L'association
Mieux comprendre l 'association, son histoire, la Charte définissant l'esprit qui lie ses membres et inspire son action, ses statuts et son organisation.
Statuts de l’association Compostelle-Cordoue
Article 1 : L’association Compostelle-Cordoue est une association laïque, sans but lucratif, régie par la loi du 1er juillet 1901
Article 2 : L’association a son siège au domicile de son président qui en a donné l’accord ou dont le bailleur a donné son accord ; il pourra être transféré par simple décision du conseil d’administration
Article 3 : L’association œuvre à la réalisation d’actions de nature à favoriser le dialogue interculturel et interconvictionnel
Article 4 : Les ressources de l’association proviennent :
- des cotisations versées par ses membres
- du produit de ses activités
- de subventions publiques et privées
- du parrainage
- de dons et legs
Les fonds sont utilisés conformément à l’objet social
Article 5 : peut être membre de l’association toute personne physique ou morale qui s’engage à soutenir ses buts et à verser une cotisation annuelle dont le montant est fixé par l’assemblée générale
La qualité de membre se perd
- par décès
- par démission écrite adressée au conseil d’administration
- par exclusion prononcée par le CA , pour motif grave, avec un droit de recours devant l’AG
- par défaut de paiement de la cotisation pendant plus d’une année
Article 6 : les organes de l’association sont l’assemblée générale et le conseil d’administration
Article 7 : L’assemblée générale est le pouvoir suprême de l’association ; elle est composée de tous les membres
Elle se réunit au moins une fois par an sur convocation du CA adressée 15 jours à l’avance ; sauf exception, la convocation se fait par courrier électronique ; si les circonstances l’imposent, l’AG peut se tenir en distanciel ou en système hybride (présentiel et distanciel)
L’AG est valablement constituée si un tiers de ses membres sont présents ou représentés
Article 8 : l’assemblée générale
- nomme les membres du conseil d’administration et désigne au moins un président, un ou plusieurs vice-présidents, un secrétaire général et un trésorier ; l’association est valablement engagée par la signature de son président ou, sur sa délégation, du trésorier ou du secrétaire général
- prend connaissance des rapports et comptes de l’exercice et se prononce sur eux
- décide de toute modification des statuts
- fixe les cotisations annuelles
- décide de la dissolution de l’association
Article 9 : les décisions de l’AG sont prises à la majorité simple des voix des membres présents et représentés ; en cas d’égalité des voix, celle du président compte double.
Les décisions relatives à la modification des statuts et à la dissolution de l’association sont prises à la majorité des 2/3 des membres présents et représentés
Article 10 : le conseil d’administration se compose d’au moins cinq et d’au plus neuf membres, élus par l’AG. Ses membres sont élus pour deux ans et rééligibles
Article 11 : le CA se prononce sur l’admission et l’exclusion des membres de l’association ; il est autorisé à faire tous les actes qui se rapportent au but de l’association ; il a les pouvoirs les plus étendus pour la gestion des affaires courantes
Article 12 : l’exercice social coïncide avec l’année civile
Article 13 : En cas de dissolution de l’association, le solde de l’actif sera entièrement versé à une institution poursuivant un but d’intérêt public analogue à celui de l’association
Orsay, le 27 mars 2022
Le président : Michel Rouffet
le secrétaire général : Jean-René Brunetière
le trésorier : Roger Berlan
liste en cours de mise à jour
Cheikh Khaled Bentounes, maître spirituel de la Tarîqa Alawiya
Monsieur Dalil Boubakeur, recteur de l'Institut Musulman de la Mosquée de Paris
Père Paolo Dall'Oglio, jésuite, fondateur du monastère Deir Mar Musa (Syrie)
Père Christian Delorme, prêtre des paroisses d'Oullins et de Pierre-Bénite - Lyon (France)
Monsieur Jean-François Duchosal, pélerin de Jérusalem
Dom Vladimir Gaudrat, abbé de Lérins (France)
M. le Grand Rabbin Marc-Raphaël Guedj, Fondation Racines et Sources, Genève
Monsieur Ramin Jahanbegloo, philosophe
Monsieur Jean-Yves Leloup, écrivain et prêtre orthodoxe
Monsieur Frédéric Lenoir, philosophe, sociologue et historien des religions
Monsieur Federico Mayor Zaragoza, ancien directeur général de l’UNESCO
Monsieur Alain Michel, directeur général de la Fondation Hommes de Parole - Val de Consolation.
