Livret de la Marche 2022
du 6 au 13 août 2022
A LÉONCEL- Drôme
Le VERCORS - La Résistance
Programme réalisé
et
Impressions des marcheurs
Sommaire :
Le programme réalisé p 2
L’appel de Michel p 4
Impressions des Marcheurs p 6
Cercle de conversation final
par le scribe p15
Les photos de cet évènement sont ici:https://zzz.zaclys.com/2022-Compostelle-Cordoue-a-Leoncel-Vercors,a75,98293
Le Programme réalisé
La semaine de marche de Compostelle-Cordoue autour de Léoncel, dans le Vercors, sur le thème de « la Résistance » s’est déroulée du samedi 6 août au samedi 13 août 2022. Léoncel est une ancienne abbaye Cistercienne dans le sud-est du plateau du Vercors. On y trouve, à Léoncel même et dans le village voisin, La Vacherie, des capacités d’hébergement qui ont pu accueillir notre groupe dans des conditions matérielles parfaites et dans une grande convivialité ; Les possibilités de randonnée en moyenne montagne « facile » y sont illimitées, et les souvenirs du Maquis du Vercors (1942 – 1944), le plus grand de France, sont encore très présents.
Samedi 6 août 2022
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Pour les Toulousains et assimilés
Totocar, parti vers 9h00 de Mangepommes, est arrivé vers16h45 devant la gare de Valence-ville et a récupéré les voyageurs ferroviaires.
Arrivée à La Vacherie vers 18h.
Quatre sites d’hébergement :
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Deux à Léoncel : le gîte communal et la Maison Saint-Hugues, attenants à l’abbatiale.
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Deux à La Vacherie, à 3,1 km de Léoncel : le gîte de « la Colo du Chaffal » et, attenant, le terrain d’implantation des scouts.
18-18h45 : les scouts montent leurs tentes et les résidents de la « Colo du Chaffal » prennent leurs quartiers.
18h15 : arrivée de Totocar à Léoncel. Les résidents du gîte communal et de la Résidence St Hugues prennent leurs quartiers.
19h00 20h00 : présentations mutuelles à la salle communale de Léoncel.
20h00-21h30 : dîner à l’Auberge de Léoncel, exceptionnellement ouverte le soir pour nous.
Après le dîner, Totocar ramène tout un chacun à son nid et prend un repos bien mérité.
Dimanche 7 août 2022 :8h00 : petit déjeuner 8h45 : départ de la Colo du Chaffal en Totocar
09h30-13h00 : marche à partir de Léoncel : Pas du Touët. On retrouve Totocar.
Déjeuner tiré du sac sous un arbre au Pas du Touët.
Trois groupes :
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Retour en Totocar
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Retour par le chemin de montée
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Poursuite de la boucle par Pierre chauve.
16h00-17h30 : Concert a capella à l’abbaye, organisé par l’association des amis d Léoncel pour celles et ceux qui le souhaitaient.
17h30-19h00 : visite guidée de l’abbatiale et conférence sur son histoire par Yves Chauché, responsable de l’abbaye de Léoncel au Diocèse de Valence.
20h00 : dîner plateaux repas à l’auberge de l’Échaillon.
Lundi 8 août 2022
7h30 : petit déjeuner
8h15 : départ de la Colo du Chaffal en Totocar
09h00-16h00 : marche à partir du col de la Bataille (Crête d’Ambel, ferme d’Ambel, tête de la Dame). Déjeuner tiré du sac au refuge de Gardiol.
18h00-19h30 : rencontre à la salle communale avec Madame le Maire, Jacqueline Charve : présentations de la commune et de la vie des habitants. Une forme de résistance…
20h00 : dîner au Grand Échaillon
Mardi 9 août 2022
8h15 : petit déjeuner
9h15 : départ de la Colo du Chaffal en Totocar
9h30-15h00 : marche dans la forêt de Léoncel, guidée par Denis Hyenne, de l’association des amis de Léoncel. La forêt et sa gestion, les événements liés au Maquis à Léoncel et autour. Déjeuner tiré du sac. Retour à pied à Léoncel (en option).
17h30 : intervention et film de Nadia Braendle : Paolo d’al Oglio et le monastère de Dar Mar Mousa dans le désert syrien : un exemple de résistance suivi d’une discussion.
20h00 : dîner au Grand Échaillon
Mercredi 10 août 2022
8h15 : petit déjeuner
9h00 : départ de la Colo du Chaffal vers Vassieux en Vercors.
10h00 : arrivée au Mémorial de la Résistance : débarquement de la moitié du groupe
10h30 : arrivée au Musée de la résistance : débarquement de l’autre moitié du groupe
12h45 : récupération des visiteurs du Mémorial
13h00 : départ vers l’Échaillon
13h45 : déjeuner tiré du sac à l’Échaillon.
18h30 : Echanges sur la journée, pilotés par Alain Simonin.
20h00-21h30 : dîner avec les scouts au Grand Échaillon.
Jeudi 11 août 2022
7h30 : petit déjeuner
8h15-1630 : marche en boucle à partir de La Vacherie : la canyon du Gueulard. Déjeuner tiré du sac
17h00 : présentations à l’Échaillon
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Par Geneviève Guilhaume d’une vidéo où son père raconte son expérience du maquis et de la déportation.
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Par Marc Lebret de la vidéo d’une rencontre interconvictionnelle qu’il a organisée en Palestine pour la paix.18h30 : conférence de Ahmed Bouyerdene à l’Échaillon : L’Emir Abdelkader, figure emblématique de la résistance (à partir d’une sélection de portraits : représentations iconographique).
20h00 : dîner au Grand Échaillon
Vendredi 12 août 2022
8h00 : petit déjeuner
09h00-10h00 : petite marche sur le GR à partir de Léoncel
10h00-11h30 : ateliers en sous-groupes « Et nous que faisons-nous aujourd’hui ? » Mise en commun des ateliers par leurs rapporteurs, animée par Alain Simonin.
