.

L’espérance, ce sont ces musiciens Israéliens et Palestiniens qui jouent ensemble dans un orchestre symphonique.

L’espérance, ce sont ces frères de Bosnie qui vivent dans la bienveillance et la Paix après avoir vécu les horreurs de la guerre, la destruction des leurs biens, l’extermination, et reconstruisent inlassablement leurs biens et des relations humaines de fraternité et d’accueil.

L’espérance, c’est la réponse de ces frères quand on leur demande où ils trouvent cette force : « ils peuvent détruire, tout détruire, nos biens, nos familles… ils ne peuvent pas détruire notre spiritualité ».

L’espérance, c’est l’exemple de ces nombreux peuples, personnes, vies… qui se reconstruisent après des cataclysmes.

L’espérance, c’est cette force que Dieu a mise en nous et qui vit même dans les pires situations.

L’espérance, c’est de constater que la biodiversité revient naturellement lorsque des personnes agissent pour préserver ou retrouver les zones humides, les lits de rivières et de fleuves après la bétonisation de l’ère industrielle et les destructions successives au cours des siècles passés.

L’espérance c’est de constater que préserver le cours du fleuve y fait revenir la vie, protège les habitations et la population au moment des crues, et ramène des alluvions.

L’espérance, c’est ce qui reste quand on a tout perdu.

L’espérance, c’est ce qui reste quand on a perdu tout espoir.

C’est cette vie au fond de soi qui est toujours là, et même si l’on ne peut rien faire, savoir qu’il nous reste la patience.

Ce n’est pas la passivité, ni l’espoir de quelque chose dans l’attente.

Ce n’est pas la passivité, ni la soumission.

Dans le Coran il est écrit que le rôle de l’Homme sur terre est d’être « le lieutenant de Dieu sur terre »

L’espérance c’est l’action, toute action ou pensée aussi infime soit-elle, ce que l’on peut encore faire malgré les épreuves, sans attendre quoi que ce soit.

C’est la graine que l’on sème chaque jour sans attendre la récolte qui arrivera forcément un jour, pour soi ou pour autrui.

L’ESPÉRANCE

C’est cette pensée positive que l’on a chaque jour si l’on n’a pas la force ou le moyen de semer.

C’est cette chance de pouvoir accueillir le plus petit bienfait qui nous arrive comme un cadeau divin.

C’est savoir dans les moments les plus sombres qu’il existe au fond de soi cette lumière de vie qui nous a été donnée à la naissance.

Ce sont les épreuves qui vous obligent à aller la trouver.

C’est la communauté des croyants qui vous accompagne sur le chemin, l’existence des gens de biens qui chacun à sa façon verse une goutte d’eau sur le feu comme le fait le colibri.

C’est de savoir que la plus infime parcelle de bien faite ici autour de soi a une répercussion sur le monde, ailleurs. Ceci est une loi universelle, nous vivons et respirons au milieu de particules qui se déplacent et s’entrechoquent.

« Le battement des ailes de papillon au Brésil peut engendrer un ouragan au Texas (…) sans parler de l'influence des innombrables créatures plus puissantes comme les hommes par exemple »2

« Allah est la Lumière des cieux et de la terre. Sa lumière est semblable à une niche où se trouve un flambeau. Ce flambeau est placé dans un cristal, cristal semblable à une étoile brillante ; ce flambeau s’allume avec l’huile d'un arbre béni, d’un olivier qui n’est ni de l’orient ni de l’occident, et dont l'huile brille sans même que le feu ne la touche. C’est lumière sur lumière. Dieu conduit vers sa lumière celui qu’il veut et propose aux hommes des paraboles, car il connaît tout »3

C.

F O 

Mon espérance, c’est quoi ?

Bien entendu, comme tout le monde, je fais la différence entre espoir et espérance, l’espoir très prosaïque et très pragmatique de faire un prochain voyage en Inde parce que l’Inde me subjugue alors que l’espérance ne serait reliée qu’au divin, car elle est « invincible ».

En fait, pourquoi y aurait-il une différence alors que l’Inde est un pays où le divin s’exprime à chaque coin de rue ?

Si « l’espoir fait vivre », l’espérance elle, fait mourir dans le sens où, en Islam, j’espère mourir à moi-même pour renaître dans le divin, pour ne laisser s’exprimer que le divin dont je suis porteuse et qui me sort constamment de l’obscurité vers la lumière. L’espérance tient au fait que ma partie divine souhaiterait prendre toute la place requise pour se montrer, afin que le corps devienne esprit et que l’esprit devienne corps.

Alors, l’espérance serait que tout devienne sacré : moi-même, mais aussi et surtout les autres avec qui je vis, ainsi que la nature et tout le vivant qui deviennent partie intégrante de moi-même.

