Bonjour à vous tous

Le redémarrage sur le chemin à partir de Saint Jacques de Compostelle s'est fait en direction de Monte del Gozo, inutile de vérifier la route, dès le matin les pèlerins en sens inverse 
fournissent de manière pléthorique les indications de la route à suivre. Une observation s'impose, la mode des tenues qui domine en cette saison est aux couleurs flashy un peu comme celles des surligneurs de type stabilo boss.
Rapidement on est initié aux "buen camino, buenos dias, holà.." de manière continue, en étant en contre sens de groupes souvent bruyants qui peuvent sembler vous envahir comme aller à contre sens dans une gare parisienne le matin devant ceux qui vont à leur travail.

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Lors de mon arrivée de la première étape on m'a expliqué comment mettre son sac en position en attendant l'heure d’entrer en prenant le soin de compter le nombre de sacs en fonction du nombre de lits disponibles.
On est au plus haut dans la saison et très vite confronté à une population diverse où l'on rencontre aussi bien les familles constituées, les groupes paroissiaux, les groupes de scouts, les pèlerins de toute nationalités, qui constitue un ensemble à la densité extrême durant la première centaine de kilomètres, ceci pour obtenir de manière minimaliste la credential si convoitée. Il parait que cela donne un plus dans les CV en Espagne.

Je me réjouis dès le lendemain de rencontrer Lourdès et Miguel également en route en sens inverse, mais malheureusement pas pour longtemps. Une vilaine tendinite a cloué Miguel qui doit renoncer au projet de rejoindre Ponferrada comme prévu.

Le nombre de pèlerins blessés en fin de parcours est hallucinant. Je réalise que le camino Francès est pour beaucoup une "usine à stress". Le bruit apparait souvent avant cinq h du matin, et les derniers bavards se calment rarement avant 23 h. La plage de repos est étroite et la recherche de place aux auberges les moins coûteuses ne tolèrent que peu de repos en cours de chemin. Il est indispensable de prévoir l'achat de bouchons atténuateurs de bruits, pour lutter contre la compétition du championnat du monde des ronfleurs qui s'épanouissent avec la fatigue cumulée.
Et plus on se rapproche du but, plus l'excitation collective s'amplifie. Heureusement ce phénomène de masse se calmera peu à peu au bout de 100 km.

Rapidement l'apprentissage de la perte du chemin s'effectue, alors toutes les stratégies sont activées pour y porter remède, telles que le repérage des traces de chaussures, l'attente de pèlerins aux points litigieux qui me servent de fléchage ambulant. Réveillé souvent malgré moi, la marche aux aurores nécessite un repérage un peu plus fin. Heureusement les lucioles du petit matin que sont les pèlerins les plus matinaux en sens inverse avec leurs lampes éclairant le chemin, vous donnent le plus souvent la direction à suivre.

La spécificité des auberges de Galice correspond exactement à ce que l'on peut attendre du concept de l'Auberge Espagnole. C'est à dire qu'il n'y a pratiquement rien ou presque afin de ne pas pénaliser le circuit commercial profitant de la manne économique du chemin, alors il faut également apprendre à prendre le café soluble froid ou tiède du circuit d'eau chaude avant de démarrer en attendant l'ouverture du prochain café rencontré sur la route. Ce sont dans ces auberges que j'ai aussi appris le rasage du soir afin d'éviter la queue et les excitations du petit matin.
Une observation est que le niveau de prix a augmenté considérablement et est multipliée par 2 en 5 ans est partout le même quel que soit la qualité de l'endroit où l'on se trouve.
Avant de quitter cette magnifique région de Galice, je me suis rendu par une variante du chemin vers le très beau monastère bénédictin de Samos. J'ai trouvé lors de la visite la conservation d’anciennes photos exposées dont l'une de Franco et de sa femme accueillis par le prieur du monastère, j'ai pu écouter aussi les accents de la musique celtique au son des cornemuses d'un petit orchestre du village jouxtant le monastère.

Accueil chaleureux du gite de Jésus ancien pèlerin et personnage truculent du chemin qui a aménagé un concept de gite un peu routard près d'une très belle église Romane de Villafranca del Bierzo qui est, comme certains le savent peut être la ville native de notre amie Carmen de Compostelle Cordoue.
Avant d’arriver à Ponferrada, j'ai rencontré une belle personne qui m’a beaucoup touché, une suissesse Aline tractant son enfant de 15 mois depuis St Jean Pied de Port dans une poussette très adaptée. P9
Elle m’a confié que sentant bientôt la fin de son périple, son plus grand regret sera de ne pas continuer son chemin qui l’a porté. S'il existait une médaille du courage et de la vaillance pour des mères de ce type en Suisse, elle honorerait par son périple tous ses citoyens et en particulier les femmes de ce beau pays ami.