11h30 : départ de Léoncel en Totocar
12h15 : déjeuner sur aire de supermarché.
14h15 : visite du monastère orthodoxe grec de Saint Antoine le grand avec le père abbé
16h30 : départ du monastère
17h30 : cercle final à la salle communale
19h30 : début de la soirée organisée par les scouts pour tout le monde
Couscous et animations sous la pleine lune.
24h00 : extinction des feux
Samedi 13 août 2022
7h45 : petit déjeuner
8h30 : embarquement Léoncel et embarquement La Colo
9h00 : départ Totocar vers Valence TGV (36 km)
10h00 : débarquement des « ferroviaires » à Valence TGV et départ Totocar vers Toulouse
10h43 : départ TGV Paris
13h04 : arrivée Paris Gare de Lyon
16h30 : arrivée Totocar à Toulouse
L’appel de Michel
.La résistance au service d’un monde meilleur pour les jeunes générations
L’association Compostelle-Cordoue a réalisé sa marche annuelle en août autour de Léoncel, dans le Vercors, marche agrémentée de rencontres et de visites sur le thème de « la résistance ». Léoncel est une ancienne abbaye cistercienne dans le sud- est du plateau du Vercors. On y trouve, à Léoncel même et dans le village voisin, La Vacherie, des capacités d’hébergement qui ont pu accueillir notre groupe dans des conditions matérielles parfaites et dans une grande convivialité. Les possibilités de randonnée en moyenne montagne « facile » y sont illimitées, et les souvenirs du maquis du Vercors (1942 – 1944), le plus grand de France, sont encore très présents.
L’édition 2022 faisait l’objet de plusieurs nouveautés importantes. D’abord, ce ne fut pas une marche itinérante mais des marches en étoile autour de Léoncel ; la marche itinérante 2021 dans les Alpes-Maritimes avec les navettes éprouvantes de bus avait laissé des traces dans les esprits. On aurait pu craindre cette année de perdre « l’idée de progression collective » et que notre devise « Marcher - Dialoguer - Comprendre » s’y retrouve moins. Il n’en fut rien, la « progression collective » se faisant plus sur le thème de la marche que sur les sentiers.
Il faut dire que le hameau de Léoncel est tout à fait charmant : à 920 m d’altitude (fraîcheur garantie), un calme bucolique, uneabbaye romane toujours ouverte, des hébergements de qualité, un bar restaurant, une salle de réunion, une laiterie… et unepoignée d’habitants faisant vivre ce lieu dansune harmonie étonnante. Le deuxième « port d’attache », La Vacherie, où logeaientune partie du groupe et les scouts, est tout aussi champêtre, avec une route toute droite de 4 km entre les deux villages sans circulation.
Et puis, tout autour, des superbes ballades dans les prairies et bosquets surplombés par de belles falaises calcaires… sans oublier « le canyon des Gueulards » que le groupe parcourut sans coup férir..
.S’appuyer sur des valeurs profondes pour un monde meilleur
La deuxième grande innovation fut le thème général de la marche : la résistance. Évidemment, on ne pouvait pas faire moins dans le Vercors. Mais comment passer de l’évocation douloureuse du maquis du Vercors (1942-1944) réprimé dans le sang aux questions qui secouent notre monde actuel. La guerre en Ukraine bien sûr, en Palestine et ailleurs, mais aussi les forces négatives qui conduisent nos sociétés dans le mur : l’individualisme, la surconsommation, le non-respect de la nature et du climat… Nous avons su passer, plus facilement que prévu, du traumatisme du maquis de Vercors à la course incontrôlée de nos sociétés actuelles.
Nous le devons d’abord à Jacqueline Charve, la maire de Léoncel, qui nous a décrit comment vivaient actuellement les habitants de Léoncel : de la solidarité, d’un mode de vie sobre et en harmonie avec la nature. Elle a répondu simplement et concrètement à toutes les questions des jeunes et des moins jeunes ; nous avons ainsi pu passer de la notion de « résistance » à celle d’« actions pour un monde meilleur », plus fraternels, plus écologiques, qui s’appuient sur des valeurs profondes. Un travail par petits groupes a permis de concrétiser des propositions.
Enfin, il y a eu la joie, autant et peut-être plus que les années précédentes. Un groupe de chanteurs et musiciens se retrouvent désormais avec ferveur, et notre groupe s’élargit à de nombreuses têtes nouvelles, facteur favorable pour la pérennité de notre association, tandis que les relations avec les scouts sont toujours aussi rafraîchissantes.
. « La marche partagée comme un remède contre la gangrène des corps et des esprits»
. Oui, 2022 fut un grand cru. Et tournons-nous désormais vers 2023 où de nouvelles belles et fraternelles aventures nous attendent.
Michel qui nous a quitté le 21 novembre 2022 après avoir lutté contra la maladie .
A retrouver sur: https://www.saphirnews.com/La-resistance-au-service-d-un-monde-meilleur-pour-les-jeunes-generations_a29177.html
Impressions des marcheurs
Marcher avec soi et avec les autres ,
l’association Compostelle-Cordoue qui vibre depuis 2012, de la marche, du dialogue et de la compréhension de l’autre, a prouvé récemment que l’Humanité est Une.
Du 6 au 13 août 2022, durant une semaine de randonnées, d’échanges, de visites culturelles et spirituelles, de chants scouts, de chansons de Brassens et de fous rires, l’association a créé un éden humain dans le Vercors, malgré un soleil bouillonnant, accueillant les participant.e.s comme ils sont, avec leurs défauts et leurs qualités, leurs spiritualité et leur agnosticisme, leur athéisme ou leur fidélité aux offices religieux.