Alors, je serais dans l’unicité – et dans la certitude – telle que je l’espère depuis que je vis ma spiritualité en respirant, en faisant de mes prières un souffle continu et vivifiant, car je saurai que Dieu ne peut ignorer les atomes qu’Il a créés puisqu’Il est vivant et qu’Il pardonne. L’unicité, car je deviendrai ainsi une grande partie du tout, mais également une partie infime de ce tout, un simple grain d’atome, car disait un saint du début du siècle, je suis en même temps microcosme et macrocosme, mais je ne m’en rends pas compte.

Le monde serait moi et je serai le monde. Je serai même l’univers entier. Je pourrais intervenir sur les choses qui dérapent, car tous entendraient mes suppliques et mes prières, on se comprendrait comme se comprennent l’hippopotame qui accueille l’oiseau qui le débarrasse de ses mycoses. Je prendrai compte du moustique qui m’ennuie et je penserai à la fourmi que j’écrase certainement en marchant.

Je me plierai aux grandes lois de la nature qui me transcendent, car je saurai qu’elles sont la preuve de l’existence d’un seul dieu qui a voulu une création diverse et éveillée et je saurai que c’est Lui qui m’a créée et m’a donné l’ouïe, la vue et les cœurs (Coran 67/23) pour regarder vivre sa création et que je puisse prendre exemple sur les beautés et les murmures de ce vivant qui ne meure pas.

Je saurai que je ne me tromperai pas de chemin car Dieu guide vers la vérité (Coran 10/35) et fait tomber une pluie bienfaisante pour le vivant pour me montrer comment être bienfaisant.

Je saurai qu’Il ne peut laisser le malheur frapper des peuples sans que je ne finisse par comprendre quels sont Ses desseins. Car les desseins de Dieu ne sont pas les miens et que si un peuple disparaît, il devrait renaître forcément d’une manière ou d’une autre, l’important c’est de mourir à soi pour laisser Dieu s’exprimer. Car mon Espérance sera que les desseins de Dieu soient les miens et que le lien qui me rattache à Lui ne sera jamais rompu – malgré tout.

F.

A L 

« L’armée de l’ombre » en 1942, était constituée de résistants qui ont défié le discours officiel.

Les résistants d’aujourd’hui ne sont-ils pas les citoyens qui, face à une actualité mondiale de plus en plus angoissante osent rechercher les visages que peut prendre l’espérance ?

L’habitude est de nommer l’espérance au futur, de fixer mentalement la ligne d’un horizon que l’on souhaiterait plus prometteur, mais n’est-ce pas le secret de l’espérance que de donner au présent les signaux d’une porte entr’ouverte ?

Notre responsabilité devient alors de prendre en compte le regard que nous portons au présent, à l’inattendu de l’instant : ce quotidien fait de nous les témoins des clins d’œil de la vie (gestes, attention, initiatives, écoute…) et surtout les rencontres, même brèves mais chargées de sens.4

Prendre conscience de notre besoin des autres, c’est nous rendre réceptifs à ce qu’ils sèment.

Les paroles ne sont pas toujours nécessaires.

L’espérance a une sœur jumelle : la joie. Les partages de moments heureux transcendent le temps. La beauté de la nature en fait partie.

Mohamed Bâ, un ami guinéen - racontant ses années d’emprisonnement sous le régime de Sékou Touré - avait un visage transformé quand il évoquait « les nuits de pleine lune, elles étaient extraordinaires, je n’aurais jamais pu tenir le coup sans elles ». Des instants de bonheur au sein d’un cauchemar.

J’en conclus : ne ratons jamais les nuits de pleine lune.

A.

N B 

J’ai appelé mon ami jésuite Jean-Bernard pour avoir sa nouvelle adresse électronique. Et je lui ai demandé : comment vas-tu ?

— Tu es au courant ? me dit-il

— Euh non…

— On m’a diagnostiqué un cancer du poumon, et maintenant ça a touché ma hanche. Alors je mets de l’ordre dans mes affaires et trie ce que je vais donner de ce que je vais jeter. Et toi comment vas-tu ?

— Je vais bien, mais je suis totalement découragée. Je vois l’acharnement contre les gazaouis, les massacres des alaouites en Syrie, la succession d’un nouvel autocrate à l’ancien, la montée des extrêmes-droites, le suivisme politique de la Suisse qui vilipende son devoir humanitaire et de médiation. Je suis envahie par la tristesse.

— Nous avons la mission de ne pas nous laisser submergés par la tristesse. La tristesse est contagieuse, elle contamine ton environnement. Notre mission c’est de trouver la joie, de cultiver l’espérance et de les faire rayonner.

— Où l’espérance, où ??

— Mais… ! Mais il y a le monastère de mar Moussa qui reste actif envers et contre tout, il y a notre association des Enfants de Bethléem qui fonctionne malgré tout et recrute et forme de nouveaux éducateurs ! Et… il y a aussi ton coup de fil, qui m’a donné de la joie !

N.

M L 

Mon message c’est un hommage à l’Espérance à qui je dois d’être debout aujourd’hui.

Je remercie la Vie, semée d’immenses douleurs, d’énormes embûches, d’exclusions insupportables qui nous met face à faire des choix essentiels si durs à prendre.