Les petits matins des paysages entre plaine et montagne d’ombres étagées comme une calligraphie orientale composant un magnifique tableau. La nature que l’on peut observer lors de la montée vers la Cruz de Hierro par instant peut être éblouissante et l'on peut que s'extasier à la vue des insectes, des papillons sur les fleurs, ou encore à la rencontre d'un faon près du Cebreiro se délectant de pousses tendres, peu effrayé par mon passage.
Et puis aussi la lecture de brefs poèmes un peu comme un haïku tracés sur la pierre (Bonjour à vous tous)

Le redémarrage sur le chemin à partir de Saint Jacques de Compostelle s'est fait en direction de Monte del Gozo, inutile de vérifier la route dès le matin les pèlerins en sens inverses fournissent de manière pléthorique les indications de la route à suivre. Une observation s'impose, la mode des tenues qui domine en cette saison est aux couleurs flashy un peu comme celles des surligneurs de type stabilo boss.
Rapidement on est initié aux "buen camino, buenos dias, holà.." de manière continue, en étant en contre sens de groupes souvent bruyants qui peuvent sembler vous envahir comme aller à contre sens dans une gare Parisienne le matin devant ceux qui vont à leur travail. Lors de mon arrivée lors de la première étape on m'a expliqué comment mettre son sac en position en attendant l'heure d’entrer, mais on prend le soin de compter le nombre de sacs en fonction du nombre de lits disponibles.
On est au plus haut dans la saison et l'on est très vite confronté à une population extrêmement diverse, ou l'on rencontre aussi bien les familles constituées, les groupes paroissiaux, les groupes de scouts, les pèlerins de toute nationalités qui constituent un ensemble à la densité extrême durant la première centaine de kilomètres pour obtenir de manière minimaliste la credential si convoitée. Il parait que cela donne aussi un plus dans les CV en Espagne.

Je me réjouis dès le lendemain de rencontrer Lourdes et de Miguel également en route en sens inverse, mais malheureusement pas pour longtemps. Une vilaine tendinite a cloué Miguel qui doit renoncer au projet de rejoindre Ponferrada comme prévu. Le nombre de pèlerins blessés en fin de parcours est hallucinant. Je réalise que le camino Francès est pour beaucoup une "usine à stress". Le bruit apparait souvent avant cinq h du matin, et les derniers bavards se calment rarement avant 23 h. La plage de repos est étroite et la recherche de place aux auberges les moins couteuses ne tolèrent que peu de repos en cours de chemin. Un achat indispensable est l'achat de bouchons atténuateurs de bruits, pour lutter contre la compétition du championnat du monde des ronfleurs qui s'épanouissent avec la fatigue cumulée.
Et plus on se rapproche du but, plus l'excitation collective s'amplifie. Heureusement ce phénomène de masse se calmera peu à peu au bout de 100 km.

Rapidement l'apprentissage de la perte du chemin s'effectue, alors toutes les stratégies sont activées pour y porter remède, telles que le repérage des traces de chaussures, l'attente de pèlerins aux points litigieux qui me servent de fléchage ambulant. Etant réveillé souvent malgré moi, la marche aux aurores nécessite un repérage un peu plus fin, heureusement les lucioles du petit matin que sont les pèlerins les plus matinaux en sens inverse avec leur lampes éclairant le chemin, vous donnent le plus souvent la direction à suivre ...
La spécificité des auberges de Galice est qu'elles correspondent exactement à ce que l'on peut attendre du concept de l'Auberge Espagnole. C'est à dire qu'il n'y a pratiquement rien ou presque afin de ne pas pénaliser le circuit commercial profitant de la manne économique du chemin, alors il faut également apprendre à prendre le café soluble froid ou tiède du circuit d'eau chaude avant de démarrer en attendant l'ouverture du prochain café rencontré sur la route. Ce sont dans ces auberges que j'ai aussi appris le rasage du soir afin d'éviter la queue et les excitations du petit matin.
Une observation est que le niveau de prix a augmenté considérablement et est multipliée par 2 en 5 ans est partout le même quel que soit la qualité de l'endroit où l'on se trouve.
Avant de quitter cette magnifique région de Galice, je me suis rendu par une variante du chemin vers le très beau monastère bénédictin de Samos. J'ai trouvé lors de la visite la conservation d'anciennes photos exposées dont l'une de Franco et de sa femme accueilli par le prieur du monastère, et j'ai pu écouter aussi les accents de la musique celtique au son des cornemuses d'un petit orchestre du village jouxtant le monastère.