Chacun.e a été conscient de faire partie d’un microcosme vivant, éveillant sa conscience aux autres, jeunes ou plus âgés, écoutant le déroulé d’une parcelle de vie racontée et offerte comme un cadeau, parce que l’écoute était bienveillante. Chacun.e a accepté de faire partie d’une même famille, non pas génétique, mais spirituelle, celle d’un cœur ouvert aux autres et conscient qu’il ne peut être vivant sans l’autre. Assurément, chaque personne s’exprimait par son intériorité, sachant remettre en cause a priori et préjugés, pour laisser la place à la simple bonté, notamment des jeunes qui se sont étonnés de pouvoir parler à des plus âgés sans devoir écouter des leçons. Des pans entiers d’égoïsme et d’individualisme se sont effilochés durant cette semaine.
La nature du massif du Vercors y a aidé : majestueux, sauvage, creusé de canyons, isolé car peu peuplé, le lieu a accueilli le groupe dans des gîtes et des campings dont les responsables se sont étonnés du courant de vie qui passait de l’un.e à l’autre, des liens qui se sont tissés malgré – ou plutôt grâce à – la diversité des engagements et des prises de position. L’histoire du Vercors a donné le ton à la réflexion durant les ateliers : comment et à quoi résister dans le monde d’aujourd’hui ? Et chacun.e a opté pour une résistance active, créatrice, empathique. Les excès du monde matériel d’aujourd’hui seront, chacun.e en est sûr.e, limités par une prise de conscience individuelle quotidienne, en ayant en esprit l’unicité du vivant et la nécessité de le préserver. S’est ancrée alors la certitude que cette préservation du vivant ne sera effective qu’en ayant conscience que chacun.e n’est vivant qu’à travers les yeux des autres et que chaque vie, qu’elle soit humaine, animale ou végétale, a le droit d’avoir sa place sur terre. Compostelle-Cordoue n’espère pas changer le monde, seulement quelques consciences, au fur et à mesure de ses pérégrinations. Dans la nuit du 11 au 12 août, avec les Perséides, la pleine lune radieuse, d’un flamboiement de nacre, reflétant le soleil dans sa totalité circulaire, a confirmé que la rencontre était sous de bons auspices.
Fouzia que l’on peut retrouver accompagnée de Mirka interviewées par Marie ici:
https://radionotredame.net/emissions/rencontre/19-09-2022/
Résistance ou Résilience ? En 1973, j’avais 29 ans. Avec un groupe de 22 soldats et officiers, soutenus par nos femmes et compagnes, nous avions objecté à poursuivre le prolongement de notre formation militaire en Suisse (à l’époque, quatre mois initiaux, puis trois semaines chaque année jusqu’à l’âge de 34 ans). Nous militions pour l’instauration d’un Service civil en Suisse. Déposant nos effets militaire sur la place de Berne, nos compagnes déchirant nos livrets militaires, nous étions des « résistants » déterminés, documentés et engagés (chacun effectuera de 3 à 8 mois de prison pour ce délit, après un jugement par un tribunal militaire). Dix huit ans plus tard, le peuple suisse acceptait d’entériner le libre choix dans la Constitution. Aujourd’hui, 28 % des jeunes conscrits choisissent le service civil (6 mois dans les domaines de l’insertion, la santé, ou l’environnement)
Aujourd’hui, 50 ans plus tard, à quoi objecterais-je ? Quelle serait ma résistance ? « Nos résistances », puisque nous avons partagé ces questions durant toute cette semaine de marche dans le Vercors, avec 40 marcheurs, des jeunes scouts chrétiens et musulmans et des membres de Compostelle-Cordoue, engagés dans cette aventure.L ors de ce parcours traversant ces hauts-lieux de la Résistance, la visite du Musée de Vassieux nous a mis face de ce drame collectif : en juillet 1944, en un jour, 10’000 soldats de la Wehrmacht ont anéanti les 4000 résistants du Vercors, véritable forteresse naturelle sensée favoriser le regroupement des forces vives de la France occupée. Des photos, des textes, des objets, nous ont montré la bravoure, le courage de ces combattants peu préparés à ce défi, mais aussi le solidarité manifestée par les habitants. Au final : Huit cents morts, dont deux cents civils, des exactions macabres, des fermes incendiées, des habitants déportés. Mais le musée évoque surtout cette « élévation mémorielle », qui a fait de tous ces morts et déportés, des héros légendaires. « Sur ce vaste plateau, des Français de toutes origines et de toutes opinions ont su se grouper et s'unir avec la seule ambition d'échapper à la servitude... Tant de sang versé a fait de ces montagnes une terre sacrée, une terre qui doit être maintenant respectée comme un sanctuaire où le flambeau de notre liberté a été rallumé, comme l'un des berceaux de la Renaissance française. »(Commandant Pierre Tanant).
Une « terre sacrée »… ! Inscrite dans la mémoire des hommes et des femmes d’hier et dans la nôtre, aujourd’hui, confrontés que nous sommes à une nouvelle guerre à nos portes : l’Ukraine, pays envahi à son tour par une puissance totalitaire. Et cette « élévation des âmes » devrait, une nouvelle fois, fonctionner comme un appel quasi mondial: préparons-nous à défendre nos libertés, armons-nous, fabriquons un ennemi dans nos cœurs. Ainsi l’Allemagne se réarme-t-elle, la Finlande et la Suède adhèrent à l’OTAN, les budgets de beaucoup de pays explosent. La guerre, possiblement nucléaire, se profile une nouvelle fois comme une réaction primaire aux provocations des grandes puissances. Et tous les gouvernements occidentaux semblent embarquer dans cette nouvelle injonction.
C’est à cela que je voudrais objecter aujourd’hui , 50 ans après mon refus de jeunesse qui ne voulait pas cautionner la mort en service commandé ! Objecter comme une forme de résistance collective, partagée avec celles et ceux qui, refusant cette contamination à la violence qu’on nous propose, veulent développer une alternative : à tous les niveaux sociétaux, familles, voisins, quartiers, régions, pays, monde, favoriser tout ce qui peut contribuer au Vivre ensemble, dans la diversité des origines, des valeurs, des convictions, des inquiétudes, des blessures et des espérances. Comme une antidote au principe légendaire du « oeil pour œil, dent pour dent », qui nous a tant démontré son inefficacité pour résoudre les conflits de pouvoir dans le long terme.