Par trois fois ce sont trois êtres proches et chers.

Mon fils Fabian parti en Irak, rentré vivant et protecteur de sa cause estimable !

Le suicide de mon petit frère chéri, une béance… qui se referme tout doucement ;

Mon ami Lucien paraplégique compagnon de treize années ;

qui m’ont donné la force de résister à la facilité et d’AIMER et de me mettre à l’évidence que PLUS JAMAIS.

L’espérance c’est A4 l’amitié de frères choisie. C’est la grâce de ne plus avoir peur de vivre, de savoir qu’on est dans le juste ! De remercier d’être ENSEMBLE dans un engagement profond de Paix EN immense respect d’AMOUR pour une coexistence d’ETRE SANS JUGEMENT.

Plus jamais je ne veux voir pleurer de mères effondrées de pères de femmes d’enfants désespérées de la perte de l’être cher dû à une guerre. Plus jamais…

Tant que j’en aurai la force le dynamisme de mon engagement sera un grain de sable pour continuer et remercier chaque jour d’être aujourd’hui l’heureuse mère de son fils Aimé et Vivant, heureux avec sa femme et ses enfants,

Alors que tant d’autres…

Pleurent de chagrin de faim d’humiliations dans des conditions effrayantes !!!

Plus jamais…

M.

L M 

Propos sur l’espérance

Compostelle-Cordoue est née d’une double expérience pèlerine et d’une espérance, celle qu’exprime le titre du livre de Gabrielle : Compostelle, de la Reconquête à la Réconciliation (avril 2008)

J’ai partagé cette espérance. Ces Printanières sont l’occasion de la faire revivre avec des amis de l’origine de l’association et des amis inconnus qui la font vivre.

Le verbe espérer sert à exprimer l’espérance. Il est aussi utilisé pour dire un espoir.

Ne manque-t-il pas un mot pour dire l’espérance ?

L’espérance est la mère des espoirs, à plus ou moins court terme. Beaucoup sont voués à être déçus. Mais n’est-il pas vrai que : « Quand il n’y a plus d’espoir, il reste l’espérance ».

L’espérance est du domaine de la croyance, de la philosophie, des religions.

Elle a souvent une dimension eschatologique, relative aux fins dernières, de l’individu et du monde.

Pour moi, l’espérance est eschatologique et chrétienne, liée à la foi catholique reçue de mes aïeux. Ils m’ont fait connaître un personnage céleste dont je n’entends plus le nom : le Bon Dieu. Depuis, l’Église a souligné son caractère miséricordieux.

Pour mon compte personnel, mon espérance finale est la certitude que la miséricorde divine me vaudra la vie éternelle dont je ne sais pas ce qu’elle est mais dont je pense que la vie terrestre peut nous donner exceptionnellement de pâles aspects.

Plus généralement, j’espère que l’Église c’est à dire tous ses membres, Peuple de Dieu, sauront en donner une image suffisamment attrayante et ouverte pour qu’un jour mes arrière-petits-enfants aient envie de lui demander le baptême.

L.

G G 

L’espérance pour moi

En reprenant à la fois des paroles de Saint Augustin (dans « Les confessions ») mais aussi certains extraits du livre de A. Candiard « Veilleur, où en est la nuit ? «, Petit traité de l’espérance à l’usage des contemporains, je vais essayer de dire personnellement ce que veut dire pour moi espérance.

D’abord, je suis désespérée, très désespérée, par tout ce qui se passe aujourd’hui dans le monde : guerre en Ukraine, génocide de Gaza, attentats terroristes, meurtres entre jeunes etc. A tel point que parfois je me discipline pour ne plus écouter les médias, nouvelles et fake news qui me plongent dans un spleen sans fin.

Je constate d’abord qu’il y a un contraste entre toutes ces nouvelles qui nous arrivent et notre vie au quotidien, où beaucoup de petites choses se passent, qui « font du bien ».

J’ai perdu déjà beaucoup d’amis qui sont décédés ; et mon chagrin fait place aujourd’hui à des pensées assez fréquentes que je leur adresse, comme s’ils continuaient à m’accompagner dans ma vie présente.

Ces contrastes, ces paradoxes m’interrogent.

Si j’ai une espérance, ce n’est pas de l’optimisme ; comme « veilleur de nuit », nous devons regarder la vie en face et donc le mal dans le monde ; même si je dois reconnaître que notre vie est encore privilégiée dans un pays comme le nôtre. Nous ne sommes pas encore en guerre, nous mangeons à notre faim, nous avons la possibilité de nous nourrir intellectuellement et spirituellement. Bien sûr, la vie personnelle intime est jalonnée de souffrances, mais aussi de joies, de profondes satisfactions. Alors, est-ce notre réjouissance, nos moments de bonheur qui fondent l’espérance ?

Non, car la notion de bonheur repose beaucoup sur de faux espoirs : espoir d’être reconnue, espoir d’être aimée, d’être sollicitée par les autres etc.