Monsieur Jacques Moreillon, ancien secrétaire général de l'Organisation mondiale du mouvement scout
Monsieur Jean-Marie Muller, philosophe
Monsieur Michel Rocard, ancien premier ministre (France)
Mgr Joseph Roduit, abbé de St Maurice (Suisse)
Père Christian Rutishauser, provincial des Jésuites (Suisse)
Monsieur Cornelio Sommaruga, ancien président du Comité International de la Croix Rouge
Monsieur Joseph Yacoub professeur honoraire à l'Université catholique de Lyon
Monsieur l'Ambassadeur, Urs Ziswiler, représentant permanent de la Suisse en Espagne
comprend actuellement (mai 2020) 3 groupes régionaux (Suisse, Ile de France, et Occitanie) qui mènent des activités en concertation coordonnées par le comité, bureau de l’association.
Comme Compostelle-Cordoue s’est faite belle pour fêter son dixième anniversaire ! Solide sur ses jambes, bronzée et resplendissante de sourires, ceux plissant les yeux attendris des habitués plus très jeunes de Compostelle-Cordoue et ceux éclatants de jeunesse des scouts chrétiens et musulmans qui ont marché avec eux, elle regarde avec confiance la route qui s’ouvre à elle.
Dans la belle abbaye d’En Calcat, où nous nous sentons si proches les uns des autres en cet après-midi torride de la fin juillet, mon cœur est plein d’alléluias. Ce qui me réjouit autant, c’est que mon rêve est en train de se transformer en réalité.
Pour vous faire comprendre cette alchimie, je voudrais vous présenter un album de photos. Des photos que je ne vais pas vous montrer mais vous raconter.
1. Le premier cliché n’est pas très net. Il date du début de la photo couleur. On y voit sur fond de ciel bleu, de glaciers étincelants et de prés très verts, une foule de très jeunes filles et de jeunes femmes. Toutes portent des chemisiers bleus, verts, rouges ou beiges et des foulards soigneusement enroulés autour du cou. Toutes font le même geste : les trois doigts de leur main droite sont levés, leur pouce appuie sur le petit doigt. Seuls les visages sont différents : peau claire ou peau sombre, cheveux raides ou cheveux crépus, yeux en amande ou yeux ronds. En zoomant sur le premier rang, on distingue une adolescente aux cheveux noirs et aux tâches de rousseur, petite et fluette, qui rayonne de toute sa figure. Au milieu des quelques centaines d’éclaireuses réunies grâce à ce camp international qui se déroule dans son pays, elle est en train de découvrir le bonheur de vivre ensemble et de s’enrichir des différences. Ses camarades l’appellent Moineau mais ses parents l’ont prénommée Gabrielle.
2. La deuxième photo a été prise bien des années plus tard par cette même personne, qui a pris passablement de cheveux gris. On y voit un groupe de jeunes cyclistes arrivant, crottés et lourdement chargés, sur la place de l’Obradoiro devant la cathédrale de Saint-Jacques-de Compostelle. Certains laissent tomber leur vélo sur les pavés mouillés. D’autres se sont mis à genoux. D’autres chantent et dansent. Il y a dans leurs yeux de la fierté, de la fatigue et une lumière qui étincelle. Je me souviens encore de la petite voix que j’ai entendue au moment où je les prenais en photo : toi aussi un jour tu connaîtras la même joie. En arrivant à pied à Compostelle.
3. De toutes les images que je pourrais vous montrer pour illustrer ma pérégrination du Puy-en-Velay à Compostelle, je n’en retiendrai qu’une. C’est une page de cahier d’écolier épinglée à la porte d’une chapelle perdue dans un champ de maïs, quelque part dans le Gers. On y lit une simple phrase écrite d’une main anonyme. Elle résume à merveille le lent processus de réconciliation que ce cheminement solitaire a opéré en moi :
Pèlerin, il va sans armes et sans armure
A la rencontre de lui-même
A la rencontre de l’autre
A la rencontre du Tout Autre.
4. Et voici maintenant un personnage que je ne m’attendais pas à trouver en arrivant à Compostelle. C’est dans une chapelle latérale que je l’ai vu lorsque, la foule des pèlerins s’étant dissipée, je visitais méthodiquement la basilique. Elle représente un fier cavalier brandissant une épée avec laquelle il pourfend de pauvres bougres au tient basané. La tête de l’un d’entre eux a déjà roulé sous les pieds du cheval. Sous la statue on peut lire : Santiago Matamoros. De matar, tuer et moros, les Maures. Mon sang n’a fait qu’un tour. Saint Jacques, le disciple de Jésus, dans le rôle d’un massacreur de musulmans !