Le 3 juillet 1944, les maquisards ont instauré la « République libre du Vercors », qui prolongeait l’embryon d'État dirigé par le Gouvernement provisoire de la République française (GPRF). Pendant une semaine, nous autres, les 40 marcheurs de Compostelle-Cordoue, avons instauré, presque à notre insu, une « République de bien vivre ensemble ».
Émerveillés par tant de beauté autour de nous, de silence et d’harmonie, nous avons parcouru les vastes prairies, les forêts de hêtres et de sapins, les canyons asséchés, les petits villages du Vercors, nous rassemblant à midi pour pique-niquer sous un arbre et dîner en soirée dans une auberge de montagne. Marcher sur l’humus des sentiers, pour sentir la puissance régénératrice de la terre. Dialoguer en marchant côte à côte avec son voisin (dialogos, la parole qui traverse). Comprendre (rendre proche) ce qui est en jeu dans la rencontre, pour nous ouvrir à la compréhension de tous sur cette terre. Ainsi avons-nous, comme les alchimistes d’un nouveau monde, mélangeant écoutes, rires, chants, cercle de paroles, jeux, confidences de chambrée, prières, partages des repas, silences, méditations… vécu une utopie, à notre étonnement devenue soudain proche et palpable. « Quand on trouve le ressort, tout devient possible » a dit un ancien, « je me souviendrai toute ma vie de cette marche, jusqu’à ma mort », à dit un jeune. « Résistance » peut-être… mais sans commandement, sans armes, sans destruction, sans incendie, sans meurtre à l’aveugle. « Résilience » plutôt !
Notre séjour nous a fait prendre conscience que nous devons faire face à toutes ces forces qui veulent nous contraindre à nous fondre dans un monde qui ne nous donne ni horizon, ni goût de vivre par nous même et partager nos talents, ni élan de gratitude pour cette nature qui nous nourrit. Un monde qui ne nous incite pas à honorer ce qui est plus grand que nous, mais à glorifier l’homme tout puissant. Ainsi nous nous sommes promis, les uns aux autres, de mettre en œuvre cette douce mais ferme résistance-résilience dans notre quotidienneté. Avec l’inventivité et la ferveur requise pour cette tâche nouvelle qui devrait dessiner un autre monde.
Tant de joies ainsi retrouvées et partagées sur les monts du Vercors, cette semaine là, n’avaient-elles pas fait de ce lieu, pour nous … une terre sacrée ?
Alain, marcheur parmi d’autres
Genève, août 2022
Moi Monette si heureuse de vous retrouver après une longue parenthèse.
Joie partagée, contagieuse, si intense.
Bien sûr en regret de celles et ceux qui ne nous ont pas rejoints, en enthousiasme auprès des nouvelles et des nouveaux arrivants .
Un bain de découvertes et de jouvence : jeunesse de nos petits et grands Scouts, jeunesse des grands adultes que nous sommes et qui avons gardé la jeunesse du cœur !
Ce fut une belle réussite, la bouture va prendre et grandir tant elle a reçu d’attention, de soin et d’amour.
Petits et grands , merci pour vos présences si authentiques, merci à toutes celles et ceux qui ont fait de ce séjour un VOYAGE inoubliable!
A vous revoir, notre maison vous est ouverte.
Simone
Grandes retrouvailles de Totocar avec un nouveau chauffeur, bon conducteur et attentionné (merci Philippe !), au côté de l’ancien toujours tellement apprécié (Merci Dominique !) Trajets vivants et dynamiques avec un certain
rire éclatant, certaines blagues bien envoyées : on sait à qui je pense ! Belles marches, pays ages magnifiques surtout sur les plateaux, d’où l’on observe, depuis les champs jauneset secs les falaises, les crêtes s’étalant à l’infini, se couvrant d’une couleur bleue vers le soir, les à-pic dans le vide… Belles visites et moments de partage bien organisés (merci Jean-René Morice, Michel, Roger, Leïla, Stéphane, pour l’énorme travail préparatoire et les actions sur place).
Jolies rencontres avec les nouvelles et nouveaux, avec les anciens que je ne connaissais pas bien ou mal. Petites tranches de vie de l’autre en partage, en promenade, à l’apéro ou le soir au coucher. Réflexions et tissage de la trame du passé au présent au musée de la résistance pour les uns, au mémorial pour les autres : très beau film sur la résistance au mémorial ; rappel du massacre de Vassieux-en-Vercors. Mémoire émouvante aussi des actes de résistance familiaux, des figures sublimes de résistance (Merci Ahmed pour le bel exposé sur l’émir Abd El Kader).
Quel serait aujourd’hui notre courage pour résister ? Nous ne sommes pas des héros dans notre génération si favorisée à certains égards, juste des personnes, qui essayent de tenir debout dans ce grand monde qui nous dépasse et nous menace comme le répète à l’infini les collapsologues, qui mettent en drame le discours des scientifiques. C’est à travers le quotidien inter-générationnel (merci les scouts !), dans l’échange fructueux de nos convictions, dans la prière partagée (notamment un soir de pleine lune), vécus pendant ces quelques jours sympathiques et éclairants que nous continuons à penser notre résistance actuelle : ne pas s’effondrer déjà dans cette ère de l’anthropocène qui nous promet l’effondrement , penser prier et œuvrer tous les jours pour la paix, dans notre monde de guerre (Ukraine – Palestine- Yémen), lutter par nos petites actions bien modestes tous les jours contre l’injustice, contre les discriminations, contre les inégalités. Refuser de se servir de Dieu dans la guerre (ce n’est jamais gagné).