Est-ce alors l’espoir futur d’entrer dans l’éternité, telle que décrite parfois dans les textes de la Bible ? Il me semble très important d’espérer dès à présent, dans notre vie actuelle. Pour Candiard, l’espérance chrétienne, c’est poser des actes d’éternité, c’est-à-dire des actes d’amour : de soi-même : avec les proches (petits-enfants par exemple, avec des personnes plus éloignées ; demandeurs d’asile par exemple) ; des autres (comportements d’aidants vis-à-vis de personnes handicapées ou très âgées). Parfois, je voudrais que Dieu (Jésus-Christ) arrête les guerres, sauvent les gens en souffrance, empêchent les victimes d’être tuées. Mais, non, Dieu n’a pas empêché la destruction de Jérusalem, destruction qui, à mon sens se reproduit aujourd’hui dans la guerre au Proche-Orient (destruction des Palestiniens = destruction d’Israël). De même que Dieu n’a pas empêché la destruction de Jérusalem et les persécutions et souffrances du prophète Jérémie, il n’arrête pas les guerres. Il disait à Jérémie : « Je serai avec toi ».

Selon Saint Augustin, Dieu est en nous et en acceptant de le recevoir par un acte d’intériorité, nous poursuivons nous-mêmes le désir de Dieu, en l‘inscrivant dans notre chair. C’est donc un acte absolu de confiance, acte de foi qui constitue l’espérance. Chemin très difficile relaté par Saint Augustin dans ses « Confessions ». Et cet acte de foi concerne toutes les religions, chrétienne, juive, musulmane. Cet acte de foi concerne aussi bien sûr ceux qui ne croient pas en Dieu mais dans la puissance de la création, dans la beauté du monde (vs : violence et effondrement) et dans l’amour. Et cet acte de foi (cette confiance) constitue une espérance dans « l’ici et là » maintenant de notre monde. Car cette espérance issue du don de Dieu en nous peut nous conduire à ces actes d’éternité, ces actions d’amour, reçues et données qui contribuent à changer même très modestement l’avenir du monde.

G.

B P 

L'espérance ?

La lutte contre la déprime et l'assurance que l'Esprit de Dieu donne vie

La réponse de Pierre à Jésus de Nazareth : « Maître, nous avons travaillé toute la nuit sans rien prendre, mais sur ta parole, je jetterai le filet » ! Luc, 5-5

Planter encore des salades, sans craindre les limaces ?

Continuer l'écriture de la conclusion d'un livre collectif :

Crois-tu cela ? – thème de l'œcuménisme en 2025

Rencontrer un ami au retour d'un RDV « raté »… (par non maîtrise de mon agenda et trop de réunions qui se chevauchent) pour m'entendre dire que la vie vaut la peine d'être vécue, quand on regarde les fleurs…

CAR (si le gel de l'automne ne sera pas trop fort), « les fruits passeront la promesse des fleurs » (« Prière pour le roi allant en Limousin » de François de Malherbe)

Me revient en tête un chant de Guy Béart

S'élève l'espérance

Dans le silence

Soudain de la nuit

Et les matines qui chantent

Déjà enchanteur

Nos soirs d'aujourd'hui

Si les larmes t'ont fait du bien

Ce sourire est déjà le lien

Avec les beaux jours qui viennent

Reviennent … ( ?)

Alors oui, continue

« Ceux qui sèment dans les larmes moissonnent en chantant » Psaume 126-5

B.

B B

Où trouver, aujourd'hui, dans le monde, de réelles raisons d'espérer ?

Quand, ici et là, résonne le fracas des bombes, que coule le sang de tant d'innocents, que la démocratie recule et que des régimes autoritaires s'emparent par la force de territoires et soumettent des peuples, que des prédateurs, soutenus par des banquiers sans scrupules, pillent sans vergogne les ressources de la planète, que l'intégrité physique des femmes et d'enfants est affreusement violée, que l'argent est idolâtré et que la la dignité humaine est si souvent bafouée, où que l'on tourne son regard, nombreuses sont les raisons qui poussent à l'abattement, au découragement, à la résignation.

À ce sombre panorama, s'ajoutent la clameur des pauvres, les rêves brisés des migrants et les larmes des prostituées.

Mais, à y regarder de près, n'est-ce pas là, dans le creux des angles morts de notre société, que réside une véritable source d'espérance ?

En effet, on le sait, ces petits, ces exclus, ces sans-grade, sont les préférés de Dieu. Il entend leurs crises. Il prête attention à leurs prières, il écoute celles et ceux qui espèrent en sa miséricorde, à celles et ceux qui voient en Lui un refuge, une lumière dans la noirceur de leur vie.

N'a-t-il pas dit : « En vérité, je vous le déclare : ce que vous avez fait à l'un de ces plus petits, à moi non plus, vous ne l'avez pas fait » (Mt 25, 40-45). Et le psalmiste d'ajouter :

« Voyez ce pauvre, il a crié, et le Seigneur l'a entendu, et de toutes ses angoisses, Il l'a sauvé » (Ps. 33-7)

Cette attention portée aux pauvres nous interpelle. Elle nous invite à aller vers Dieu, à lui demander humblement, avec notre foi incertaine, de nous aider à construire, ici et maintenant, son Royaume, celui où règnent la justice, la paix et la joie.