5. La cinquième photo a été prise chez nous par mon mari : on m’y voit moi avec deux personnes dont les recherches historiques m’ont grandement aidée à écrire un livre, lequel s’est trouvé être à l’origine de notre association. Ce livre, Compostelle, de la Reconquista à la réconciliation, c’est l’indignation qui m’a poussée à l’écrire. Après avoir vu la statue du Matamore, je ne pouvais pas laisser plus longtemps les pèlerins de Compostelle ignorer que l’apôtre Jacques dont ils sont censé honorer la mémoire a en fait été instrumentalisé durant plusieurs siècles en Espagne. Que ce n’est pas seulement dans un esprit de paix et d’amour que les chemins menant à Compostelle ont été parcourus depuis le moyen âge. Mais que c’est aussi pour reconquérir – ou pour conquérir – la Péninsule ibérique alors sous domination arabo-musulmane que les souverains chrétiens du nord de l’Espagne et leurs alliés, venus de France et d’autres pays de ce qui est aujourd’hui l’Europe, les ont empruntés.
Les deux personnes qui m’ont aidée dans cette entreprise s’appellent Louis Mollaret1, président de la Fondation David Parou-Saint-Jacques, et Denise Péricard-Méa, historienne. Après la parution de mon livre, Louis m’a encouragée à m’engager activement pour concrétiser le souhait formulé dans mon livre : que le pèlerinage de Compostelle devienne un vecteur de réconciliation entre chrétiens et musulmans. D’accord, lui ai-je dit, mais pas sans vous.
6. En quelques mois, le groupe de personnes intéressées par mon idée s’élargit. Une rencontre est organisée en décembre 2008 à Genève. Sur cette photo on reconnaît de gauche à droite : Louis Mollaret, André Weill (un ami grenoblois de Louis qui a marché d’Auschwitz à Jérusalem), Abbas Aroua (directeur de la Fondation Cordoue Genève – que j’ai connu grâce à un fonctionnaire fédéral, neveu par alliance de ma sœur, dont je reparlerai plus loin –, Abbas qui a mis à notre disposition les locaux de son organisation), GN (votre servante, désignée dorénavant par ses initiales), Bertrand Loze (un scout catholique toulousain habitant Genève et intéressé par le rôle des religions dans la promotion de la paix) et Bernard de Senarclens, (président de l’Association suisse des amis du chemin de Saint-Jacques). En plus de ces 6 pionniers il y a ce jour-là deux ou trois autres personnes qui ont quitté le bateau en cours de route.
7. Ce cliché a été pris pour immortaliser la journée du 18 avril 2009. C’est la date de la création à Genève de l’Association Compostelle-Cordoue (CC), laquelle a pour objectif « d’œuvrer à la promotion d’actions de nature à favoriser le dialogue interculturel, notamment islamo-chrétien ». Cette assemblée constitutive a lieu au lendemain d’une journée de réflexion sur le thème : « Le pèlerinage, un chemin vers la réconciliation ». Elle a pu avoir lieu grâce notamment à deux personnes qui ne figurent pas sur la photo mais que je veux évoquer ici : Jacques Moreillon, un ami à moi, ancien Secrétaire général de l’Organisation mondiale du mouvement scout et par ailleurs membre du Conseil de la Fondation Ousseimi, laquelle a rendu financièrement possible notre journée de réflexion sur les pèlerinages; et Jean-Nicolas Bitter, dont je viens de vous parler et qui occupe un poste de cadre au Département fédéral des affaires étrangères. C’est grâce à lui que CC a pu bénéficier ultérieurement du soutien du gouvernement suisse. La photo en question montre le premier comité de la nouvelle association : les deux co-présidents Abbas Aroua (qui est à l’origine du nom de CC) et GN, le secrétaire Gabriel Baechler (travailleur social valaisan, pèlerin de la Mecque et membre de l’Association internationale soufie Alawiyya - AISA), le trésorier Bertrand Loze, André Weill, ainsi que Tanya Ortega et Mahdi Jahandar. Ces deux personnes, des amis de Bertrand Loze, l’une agnostique, l’autre shiite, quitteront le comité au bout de peu de temps.