Seuls, nous ne pouvons y arriver ; Dieu l’unique, le Très Haut, l’humanisme partagé, selon les cas, nous y aide. Résister : dans nos cœurs pour une vie en amour…
Geneviève
Cher Jean-René, chères amies et chers amis de Compostelle-Cordoue, C’est à moi de te remercier Jean-René et de remercier toute l’équipe de C-C. Merci surtout d’avoir insisté auprès de l’ermite qui git en moi et qui sort rarement de sa tanière !
Il y a dans votre projet une des réponses possibles aux crises que traversent nos sociétés. Le sens de la diversité - des convictions, des religions, des attentes, des actions - qui nourrit l’espoir d’un mieux-vivre et d’un mieux-faire ensemble en paix. La marche partagée, comme un remède contre la gangrène des corps et des esprits. Les cercles d’échanges, à deux, en groupe et en plénière, qui parfois nous caressent, dans le bon ou le mauvais sens du poil !, et parfois nous traversent jusqu’à pénétrer le cœur.
Ma conviction profonde est que notre monde souffre d’un déficit criant de spiritualité, y compris chez les religieux, c’est-à-dire de ce souffle premier qui féconde tout ce qui accepte d’être touché par lui. Nos sociétés pour l’avoir oublié s’effondrent sur elle-même… pour renaître inch’allah. Et c’est à cette renaissance qu’il faut dès à présent travailler et c’est le défi que Compostelle-Cordoue a accepté, à sa manière et à son niveau, de relever.
Alors pour tout cela un grand merci et le meilleur pour la suite… latcho drom (« bonne route ») comme disent les gens du voyage !
Fraternellement,
Ahmed
Merci d'avoir accueilli 4 nouveaux à Léoncel durant 7 jours : c'était un risque à prendre pour vous et pour nous ! Merci à Morice d'avoir testé à distance - et fait confiance- pour savoir si cela pouvait se faire…
Ce qui m'a le plus marqué, c'était la bienveillance de chacun et le thème dont on parle peu : la résistance, dans le quotidien, aux petites choses presque imperceptibles mais qui empoisonnent la vie : inutile de dresser une liste !
Merci à Michel d'avoir prolongé la réflexion en nous informant de la rediffusion du film :Gandhi. Inspirant . Il a résisté à la colonisation anglaise avec des moyens rudimentaires ( le rouet, la marche du sel entre autres) aboutissant à l'indépendance de l'Inde. "Sois le changement que tu voudrais voir"... Également la Résistance de Rosa Park et Rose Valland -trop peu connue- très inspirantes aussi : petits moyens, grands effets. ! Au plaisir de vous revoir tous en 2023 ?
Amitiés
Denise
Chers amis, je partage avec vous, ce qui m’a marquée lors de notre marche du Vercors .
Sachez que j’ai été touchée :
Par notre diversité intergénérationnelle, spirituelle, lumineuse, gaie, chantée.
Par nos regards, notre amitié fraternelle dans la confiance et la bienveillance.
Par Benjamin et Tarek chefs scouts des pionniers intégrés et acteurs …sans oublier nos anciens scouts Kamel, Ahmed, Michel, Stéphane, Daniel et sa guitare.
Par la sagesse constante de Jean René organisateur placide et efficace.
Par Michel notre Président, Alain, Roger, Dominique et Philippe.
Par vous les nouveaux dont certains que nous connaissions déjà comme Mirka qui nous avez rejoints…Merciii de votre confiance.
Par nos marches, nous étions 42 dans ces paysages sublimes du massif du Vercors, un retour intériorisé car de là…s’est élevé :
“Le chant des partisans” lancé à la ferme d’Ambel vers la plaine … hommage à la Résistance, appel de non-violence, de plus de guerre mais de Paix qui a fait jaillir de mes yeux des larmes d’émotion profonde.
Résonance personnelle vécue, de Ia douleur de ceux qui en ont souffert d’avant, d‘ hier et encore aujourd’hui, des traumatismes et des conséquences ...à vie.
Comme le temps semble si long pour guérir….
Alors votre espérance m‘a emportée légère dans votre tourbillon, vos sourires ressentis.
Par nos témoignages individuels, exemples de résistance comme ceux du père Paolo de Nadia, du Père de Geneviève, du Forum sur la Paix de Marc, de l’Emir Abdelkader d’Ahmed.
Par nos cercles de réflexion et de fin de marche, animés par Alain et Leïla,
Par NOS SACS À DOS, porteurs DE NOTRE ENGAGEMENT.
L’alchimie de la marche et de nos rencontres a opéré ça a été réussite !!!
Quoi de plus doux que de se retrouver confiants du matin au soir tous, ensemble avec nos hôtes respectifs et intervenants nourris intérieurement.
N’est pas ça qu’on appellerait le …. Fraternellement
MERCI et BRAVO !!!!
Amitiés et à très bientôt pour de nouvelles aventures.
Morice
Cher(e)s toutes et tous, A l’heure où j’écris ce témoignage, j’observe devant moi les cimes du Vercors sous un ciel immaculé d’un bleu azur ; ils font face à cet éclatant soleil de septembre, à la chaleur un peu plus douce et plus indulgente que les deux mois précédents, et se laissant illuminés dans toutes leurs formes. Depuis notre marche, je les regarde avec une autre intensité, avec le souvenir, presque nostalgique, du moment passé ensemble. Ce moment, qui rassure notre être en lui signifiant que dans ce monde actuel où certains entretiennent l’idée de nous mener au conflit sans en mesurer les conséquences et malgré ce que l’histoire a pu nous faire découvrir sur les destructions souvent irréparables des effets de la guerre, d’autres on fait le choix de résister au déviances de leurs bas-instincts, le choix de la paix, le choix de vivre ensemble en paix, de marcher ensemble en paix, de vivre des moments d’échange, de partage, d’intercompréhension, dans l’humilité et la sincérité afin de prouver au monde que cela est possible et l’as toujours été. Les femmes et hommes qui agissent par leur humanité ne peuvent que s’entendre et bout du chemin qu’ils entreprennent ensemble, mener de belles actions pour le bien de nous tous. C’est ce que tente de faire Compostelle Cordoue, c’est le défi qu’elle s’est lancé et qu’on remercie de tout cœur et à qui l’on souhaite encore de bonnes aventures et ce, pour l’éternité.