Déjà, toutes ces mains qui s'ouvrent, ces visages éclairés par de larges sourires, tous ces multiples petits gestes de fraternité, de solidarité, toutes ces attitudes remplies de bienveillance, sont autant de grains de levain dans la pâte de notre humanité, de petits diamants qui constellent notre voûte céleste.

Pour moi, la véritable raison d'espérer réside dans la certitude que Dieu m'aime infiniment, qu'il veut mon bonheur, qu'il me relève chaque fois que je chute, qu'il est une source d'eau vive inépuisable.

L'Espérance, elle est là… et nulle part ailleurs !

Elle nous est offerte; à nous de savoir l'accueillir.

Quant aux riches, Marie nous dit que son Fils les renvoie les mains vides ; les puissants, Il les renverse de leurs trônes; que les orgueilleux et les marchands de canons, Il les dispersent.

« Les justes appellent et Dieu les entend

Et de toutes leurs peines, Il les délivre.

Il est proche du Seigneur des cœurs brisés

Et les âmes abattues, Il les sauve ». Ps 33 18-19

Ma prière (tirée d'un psaume, mais je ne sais plus lequel1 ):

« Fais briller ta lumière, Seigneur

Qu'elle me guide pour m'acheminer

À ta montagne et à tes demeures ».

B. 

 

S V 

« Notre espérance, c’est quoi ? »

L’espérance pour moi c’est une attente de plénitude. Elle a donc déjà une base en moi, qui vient de ma foi chrétienne et se développe avec la vie. Elle m’a été donnée et j’adhère à son développement en essayant des créer des liens qui peuvent nous aider, les uns les autres, à avancer dans la vie.

Décrire le contenu de l’espérance me paraît déjà difficile mais quand il s’agit de plénitude comment est-ce possible quand on est encore sur le chemin et que tout n’est pas encore accompli ? La plénitude est « au-delà de toute espérance » comme le chante le Gospel.

L’espérance a un goût d’éternité que l’on peut déjà ressentir dans le présent. Apprendre à aimer est à la portée de tous. La fraternité universelle peut paraître hors de portée mais ceux qui la recherchent sont déjà porteurs d’une même espérance. Nos « espoirs » peuvent être déçus, notre espérance peut survivre. Les obstacles sur le chemin de l’espérance sont multiples, nos limites individuelles et collectives bien réelles, mais la visée, en refusant de mettre des limites à l’espérance elle-même, est de rejoindre la communion universelle dont ma foi me dit qu’elle se fera en Dieu.

S.

P V 

Pour moi l’espérance est une force à l’œuvre en chacun(e) de nous dans le temps présent, ce temps faisant intégralement partie de l’éternité d’où nous venons, où nous sommes déjà et vers où nous allons.

Tout en étant nourri d’un passé qui nous est propre et déjà impacté par nos perspectives d’avenir, le présent est le lieu d’ancrage permanent de notre vie. Chaque jour qui passe est unique, conditionné par tout ce qui le précédait et base de ce qui sera vécu demain, à l’instar d’un livre de bord où figure notre passé, infléchissant déjà un avenir restant à écrire.

Loin du laisser-faire, ce continuum est traversé par l’impulsion vitale que nous y apportons, conditionnée en termes de forces, de faiblesse et d’orientation par les événements du moment et nos convictions personnelles. C’est alors que croire à quelque chose ou en quelqu’un, ce n’est ni l’affirmer ni l’attendre passivement mais tenter de le faire advenir au-delà des mots. Tel l’alpiniste qui, avançant pas-à-pas sur le chemin qu’il a choisi de suivre avec constance et détermination, parvient finalement au sommet apparemment inaccessible, après en avoir contourné ou vaincu toutes les difficultés.

A l’instar de l’amour qui, de sentiment passager, devient petit-à-petit une construction solide qui laisse sa trace, l’espérance peut être l’expression de la certitude de pouvoir infléchir le présent pour façonner humblement un avenir désiré pour nous-mêmes comme pour tous, même inconsciemment. Ainsi en est-il de la chenille qui travaille consciencieusement à devenir papillon sans nécessairement y penser ....

Même au cœur du doute, la petite fille espérance, comme la nomme Charles Péguy, la vertu de l’espérance est aussi une manifestation de confiance dans un avenir, aussi sombre soit-il, sur lequel nous avons une petite capacité de réalisation … C’est là que la croyance en Dieu peut trouver sa raison d’être et donner à nos vies un sens que nous n’imaginions pas au départ.

P.

M L 

Mon espérance, c’est quoi ? L’espérance grâce à la promesse ?

Mon espérance, cela peut être pour « ma pomme ». Pour ma famille, mes amis. Ou bien de manière beaucoup plus large, pour le monde, pour l’Europe, pour mon pays ou pour ma ville.