8. La photo que vous voyez maintenant a été prise en novembre 2010. En arrière-plan, le fleuve Guadalquivir et la Mezquita, la mosquée-cathédrale de Cordoue. Au premier plan un important groupe de marcheurs avec leur bâton et leur sac à dos. Ils rejoignent à pied la cité andalouse qui va être le cadre du grand projet auquel le comité de CC travaille depuis une année et demie : un colloque qui réunira des experts Juifs, chrétiens et musulmans, venus de différents horizons géographiques. Durant trois jours, ils évoqueront à travers le personnage du Matamore et le mythe d’Al Andalus les relations complexes existant entre ces traditions. Le colloque a été mis sur pied en partenariat avec la Fondation Paradigma Cordoba, dont Jacques Moreillon – toujours lui – est membre du conseil de patronage. C’est une généreuse contribution de la Confédération et différents parrainages qui ont permis la mise sur pied du projet, cautionné moralement par un comité de soutien dont font partie des personnalités telles que Michel Roccard, Stéphane Hessel et Frédéric Lenoir. A la tête du groupe de marcheurs qu’on voit sur la photo, il y a André Weill et Jean-François Duchosal qui ont marché depuis Saint-Jacques-de-Compostelle. Parmi ceux qui les suivent et qui se sont contentés de partir de Mérida, à quelque 220 km de là, on reconnaît Louis Mollaret et aussi Alain Simonin, Michel et Christiane Rouffet, Dominique Chappot, Matthieu de Lamarzelle.
9. L’image suivante, je ne peux la regarder sans que mes yeux s’embuent. On y voit, à la tribune du Palais des Congrès de Cordoue, un homme d’une soixantaine d’années de grande taille et d’une stature imposante. Il s’adresse au public du colloque organisé par CC, en particulier aux scouts musulmans, chrétiens et juifs qui se sont joints à nous pour la dernière journée de marche. Il leur dit son souhait que saint Jacques ne soit dorénavant plus appelé Matamoros mais Amamoros. Et son rêve de voir des jeunes de toutes les traditions marcher ensemble vers le même horizon. Cet homme, un jésuite qui a fondé le monastère de Mar Moussa en Syrie, s’appelle – s’appelait ? Dieu seul le sait – Paolo D’all Oglio.
10. Sur cette photo il y a beaucoup de monde, cinq ou six groupes d’une douzaine de personnes assises autour de tables rondes. Elles sont en train de déjeuner dans le restaurant de l’hôtel Conquistador à Cordoue, à deux pas de la Mezquita. En zoomant sur un de ces groupes, on voit un monsieur d’un âge certain en costume cravate entouré de deux scouts qui semblent n’avoir qu’une vingtaine d’années. La jeune fille porte la chemise verte des scouts musulmans, le garçon la beige des scouts juifs. A la droite de la jeune scoute il y a le cheikh Khaled Bentounes, leader spirituel de AISA, à qui l’on doit une des interventions de la matinée. A la gauche de celui-ci, on reconnaît Michel Rouffet quia accepté la tâche difficile de coordonner le déroulement de ce repas qui vient clôturer le colloque. Un repas à moitié improvisé, car les responsables de CC ne pensaient y inviter, pour des raisons financières, que ceux et celles qui s’étaient investis comme orateurs. Le hic, c’est que les jeunes présents dans la salle, de même que la plupart des marcheurs de Compostelle ou Mérida à Cordoue, n’entendaient pas les choses de cette oreille. Déjà qu’on ne leur avait quasiment pas laissé la possibilité de s’exprimer durant la partie officielle, on n’allait pas maintenant les exclure du seul moment convivial du colloque.
Ils ont donc fait du forcing à la porte du restaurant. Et la co-présidente ainsi que le trésorier de CC, se souvenant opportunément d’une histoire de multiplication des pains, n’ont pu que s’incliner. A la condition toutefois que l’on ne se contente pas de manger mais aussi que l’on réfléchisse à la suite éventuelle à donner à l’aventure vécue ensemble.
Le temps du repas a été fécond. Intellos experts et marcheurs pragmatiques, jeunes et vieux, juifs, musulmans, chrétiens ou agnostiques, ils ont découvert que tous partageaient un idéal commun, contribuer à la rencontre des hommes et des femmes de toutes les traditions culturelles. Et qu’il n’était pas question de s’arrêter en si bon chemin.
11. Juillet 2012, Moulay Abdessalam. Cette photo illustre la première concrétisation du souhait formulé à Cordoue. C’est une longue file de marcheurs tout de blanc vêtus. Parmi eux, plusieurs membres de CC. Partis à pied de Ronda, à proximité de Cordoue, ces derniers ont franchi le détroit de Gibraltar – comme les migrants, dont ils se sentent solidaires, mais en sens inverse – pour rejoindre Tanger où ils ont rencontré notamment Sofia Bentounes. La fille du cheikh a remis à chacun un t-shirt blanc portant l’inscription en vert : Marcheur de la paix. Avec les très nombreux pèlerins musulmans venus du Maroc, de Turquie, de France, de Suisse et d’ailleurs, ils gravissent la colline aride au sommet de laquelle se trouve le sanctuaire soufi de Moulay Abdessalam. Tout au long du parcours ils sont encouragés par des scouts qui leur distribuent de l’eau. Ils se mêleront ensuite à la foule qui se recueillie au pied du mausolée pendant que les officiants psalmodient des dikr. Certains marcheurs de C-C laisseront leur regard errer du côté de l’ouest. Là où le soleil, que la légère brume de cette fin de journée a rendu rouge, est en train de descendre doucement vers l’océan.
