Présentation du livre d'Angelo Hüsler par Jacques Moreillon
A mon avis de « non-expert » la lecture de ce petit livre est un « must » absolu pour quiconque s’intéresse à la période de al Andalus et à la coexistence/tolérance/« convivencia » qui en est la marque.Certes ,ce n’est pas un livre destiné aux connaisseurs de cette période, mais il est à lire absolument par ceux qui n’en sont pas experts.
En effet, s’il existe des dizaines d’ouvrages savants sur ce thème et cette période (Angelo Hüsler en cite 70 dans sa « bibliographie sélective » !), leur lecture est surtout destinée à des connaisseurs, alors que ce texte se veut et est un ouvrage de vulgarisation, concis et clair, qui explique très bien les origines, le contour, les spécificités et les limites de la « convivencia », qu’il décrit et définit fort bien, terme auquel sa bibliographie consacre une partie de l’ouvrage.
L’auteur décrit la coexistence entre « trois religions et trois communautés….. mais pas trois cultures » (p.30), quand et où elle atteint son maximum (sous le califat à Cordoue, entre 929 et 1031 et avec les premiers « Reinos de Taifa » ) et comment et pourquoi elle a diminué puis pris fin avec la venue des « intégristes » Almoravides et Almohades. Idem deux siècles plus tard dans une Tolède chrétienne (école des traducteurs) où la « convivencia »prend fin avec l’arrivée des « rois catholiques », Isabelle de Castille et Ferdinand d’Aragon. Il clarifie idéalement les zones d’ombres « entre idéalisation et ignorance » qui sont les pôles que notre époque contemporaine fixe à cette époque unique de l’histoire et de l’humanité.
En bref, il donne des « clés de lecture » précieuses à toute personne qui souhaite que notre époque puisse s’inspirer, par une véritable compréhension, de cette autre époque multiculturelle. Car, comme dit l’auteur, « la relation de cause à effet entre la tolérance d’autrui, l’ouverture d’esprit et la réussite est évidente ». (p. 46) ; ce qu’il démontre en consacrant tout un chapitre aux « chefs d’œuvre…….qui ont fait progresser les connaissances humaines » en se fondant uniquement (et volontairement) « sur les œuvres qui furent le fruit de l’intégration des cultures » (p. 46). Exemple : le fameux « astrolabe », que l’on peut voir à la « Torre Calahora » en copie, est « le fait des trois communautés » (p. 58).
En conclusion, il importe de souligner l’art de la synthèse (qui est la faculté de rendre simple des choses compliquées !!!) d’un auteur dont la force est peut-être de n’être ni un historien, ni un spécialiste de cette époque, mais un ancien patron d’entreprise internationale (Nestlé), qui s’est intéressé (comme ceux à qui ces lignes sont destinées) en amateur à une périoe fascinante d’un pays qu’il a bien connu dans sa réalité moderne, car Angelo Hüsler est aussi l’auteur d’un ouvrage, publié en 2005, intitulé « Du franquisme à la démocratie ».
Jacques Moreillon