Une espérance pour la création aussi. L’espérance qu’elle ne crève pas et même se régénère. « La forêt se meurt » a-t-on appris dans le Livradois-Forez.

Pour le monde, espérer surmonter ces conflits stupides et arriver à la paix ?

Sont-ils si stupides ? En tout cas, il y a beaucoup d’ego de dirigeants derrière cela, leur stratégie pour se maintenir au pouvoir. Pour éviter qu’ils ne s’accrochent au pouvoir dans tant de pays, il faut leur donner une porte de sortie honorable. Cela commence par des aspects simples et très concrets : un logement, une rémunération et puis une « mission ».

Et bien sûr des batailles de territoire. Est-ce si difficile que cela de partager ?

L’espérance d’un monde dans lequel on sait développer l’intelligence collective, l’apprentissage, la compréhension. Un monde dans lequel on a appris à communiquer, entrer en relation, coopérer, vivre ensemble.

Et puis, il y a la promesse chrétienne que nous a faite Jésus.

Quand on est chrétien, on croit théoriquement au « royaume / règne de Dieu », à la vie éternelle, à la résurrection, etc.

Qu’est-ce que cela veut dire exactement ? Pas facile.

En tout, cela nous appelle à construire une belle vie sur terre, avec soi-même et les autres, accompagnés par Dieu inch’Allah !

M.

B C 

Pour moi l’espérance :

Croire qu’un jour les armes se tairont, à Gaza, en Cisjordanie, en Ukraine, au Soudan, au Yémen, au Kivu et dans tant d’autres points du globe.

Croire que les graines de paix, de justice, de bonté, semées inlassablement finissent par donner de beaux fruits.

C’est croire que la prophétie d’Isaïe se réalisera « De leurs épées, ils forgeront des socs de charrue, de leurs lances des serpes ; une nation ne lèvera plus l’épée contre une autre et on n’apprendra plus la guerre »

C’est espérer contre toute espérance dans les moments les plus opaques de la vie.

C’est une force qui m’a permis de ne pas sombrer dans la désespérance pendant plusieurs années alors que je vivais une situation très douloureuse.

L’espérance, c’est aussi le courage, la lucidité bienveillante, la confiance en la vie et la volonté de faire du sens à partir de ce que l’on a à vivre.

C’est croire que malgré, la fatalité du mal, de la violence, un avenir plus paisible est possible, c’est cette confiance que malgré tout, la vie a du sens, que je suis accompagnée « Je serai avec toi »  et que ceux qui m’ont précédée dans la Paix, m’accompagnent également.

« L’espérance voit ce qui n’est pas encore et qui sera. » (Ch. Péguy.)

B.

V F 

L’Espérance

La première idée qui me vient à l’annonce du mot Espérance est une image : celle de la lumière au beau milieu de la nuit et de la bougie qui éclaire une chambre sombre. C’est la nuit qu’il est bon de croire à la lumière et au jour qui vient. Toutes les fêtes juives commencent la veille au soir et avant la Pâque et la Résurrection que nous fêterons bientôt il y a le soir de la passion. Il en est ainsi des grands commencements : « Il y eut un soir, il y eut un matin : premier jour » nous dit la Genèse. Mais en quoi ou en qui j’espère ? Et qu’est-ce que j’espère ? Quelle est cette lumière qui dans les moments les plus sombres me permet de continuer d’espérer que le jour viendra et même qu’il est déjà là. Lumière de ce qui est éternel en moi et en chacun, lumière que la mort ne saurait éteindre car elle est puissance d ‘Amour invincible.

Si je convoque mon expérience personnelle je peux dire qu’il y a du déjà là et du pas encore là dans l’Espérance. Du déjà là : Chaque fois que je fais l’expérience de l’amitié, de l’ouverture à l’autre dans les rencontres, du partage autour de la table, Chaque fois que je rencontre des jeunes capables de générosité, de se donner dans des actions de solidarité, Chaque fois que je croise le regard de ce SDF toujours assis devant l’entrée d’une banque et qui m’a souri lorsque je lui ai demandé son nom, Chaque fois que le printemps refleurit et que rien n’arrête malgré les stigmates de l’irrespect de l’homme envers le vivant. Chaque fois que le rire des enfants me rappelle l’innocence et la simplicité de la vie, Tout cela me dit que le monde n’est pas seulement celui de la violence, du refus de l’autre, du matérialisme effréné ; il porte déjà en lui de la beauté et des germes d’éternité. Quant au pas encore là de l’Espérance c’est la foi en « La nouvelle terre et en les nouveaux cieux » que nous assurent les prophètes. Ère messianique qu’attendent nos trois monothéismes où le loup paîtra avec l’agneau au sein d’une paix durable. Enfin c’est la croyance que nous devons notre vie d’un Dieu Amour et que le pâle reflet de ce que nous aurons vécu sur terre se poursuivra sans fin par-delà la mort. Je laisse pour finir la place à Charles Péguy qui a si bien chanté la petite fille Espérance, au milieu de ses deux sœurs, la Foi et la Charité : « l’Espérance voit ce qui n’est pas encore et qui sera. Elle aime ce qui n’est pas encore et qui sera. Dans le futur du temps et de l’éternité. … Et au milieu de ses deux grandes sœurs elle a l’air de se laisser traîner, Comme une enfant qui n’aurait pas la force de marcher. … Et en réalité c’est elle qui fait marcher les deux autres, Et qui les traîne, Et qui fait marcher tout le monde ». » (Charles Péguy : « Le porche du mystère de la deuxième vertu », ed. Gallimard, p.26)

V.