Kamel, qui vous garde en mémoire et vous remercie sincèrement.
J’ai vraiment beaucoup apprécié ces belles randonnées communes, dans ces beaux paysages empreints d'histoire, avec leurs topos, visites guidées, ces discussions et rencontres, la dimension intergénérationnelle.
Et aussi l’accueil par Michel et le fait qu’il m’ait demandé d’intervenir sur un sujet délicat, occasionnant souvent des polémiques : le conflit israélo-palestiien. Michel a osé, sur un sujet qui me tient à cœur puisqu’il m'a occupé 2 années de volontariat. Et la soirée s’est très bien passée. Michel sait mettre du liant, avec tellement d’humanité.
On pense bien à toi, Michel.
Amicalement
Marc
J’ai réalisé une vidéo poétique en mémoire des résistances du Vercors à partir du témoignage de France PINHAS, infirmière au maquis, qui m'avait tant touché lors de la visite du mémorial de la résistance. Je vous la livre ici: https://youtu.be/nwmjW41-xno
Stéphane
En ce moment où je trouve le temps de rédiger mes impressions sur notre marche au Vercors cet été, je me pose la question : vais je retrouver l'élan qui m'habitait concernant ce mot, résister que nous avions choisi comme thème de notre marche?
Dans ce beau pays du Vercors, qui semble encore préservé des effets climatiques, qui montre un développement remarquable de ses infrastructures d'accueil, de ses ressources agro-alimentaires et de son patrimoine culturel, parler de résistance me paraissait facile. A mon avis les gens de ce pays réussissent à faire mémoire de leur passé douloureux sans le montrer de façon ostentatoire, mais à la manière des histoires de vie. J'ai eu l'impression que ce terme de résister avait presque pris dans ce pays un goût de terroir. En effet, j'ai admiré avec quelle simplicité et sincérité les habitants nous racontaient leur passé à l'aide des traces qui leur sont restées : photos, objets, habitats et lieux dit, les paysage eux-même devenant mémoire et témoins non pas seulement pour leur beauté mais pour ce qu'ils comportent de souvenirs douloureux. Ils appliquaient l'idée que le bonheur et le malheur sont deux notions étroitement liées, voire indissociables. Comme le dit le proverbe : A tout malheur bonheur est bon. Autrement dit, dans tout événement pénible, il y a quelque chose de bon à prendre.
De ce fait, entraînée par la vitalité des marcheurs de notre Association Compostelle-Cordoue enrichie par de nouveaux venus et encadrée par des gens du pays à l'hospitalité chaleureuse, ainsi qu'avec des intervenants engagés et de haute qualité, parler de résistance pour moi fut un moyen d'apprivoiser ce terme avec de l'espoir à la clé : plus jamais ça.
Qu'en est-il aujourd'hui de retour chez moi? Comment aborder ce terme de résister alors que face à de nouveaux graves conflits qui se rapprochent, l'on se retrouve face à notre incapacité à faire valoir les moyens non violents qui existent pour les résoudre. Les sciences sociales et humaines qui ont développé ces dernières décennies tout un riche réseau de théories sur la résolution des conflits auraient la capacité de nous mener à "plus jamais ça". Mais aujourd'hui, elles montrent leurs faiblesses, balayées par des forces aveugles et avides de pouvoir et de violence. Personne ne semble écouter ou profiter des erreurs du passé pour trouver d'autres moyens que la guerre et la violence pour résoudre les conflits. La valeur de l'expérience des anciens est bafouée et le "plus jamais ça" sonne douloureusement à mes oreilles.
J'avoue donc qu'après le Vercors et la reprise des soucis quotidiens, j'ai été passablement découragée et résister me paraissait hors de portée.
Pourtant l'autre jour, j'ai entendu la prédication d'un pasteur protestant que j'affectionne beaucoup et dont les propos m'ont interpellée. J'ai été sensible à l'analyse qu'il a fait concernant l'utilisation de la violence qui s'installe très souvent lors d'un conflit. Si la violence prend souvent le dessus, c'est parce que être violent concerne tout le monde.
Et il explique : En chacun de nous se trouve un petit César qui nous pousse à répondre à notre propre besoin de confort, de sécurité, de richesse et de possession afin d'être reconnu et dominer. Désirs certes très naturels mais qui, utilisés seulement à son profit, font fi des règles de la communauté indispensables pour la vie sur notre planète. La conjoncture actuelle pousse à cela : course à la performance, culte de la singularité. Une dépense énorme d'énergie qui va à l'encontre de la vraie communication qui mène à vivre ensemble.
Ah, si l'on pouvait utiliser cette énergie du désir, utile au fonctionnement de l'être humain pour la mettre cette fois au service de l'ensemble de la population! Pour ce faire, ne devrait on pas alors domestiquer notre petit César pour que cette énergie créatrice profite à tous et pas seulement à soi.
C'est aussi cela, résister. Faire bouger à son niveau la conjoncture actuelle du laisser faire et du repli sur soi qui laisse le champ libre aux tendances néolibérales de dérèglement, de libre échange, de privatisation du secteur public au profit d'un système capitaliste mondial dont le rendement ne profite plus à ceux qui le produisent.
Résister ainsi serait donc de redonner aux jeunes un monde du travail qui valorise l'engagement, la prise de responsabilités et un bénéfice pour tous.
Résister ainsi serait d'offrir une alternative à ceux parmi les jeunes qui n'ont plus que la violence pour s'exprimer, contre autrui, ou contre eux en s'autodétruisant, parce qu'ils ne trouvent plus de raison d'être.