12. Les photos qui remplissent les pages suivantes de l’album, le temps me manque pour vous les montrer. Vous y verriez de splendides paysages : un bisse du Valais entre St-Maurice et Sierre, les collines de l’Ombrie entre Rietti et Assise, les cèdres du Liban et la vallée de la Qadisha, les sentiers pleins de poésie mais bordés de champs de mines de la région de Srebrenica en Bosnie, le désert du Néguev et la Mer morte, la roche de Solutré et le site de Taizé, la Côte de Granit rose et la chapelle bretonne des Sept dormants.
Et à chaque fois, au premier plan, des marcheurs pas tout à fait pas comme les autres. Des marcheurs qui, s’inspirant des mots du poète Antonio Machado, tracent à chaque pas leur chemin les uns vers les autres – al andar se hace el camino,.
Plusieurs de ces marcheurs ont à l’esprit la devise rituelle des pèlerins de Compostelle : Ultreïa ! Toujours plus loin ! Mais leurs amis leur ont appris à ajouter Inch’Allah !
Gabrielle Nanchen
1Les noms en caractère gras sont ceux des personnes qui se sont engagées dans l’aventure de Compostelle-Cordoue de façon durable ou particulièrement importante.
Ses fondateurs (Louis Mollaret, André Weil) et sa fondatrice (Gabrielle Nanchen) voulaient orienter différemment notre regard sur les arabes, à l’opposé de celui proposé par la légende de St Jacques Matamore qui, en la cathédrale de Compostelle, juché sur son cheval, piétine les Maures. Marcher à l’envers des pèlerins de St Jacques, partant de Compostelle pour aller vers Cordoue ! Afin d’y célébrer le « vivre ensemble » de l’Al-Andalus, où cosmopolitisme et tolérance régnèrent pendant plus de quatre siècles. Tel fut en automne 2010 notre acte fondateur. La devise de notre association franco-suisse , Marcher-Dialoguer-Comprendre, dit bien l’élan vers l’autre qui anime les marcheurs. Depuis ces dix années, nous avons traversé neuf pays et régions qui ont connu des conflits ou au contraire des réconciliations : Espagne, Maroc (avec les soufis d’Aïssa), Assise, Liban, Suisse (Nicolas de Flüe), Bosnie (Srebrenica), Palestine et Jérusalem, Bourgogne (Taizé), Côte d’Armor (pèlerinage des Sept dormants).Vivre dans ses jambes, avec son coeur et son esprit, la rencontre de l’autre qui pense et croit différemment de soi, voilà l’extraordinaire richesse partagée au cours de nos marches et de nos rencontres avec différentes communautés croyantes ou laïques. Notre participation régulière à différents colloques (dont Château Mercier à Sierre) nous ont éclairé sur les vrais enjeux du vivre ensemble : dépasser les préjugés que renforcent immanquablement les conflits de toutes sortes. Eviter le repli sur des identités religieuses ou culturelles exclusives.
Cet anniversaire, nous avons voulu le fêter en nous rapprochant des jeunes. Ainsi avons-nous marché avec une vingtaine de scouts musulmans et chrétiens de Toulouse et de Paris. Notre colonne de cinquante marcheurs s’est étirée le long de magnifiques sentiers du pays occitan. L’explosive joie de vivre de ces jeunes et leur sens du service nous ont contaminés et rendu notre propre jeunesse. Les rencontres que nous avons faites avec les représentants decommunautés musulmane et juive à Montauban, protestante à Puylaurens, bouddhiste à Marsens, et bénédictine à En Calcat,nous ont redonné la confiance qu’apporte la diversité des échanges, des croyances et des rites.
Les cinquante marcheurs et marcheuses de notre association forment ainsi une petite famille qui veut, par son témoignage et son action, croire contre vents et marées que la rencontre fraternelle, celle que nous osons mener et qui change notre points de vue sur l’autre, n’est pas une utopie.
Alain Simonin, Président de Compostelle-Cordoue
septembre 2019
A cette occasion Gabrielle Nanchen a ouvert les pages de son album souvenir de cette association, voir dans la rubrique "l'association"
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