B D

L’espérance,

C’est disposer d’une perspective devant soi, le contraire donc de l’horizon bouché ;

C’est penser qu’il y a une issue quelque part qu’on ne voit pas encore alors même que tout apparaît totalement fermé ;

C’est encore garder confiance en la vie, accepter de suivre ses méandres et détours et croire qu’ils mènent quelque part où l’on pourra reprendre des forces, et même y être heureux, avant - si le besoin ou l’impératif s’y fait alors ressentir - de repartir pour une nouvelle étape.

B.

 

L H 

Quand le ciel s’obscurcit, quand l’étau se resserre, dans une intégrale confiance, sans le moindre doute, sans hésitation aucune, rester habitée … « Que Ta volonté soit faite ».

Qu’enfin, ne subsiste nul combat : ce que je voudrais et ce que je perçois au fond de moi que Lui me dit de faire…

Qu’enfin, ne subsiste nulle colère, nul doute… Intime conviction, j’adhère dans la joie, sans contrainte…

« Ô toi, âme apaisée,

Retourne vers ton Seigneur, satisfaite et agréée,

Entre donc parmi Mes serviteurs,

Et entre dans mon Jardin » 5

……

Sur ce chemin escarpé marcher joyeusement, inlassablement…Voilà mon espérance.

L.

D B 

Espérance, j’écris ton nom…

Participer à l’harmonie du monde. Voilà, quand j’étais petite ce à quoi j’aspirais. Faire que ma vie soutienne de la confiance, de la paix, de la vérité.

« Là où se trouve la discorde, que nous bâtissions la paix…. »

J’avais une profonde conviction que j’appartenais à une marche, une dynamique bien plus grande que moi, simplement parce que les textes bibliques me parlaient de cela…

Mais aujourd’hui…

Mes étudiants n’imaginent pas une seconde que demain sera mieux qu’aujourd’hui. Et tout semble confirmer l’aggravation de notre capacité de respect de l’autre…Le sentiment d’impuissance se généralise.

Avec le temps, l’expérience, la lucidité… il y a matière à désespérance.

Mais Quoi !

Nous baisserions les bras face à l’injustice, l’indifférence ? Quoi, nous nous laisserions gagner par le mépris ?

J’abrite au fond de moi un désir de vérité pour tenter de nommer ce qui sape nos liens, ce qui manque à l’amour. Alors, les diagnostics que nous pouvons poser nous obligent, nous challengent…

Expérience

Le Père du fils prodigue me bouleverse. Regardons et habitons l’instant infini que peint Rembrandt où l’enfant revient dans les entrailles d’un père aux mains homme et femme, d’un père qui ne demande aucun compte, d’un père qui met l’amour comme enveloppe de nos vies.

Alors je comprends que mon espérance tient dans l’expérience. Une lecture, une rencontre, un surgissement quand quelque chose nous submerge, nous révèle de l’inconnu en nous, nous ouvre, nous transforme … Je croix que tous ceux qui vivent des moments de reconnaissance, de partage au plus profond de la vie, découvrent la croissance de leur « être au monde », de leur communion. Une expérience de joie intense et contagieuse…

Cette découverte est tellement essentielle, que nous avons envie de la transmettre, de connecter chacun à cette immensité d’amour.

Représentation

Ainsi découvrir l’infini nous met en route, nous met en action. Nous sommes ainsi comme des marcheurs qui avons vu un peu de l’au-delà de l’horizon.

Nous sommes habités par une présence-espérance.

Rien de ce que j’ai pu développer dans mon métier n’aurait pu surgir sans l’espérance.

— Faire un livre sur Les lanceurs d’alerte, ce n’est pas pour faire une litanie des plaintes… mais bien plutôt pour donner confiance, pour ouvrir des brèches qui vont permettre d’espérer.

— Développer des débats, ce n’est pas pour collecter les doléances… mais bien pour trouver entre accords et désaccords des points de construction d’un onde commun

— Enseigner la Culture du vivant, ce n’est pas pour parler de la 6e extinction… c’est donner à voir que les choses peuvent changer pourvu qu’on y mette de son énergie, de sa créativité…

Appartenance et réconciliation

Nous pouvons participer à apaiser le monde, à y semer des graines de vérité, si nous parvenons à VOIR un autre monde, à conceVOIR l’avenir où l’on peut projeter des guérisons, des réparations, des apaisements… Martin Luther King, Gandhi et Nelson Mandela, malgré tout le mal qu’ils ont vu ou vécu dans leur vie, ont continué à espérer : ils étaient des hommes avec une vision et l’espoir d’un avenir meilleur.