Résister ainsi serait de faire cause commune avec les jeunes plutôt que de s'irriter parce que leur façon de résister bouscule notre train-train quotidien. Tout le monde devrait s'alarmer comme eux de ce monde qui épuise sa terre nourricière et ne réussit plus à nourrir l'humanité et qui les mène à ne plus vouloir procréer.
Résister ainsi implique de changer nos habitudes et de prendre le risque de la décroissance pour plus de liberté.
Résister ainsi, c'est dénoncer le fait que notre inertie et notre frilosité à agir mène à être complice de l'avènement des nouveaux César, dictateurs de droite ou de gauche, ceux-ci profitant des nouveaux révoltés et laissés pour compte pour installer leur régime totalitaire. Le procédé n'est pas nouveau, mais il se développe maintenant à l'échelle mondiale et il n'y a plus d'échappatoire, même spirituellement puisque à l'intérieur même des systèmes religieux en perte de crédibilité, la gangrène de la domination des César de tous ordres, sévit également. Il est donc urgent de faire admettre aux générations traumatisées par les dérives religieuses d'arrêter de rejeter les valeurs spirituelles et de priver leur descendance de leurs propres racines chrétiennes qui pourraient les soutenir. Ils se trompent de cible, ce sont les César religieux qu'il faut dénoncer et non pas le message religieux qui est fait d'exhortation à la paix, à la non violence et au vivre ensemble. Ce sont les valeurs de nos démocraties et il faut les sauver. Sommes nous entrain d'oublier que les valeurs fondamentales de nos sociétés démocratiques "Liberté, égalité et fraternité" se réfèrent à la Bible et son message? Pourtant tout le monde a encore en tête l'Assermentation de Barack Obama et de Joe Biden la main sur une Bible! A ce propos je vous recommande le livre de Nathalie Loiseau, "La guerre qu'on ne voit pas venir". Elle y développe avec habileté les risques que courent nos démocraties européennes et donne des clés pour y parer.
Il serait donc utile de rappeler à ceux qui se dévouent corps et âmes dans des ONG mais ne veulent plus rien entendre d'une quelconque spiritualité, que leur action dans ces organismes humanitaires correspond au message du Christ : aimer son prochain, le respecter et lui venir en aide. Mais le Christ a aussi dit "Je suis avec toi contre cette violence qu'il ne s'agit pas de porter seul. Faire des alliances pour résister ensemble.
Si je résume mes précédents propos, il serait souhaitable que chacun, domestique le petit César caché en lui, prenne sa part à son niveau dans la défence de la planète, transmette l'importance de l'engagement et de la solidarité : on résiste mieux à plusieurs. Résister ainsi me convient et me redonne l'élan qui m'habitait pendant la marche au Vercors : miser pour un monde meilleur est possible.
Les débats auxquels j'ai assistés aux récentes Rencontres Orient-Occident à Sierre en octobre dernier, dont les thèmes touchaient le politique, la finance, l'écologie et le "vivre ensemble" m'ont aussi confortée dans l'idée que le changement est possible. A mon avis, plus que jamais cette cuvée 2022 des ROO s'est préoccupée de nous donner des étapes pour comment passer de la théorie à la pratique en nous présentant, entre-autres, un grand nombre d'exemples de résistances sur le terrain qui ont fonctionné. J'ai aussi mesuré combien les participants se sont engagés par des échanges d'idées et par la richesse des questions qu'ils posaient à la fin des débats. Toutes les conférences et débats ayant été enregistrés et mis sur le site des Rencontres ROO, j'invite les marcheurs du Vercors à les visionner, en particuliers le film projeté le samedi 8 octobre "Composer les mondes" sur les ZAD de Philippe Descola et Elisa Lévy, le film "Irréductible", des témoignages remarquables de Olivier Dubuquoy projeté le 9 octobre à 10h et la Table Ronde du dimanche 9 octobre à 17h30. Ils y trouveront souvent le même questionnement débattu pendant notre séjour au Vercors, mais aussi d'autres outils et moyens pour continuer ensemble à mieux résister. Site : Https://roo-mercier.com, programme 2022
Dans notre groupe de marcheurs se trouvaient une dizaines de jeunes scouts et je pensais à eu lorsque j'ai, dans mes propos précédents, évoqué notre jeunesse actuelle et leurs problèmes. En faisant leur connaissance et en les écoutant, j'ai pu faire le constat que beaucoup d'entre-eux faisaient déjà preuve d'une belle maturité d'esprit qui les poussaient à engager leur future vie professionnelle dans des voies constructives. Ils étaient donc de ceux parmi la jeunesse qui se prennent en main et cherchent à résister. Ils étaient notre rayon de soleil de par leur attitude joyeuse mais aussi disciplinée. J'ai été stupéfaites par le fait qu'ils étaient toujours à l'heure au départ des marches. Je les vois encore, non seulement dévaler avec joie le sentier tortueux et étroit du "Canyon des Gueulards" et s'investir dans des courses-poursuites, mais aussi s'arrêter à tout moment pour aider ceux qui peinaient à franchir les parties escarpées et vertigineuses. J'ai été aussi très touchée d'observer leur sensibilité aux paysages sublimes qu'offraient ses gorges b aignées d'une lumière si douce. Avec la complicité de plusieurs d'entre-eux, nous jouions à celui qui trouvaient les meilleurs endroits pour réussir nos photos.
Enfin ces scouts avait programmé dans leur planning de nous inviter un soir dans leur camp pour le repas du soir. Une performance que de cuisiner pour 40 sur une cuisine de campagne....Non seulement ce fut excellent mais original car, la cuisson du repas ayant duré plus que prévu, c'est à la lampe de poche et sous un magnifique clair de lune que nous avons fini de manger et participer ensuite à leurs jeux subtils et récréatifs. Une soirée originale et mémorable pleine de rires et de joie d'être ensemble. Ce souvenir me permet de finir en beauté l'évocation de mes réflexions et impressions de voyage.