Accueil chaleureux du gite de Jésus ancien pèlerin et personnage truculent du chemin qui a aménagé un concept de gite un peu routard près d'une très belle église Romane de Villafranca del Bierzo qui est, comme certains le savent peut être la ville native de notre amie Carmen de Compostelle Cordoue.
Avant d’arriver à Ponferrada, j'ai rencontré une belle personne qui m’a beaucoup touché, une suissesse Aline tractant son enfant de 15 mois depuis St Jean Pied de Port dans une poussette très adaptée. Elle m’a confiée que sentant bientôt la fin de son périple son plus grand regret serait de ne pas continuer son chemin qui l’a porté. S'il existait une médaille du courage et de la vaillance pour des mères de ce type en Suisse, elle honorerait par son périple tous ses citoyens et en particulier les femmes de ce beau pays ami.

Les petits matins des paysages entre plaine et montagne d’ombres étagées comme une calligraphie orientale composant un magnifique tableau. La nature que l’on peut observer lors de la montée vers la cruz de Hierro par instant peut être éblouissante, et l'on peut que s'extasier à la vue des insectes, des papillons sur les fleurs, ou encore à la rencontre d'un faon près du Cebreiro se délectant de pousses tendres peu effrayé par mon passage.
Et puis aussi la lecture de brefs poèmes un peu comme un haïku tracés sur la pierre où l'ombre se profile sur la pierre, les citations comme celle rencontrée sur un banc d'un coin aménagé de détente sur la route de Théodore Monod qui nous dit en substance "L'utopie ce n'est pas l'irréalisable, c'est l'irréalisé" p17

Les publicités vantant le confort et les services rendus par telle ou telle auberges ou encore un hôtel Canino León proposant toute une gamme de coiffure et de soins pour les chiens participent aussi aux étonnements que l'on peut rencontrer en cours de route.

A León ou avec mes compagnons de chambrée j’ai appris une recette miracle par Nicolas un Français encore blessé par un divorce douloureux, qui l’avait appris d’un Irlandais utilisant un vieux remède de famille pour soigner les tendinites.
    •    On prend du vinaigre de cidre bio en utilisant du coton hydrophile ou des tampons de démaquillage sur la partie douloureuse. Ensuite on bande fermement la potion ou on strappe pendant deux heures précises.
    •    Ensuite avec du bicarbonate de sodium toujours sur les tampons ou coton on forme une sorte d’emplâtre et on rebande de la même manière sur la même durée 2 h. 
J’ai vu l’utilisation sur une jambe douloureuse qui avait fait des excès sur 45 km et miracle après une bonne nuit de récupération et le lendemain le boiteux quasi en instance d’arrêter son chemin s’est mis à trotter de nouveau comme un lapin. Est-ce un effet placebo ou non l’important c’est que « çà marche… », Mais à titre personnel je n'ai pas eu le besoin fort heureusement de tester le processus.

J’ai été un peu surpris à León d’une part du prix assez exorbitant demandé lors des visites de cette église (8 €) qui parait il est une réplique de la cathédrale de Reims, mais aussi d'autre part surtout de l’utilisation à des fins privés de ce monument pour des mariages de fortunés « noceurs » avec une arrivée en Rolls et jaguar et des gardiens filtrant les entrées et ne permettant pas au non invités de pouvoir rentrer dans ce lieu vénérable de la Chrétienté. Cet aspect en situation de crise me semble pour le moins assez édifiant voire choquant…
En revanche j’ai bien aimé la présence ce jour même d’un marché se déroulant sur la place centrale de cette même ville qui change un peu des éternelles tables et chaises pour touristes des cafés environnants comme principale animation du centre urbain.

Et puis la lente progression sur la meseta central, avec ses paysages qui pourraient sembler un peu monotones mais qui sont sans cesse changeants, ou toute nuance attire avec acuité le regard de celui qui chemine. Et puis les curiosités renouvelées des formes de chemin,  ombrelles sur le sac à dos, p16
le parcours pour les uns du toujours plus vite sur la route en bordure cela peut être en rollers, en patinette, ou encore en skate board, le regard tourné non pas vers l'intérieur mais souvent sur le mobile, et puis les musiques qui parasitent parfois le calme recherché…J'avoue que j'ai un peu de mal à me situer avec toutes ces nouvelles formes.
Je suis passé par la petite ville de Fromista qui abrite un des joyaux de l'art Roman Espagnol. (
Ph 18 Fromista). Malheureusement à moins de 10 mètres de l'église ont été accordé deux permis de construire à vocation touristique dont l'une des constructions a été arrêtée et est en vente avant d'être terminée. Cet exemple est un des témoignages du phénomène de crise qui par faute de perspective et de financement a lourdement frappé dans son ensemble le parc immobilier Espagnol. Par ailleurs on pourra aussi relever que l'on est beaucoup moins soucieux de conserver un périmètre suffisant permettant de mettre en valeur les plus beaux monuments.