En résumé, l’espérance n’est pas d’attendre avec confiance que les choses s’améliorent.

Elle génère l’engagement pour améliorer à la fois la condition personnelle et mais aussi la condition collective.

Comme le souligne Martha Nussbaum , elle se nourrit de 5 ingrédients : les arts, la pensée critique, les mouvements de protestation, la vision de la justice, la vie spirituelle.

Dans le moment que nous vivons où s’exhibe le délitement de nos valeurs, de nos attachements… nous mesurons ce à quoi nous tenons collectivement. C’est sans doute l’occasion rêvée de réinvestir notre espérance, de redire ce à quoi nous aspirons, notre espérance commune.

« Ayez la joie de l’espérance, tenez bon dans l’épreuve, soyez assidus à la prière » (Paul aux Rm 12, 12).

« Espère le Seigneur, sois fort et prends courage ; espère le Seigneur » (Ps 27, 14).

« Quel que soit le genre de vie, on ne peut vivre pas sans ces trois inclinations de l’âme : croire, espérer, aimer ». Saint Augustin.

D.

H H

A propos d’espérance…

Devant le spectacle d’un monde déchiré et que croît la (dés)espérance à la vue :

— De la guerre de tous contre tous, déclenchée par le nouveau Néron (ou Ubu au choix)

— Du non-respect de la parole donnée et la rupture de trêves à grand peine signées que déjà rompues, l’encre à peine séchée,

— Du mensonge promu en tant que « vérité alternative » avec cynisme,

— De la promotion du droit du plus fort

— Des descendants des victimes de la Shoah se transformant en bourreaux inhumains dans l’indifférence totale des puissances mondiales,

— D’une planète qui brûle et que l’on continue à détruire avec avidité au détriment du vivant, humains compris et en regardant ailleurs (vers Mars…)

— De la progression de la famine et dans le même temps de l’obésité au même endroit ou ailleurs sur la planète

— Des cimetières marins de Méditerranée et de la Manche, après ceux de la mer de Chine

— De la montée des intolérances et de l’exclusion,

Et j’en oublie, tant il existe de raisons d’être affligé…

Mon espérance est :

— Dans la Guidance et la Protection du Seigneur et en ma foi (Sur Lui je me repose, Il ne nous a pas créés en vain),

— Dans Sa justice et dans l’attente du jour où seront récompensés les uns et les autres à la juste mesure de leurs actions, en particulier les salauds passés, présents et à venir,

— d’avoir peut-être la réponse aux questions existentielles (pourquoi le mal ?...),

— de faire advenir par nos prières conjointes la paix du Seigneur,

— de joindre nos mains pour essayer de réparer ce monde meurtri,

Inch’Allah !

H.

S G 

Bien sûr l’espérance est souvent associée à la foi, et plus spécifiquement que l’espoir, à une approche eschatologique au sein d'une religion ou d'une spiritualité.

Mais dans un monde de plus en plus angoissant où le demain terrestre devient tout aussi incertain que le demain céleste, l’espérance ne peut selon moi rester cantonnée à la seule envie égoïste de prendre place auprès du Créateur, fût-ce dans la félicité la plus absolue.

Car existe aussi l'espoir de prendre place dans le monde terrestre. Et ce droit de prendre place est nommé depuis le XVIe siècle « la préséance ».

Il est donc original de constater, dans ce monde tourneboulé aux repères chamboulés, que les lettres composant l’espérance, quand elles sont dérangées, tourneboulées, forment en anagramme le mot préséance.

L’espérance ne serait-elle pas, in fine, l’action de bousculer et changer le monde pour que chaque être humain y trouve sa place, sa juste place, dans une préséance égalitaire, fraternelle et universelle ?

J’aime, dans ma naïve utopie, à le croire et l’espérer.

Tout comme j’aime croire que si nous devenons acteurs de la réalisation sur terre de cette égalitaire préséance, alors Dieu, à l’heure de notre mort, nous couvrira peut-être du manteau de Sa miséricorde et dans Sa lumineuse proximité nous offrira comme ultime bénédiction la découverte de Sa face.

S. 

Télécharger le livret des paroles d'espérance (PDF)


  1. 43-3 NDLR
  2. Lorenz 1973, mathématicien
  3. Coran, sourate 24, verset 35 (dit verset de la Lumière)
  4. Magda Lafon (rescapée d’Auschwitz-Birkenau) a voulu témoigner d’un avenir plein d’espérance auprès de centaines de lycéens qu’elle a tenu à rencontrer : « Faites-vous confiance, c’est maintenant que vous préparez votre avenir, il est dans vos mains et vous en êtes responsables ». Présent et futur se croisent.
  5. Sourate « L’aube », v27-30