Pour conclure, je dois avouer que, parce que le projet de la marche aux Vercors me paraissait mal ficelé, je trouvais les déplacements compliqués et trop astreignants, j'avais remis en cause le projet et ma participation à la marche. Mais, après avoir pu discuter avec les organisateurs, négociés certains points et surtout parce que j'avais eu vent des contraintes incontournables qu'ils avaient rencontrés, spécialement pour les hébergements, j'ai envoyé mon inscription et bien m'en a pris car cette marche fut pour tous les marcheurs une réussite. Je tiens donc à féliciter les organisateurs qui ont su, non seulement diriger notre groupe de plus de 40 personnes avec doigté et bonhomie, mais aussi pu appréhender les inévitables conflits intergroupes.
Cette heureuse conclusion, n'est-elle pas la preuve qu'avec du fair-play et une bonne concertation, il est possible de surmonter les conflits?
Mireille
Cercle de conversation final dirigé par Alain Simonin.
Une randonnée de Compostelle-Cordoue sans cercle final, impensable ! C’est un grand moment de retrouvailles avant la dispersion, le retour chez soi. Nous avons marché, dialogué, essayé de comprendre, de nous comprendre, en binômes ou petits groupes. Ce cercle final est ré-unificateur. Nous entendons tous ce que chacun dit !...
Un grand moment de suspens quand se fait le silence : tous nous attendons « l’incipit » ! Quel sera le premier mot, la première idée de l’animateur ? Le sait-il lui-même ? Qui sera son premier interlocuteur, « l’invité d’honneur ». Les suivants, en rejoignant le centre du cercle, se révèlent à nous encore davantage, au gré de ce qui a résonné en eux ! Les autres, ceux qui restent immobiles, ne rentrent pas dans le centre du cercle, silencieux, à l’écoute…timidité, pudeur, ou juste « pas envie de parler » … ?
Vient ensuite ce temps surprenant où l’on entend la synthèse orale « immédiate » de ce que « le scribe » a entendu et qui lui a paru essentiel. Surprenant de découvrir l’originalité et la richesse de ce qui nous est rapporté dont on n’avait pas forcément conscience quand on était en pleine discussion. « Waou, on a dit tout ça ? ... »
Une synthèse écrite par le « scribe » est la dernière étape. Je vous la présente aujourd’hui.
Marcher dans ce Vercors illustre par son héroïque et tragique histoire nous a permis d’aborder la question de la Résistance dans notre vie d’aujourd’hui.
C’est notre benjamin qui sera « l’invité d’honneur ». D’entrée de jeu le ton est donné : « Résister » est une Attitude. Attitude joyeuse, elle nécessite du courage : courage de résister à sa timidité et la vaincre, courage de prendre la parole, de donner son opinion…
Cette marche restera à jamais gravée dans la mémoire de nos « juniors ». « Je m’en souviendrai jusqu’à ma mort » …C’était comme s’ils étaient en famille. Une famille bienveillante où a régné un esprit d’entraide dans la sobriété et le partage. L’écoute attentive de l’autre y a été prépondérante et a suscité des amitiés sincères.
Il a régné dans ce temps passé ensemble une cohésion, sans heurt apparent majeur, une « osmose » du groupe, un « Esprit ». « Quelque chose de la spiritualité rôdait entre nous ».
Marcher et parler en rencontrant d’autres personnes : la marche laisse du temps pour mieux formuler sa pensée. Elle « donne du temps au temps », temps de partage très puissant, très profond. Presque à notre insu, on se met à parler sans tabou de sujets intimes, avec une rare liberté de paroles. Liberté de paroles, liberté tout court. Chacun se sent devenir davantage lui-même dans une réciprocité de relation. Cette intimité facilite l’accès à quelque chose d’universel. Il s’établit « une intimité universelle ».
Dans cette démarche d’altruisme véritable et sincère, l’autre se laisse découvrir. Et d’étranger, il devient reconnu. Il pourra alors être intégré dans notre propre univers où il peut retrouver toute sa dignité.
Marcher et parler.
Marcher et avoir peur de partager, peur de ce Groupe, cet Etranger, qui pourrait happer ma liberté…puis laisser du temps au temps, faire confiance et se laisser aller, délivré de la peur d’être jugé, la peur d’être rejeté, de n’être pas aimé, ni apprécié…
Marcher en silence aussi…retour vers soi. « La marche est une démarche », une quête vers quelque chose dont on n’a aucune connaissance, « le but est le chemin ».
Et là, ô comme c’est bizarre ! Le silence se met à NOUS parler. Tantôt avec fureur, tantôt avec douceur, il nous parle… Il se sent autorisé à livrer en toute confiance des secrets, révélations du plus profond de nous-mêmes, de ces choses qu’on s’acharnait à taire, à ignorer, à dénier.
Ce dialogue intérieur peut aussi nous confirmer dans ce que nous croyions déjà….
Le silence aiguise nos sens. Cette perception plus discriminante, plus subtile, détecte cette part immatérielle et mystérieuse des choses et des relations humaines et peut changer notre vie…
« Croire c’est voir avec le cœur »,
Attentifs à ce que nous voyions et entendions autour de nous et en nous, le silence du Vercors, nous a offert sa grâce…. Elle perdure avec douceur. C’est une bénédiction qui nous a été accordée, baraka de TOUS les RÉSISTANTS, ceux auprès de qui nous nous sommes recueillis et les autres aussi, d’ailleurs dans le monde, qui ont lutté au prix de leur vie pour que d’autres se tiennent debout la tête haute, libres.
Bel hommage que cette marche inspirée où chacun portait dans son cœur son Résistant et sa résistance propre. Gardons-nous d’oublier ce que nous leur devons !
11/10/2022
Le scribe