Et puis surprise à la sortie du village de Castrojeris une animation avec force motards précédant la course cycliste régionale de la vuelta avec les caravanes de cortèges d'annonceurs annonce la progression de la marche en direction de Burgos.
A partir de là, j'ai décidé de quitter le camino Frances en direction du chemin de l'intérieur appelé aussi le camino San Hadrian qui traverse le pays Basque en passant par la très belle ville de Vitoria Gasteis  en direction de Irun.

Fini les excitations du petit matin et la course à l'échalote pour trouver une auberge. Les trois premières étapes je n'ai rencontré aucun pèlerin et les hébergements étaient vides. A Miranda del Ebro lors de la traversée de l'Ebre, m'est venue en tête l'un des chants populaire de la guerre d'Espagne "Han pasado el Ebro…".
Et puis progressivement le chemin m'a conduit dans la région Basque qui est marquée par ses traditions. Ce qui est remarquable est que la langue longtemps interdite est parlée surtout à la fois par les très anciens vivant dans des régions reculées, et maintenant par toutes les nouvelles générations. Deux types de langages parlés cohabitent, les patois Basques locaux qui se différencient parfois d'une vallée à l'autre et la langue permettant d'unifier l'ensemble du pays basque appelée Euskera Batua que tout le monde comprend. J'ai pu remarquer que la langue Basque dans son ensemble se prête admirablement à l'apprentissage d'autres langues et lorsque l'on parle le Français l'accent Espagnol disparaît pratiquement au profit d'un parler étonnamment proche de notre langue.

On peut observer quelques aberrations des constructions des années avant la crise comme des passerelles en pleine campagne permettant d'accéder de l'autre côté d'une voie ferrée ne servant à rien et totalement en désuétude ou encore dans un petit village la présence d'un ascenseur d'une hauteur de plus de huit étages permettant d'accéder aux quartiers périphériques sur les hauteurs
Les traditions restent vivaces et les animations sont présentent ou la "force basque" est mise en valeur, ou encore l'esprit des fêtes votives des villages qui rassemble toutes les générations des villages environnants. Chacun participe à sa manière, on n'hésite pas à se déguiser et se fondre dans une atmosphère de gigantesque kermesse joyeuse, enflammée et bon enfant.

J'ai été frappé aussi par l'engagement de nombreux villages avec des parrainages avec la Palestine ou encore la région de l'ancien Sahara Espagnol annexée par le Maroc contestée par l'Algérie aujourd'hui. On peut également remarquer le fort engagement des vallées contre les éoliennes, les lignes électriques sauvages qui dénaturent les paysages.

Le repli identitaire se remarque dans l'ensemble des régions d'Espagne, mais elle est plus visible dans les régions qui manifestent leur opposition et leur volonté d'autonomie, c'est le cas en particulier pour la Catalogne, le Pays Basque, et dans une moindre mesure en Galice.
De moins en moins, on se reconnait dans le pouvoir de Madrid. Dans la presse il est évoqué de nombreux scandales financiers et de corruption qui concernent souvent la classe politique au plus haut niveau de l'état et qui fragilisent des institutions. Celles-ci sont fortement contestée en particulier pour le cas de la classe des intouchables que sont les Aforados qui échappent aux règles de droit d'une justice qui fonctionne à deux vitesses.  Ce phénomène est unique en Europe, ils sont plus de 17.000 protégés (en France seuls les ministre et le Président de la république en exercice bénéficient de ce type de protection) , et chacun sait par exemple que l'infante Christina sœur de l'actuel roi d'Espagne ne sera jamais condamnée pour des actes avérés de corruption, il en est de même pour toute la classe politique comme les députés des Cortes, les représentants du sénat, des régions, qu'ils soient en exercice ou non. Nombreux sont les commentateurs politiques qui manifestent leur désir de voir ce phénomène disparaître en voulant amender leur constitution et faire murir cette jeune démocratie.

Et puis au fil des étapes je suis redescendu vers Irun à quelques pas de mon arrivée en France ou m'attendaient ma sœur Morice et son amie Geneviève p29
une grande voyageuse qui a à son actif d'avoir à plusieurs reprises cheminée sur les chemins de Saint Jacques chez qui elle séjournait et qui m'a accueilli de manière chaleureuse et très attentive le lendemain à Anglet à la sortie de Biarritz. C'est avec cette dernière touche de terre Espagnole que je vous quitte et vous compterai la dernière phase de mon chemin en direction de Chartres et Paris ou m'attendent lors des derniers 100 km mes amis de Compostelle Cordoue pour finaliser ce grand parcours tout autour de la Méditerranée.

Bzzz à tous