Bonjour à tous les enfants du collège Oscar Romero, à leurs animateurs, à l’enfant@l’hopital, à l’association Compostelle Cordoue, famille, amis et à tous.

Nous sommes arrivés à Constantine accompagnés par une sécurité renforcée, se présentant comme étant une garde rapprochée tout au long de notre séjour. Nous avons été accueillis merveilleusement par le père Jean-Marie vicaire de l'évêché au Bon pasteur qui accueille les visiteurs de passage dans l'après midi de la veille du premier de l'an et nous y avons séjourné 3 nuitées.

 

Vue de Constantine

Nous avons été séduits par cette ville entaillée par des gorges profondes qui nous a fait penser à la ville de Rondo en Andalousie, capitale de la tauromachie  dont les quartiers sont reliés par des ponts. Actuellement un magnifique ouvrage d'un nouveau pont suspendu est en voie de finition. Il permettra de désengorger la ville en proie à de perpétuels embouteillages.

 


La nuit du réveillon nous avons été cordialement invités à la partager avec les jésuites et quelques invités dont André et moi. Pour moi cela a été une surprise de découvrir une telle chaleur et simplicité de personnes qui vivent en Algérie parfois depuis plus de quarante ans et dont plusieurs sont naturalisées depuis longue date et qui ont partagé ensemble les évènements de ce que l'on appelle pudiquement "les années noires" . Ces évènements ont fortement bouleversé l'ensemble des Algériens. Les traumatismes restent encore vivaces dans les esprits de beaucoup mais que chacun cherche à oublier pour se tourner vers l'avenir. A aucun moment il n'a été fait mention de cette période par cette assemblée si fraternelle qui éprouve un réel amour qu'ils servent au mieux en respectant profondément ce pays et les croyances de chacun.

J'ai eu la joie de revoir Paul Lafarge Evêque de Constantine et d'Hippone et Jésuite que j'avais eu le privilège de rencontrer à Amman lors de mon premier voyage peu avant Noël en 2011 avant de rejoindre la communauté de Mar Musa en Syrie et Paolo D'all Oglio, actuellement disparu depuis plus de six mois et dont on est sans nouvelles. Ayons tous une pensée pour lui, bien que les espoirs de le retrouver vivant restent faibles, nombreux sont ceux agissent pour sa libération à Paris comme à Rome et à Beyrouth.

Le lendemain, le premier jour de l'an a été l'occasion d'un repas après la messe avec une partie de la communauté Chrétienne, en particulier celle des Philippins qui sont arrivés les mains pleines de mets délicieux. Le père Jean-Marie m'a communiqué un texte poignant de ces hommes expatriés pour leur travail sur les chantiers et leurs difficultés de vivre leur éloignement de manière équilibrée dans leurs familles dont les liens souvent distendus sont la sanction de cette vie au travail sur des chantiers et qui témoignent de leur profonde solitude et pour certains de leur mal être.

Nous avons été invités à partager un repas avec Paul Lafarge le jour suivant. Paul a eu un très beau geste celui de servir tous ses invités ce qui a beaucoup ému André mon compagnon de marche et moi même. Il a dédicacé notre livre de contacts et accepté de se prêter à une photo commune qui restera pour moi très chère.

Et puis après nous être bien reposés nous avons repris le cours normal de notre marche. Depuis notre départ de Constantine les étapes suivies ont été celles-ci : Intersection oued Seguin, Chelghoum El Aïd, Tadjenanet, El Eulma, Sétif.

Un petit mot sur la sécurité qui nous accompagne et qui se renforce de jour en jour. Au début nous trouvions cela assez coquasse. Nous avons trouvés des appellations qui les distinguent comme " les petits verts " (gendarmerie), " les petits bleus " (la police), nous trouvions même drôle les arrêts de circulation pour laisser les deux vieux routards au sac à dos. Tenez cela me faisait penser à un des derniers albums de Tintin de voir un policier assez rond, que nous nous sommes empressés de baptiser "Garcia" et qui nous faisait de grands sourires ajourés en bloquant les rues sur notre passage. Parfois nous avons même été accompagnés par des motards complétant l’équipe nous assurant notre sécurité.

Nous avons toujours eu des rapports extrêmement cordiaux voire amicaux avec toutes ces personnes. Nous avons évalué que les coûts liés à cette sécurité en proportion pouvait augmenter les frais de notre voyage plus de cinq fois ce que nous dépensons au quotidien. Un jour notre escorte se composait de pas moins de 16 personnes se répartissant tout au cours de notre trajet de marche. Là nous avons compris que l’on nous offrait un vrai cadeau pour que notre périple puisse se dérouler au mieux et nous sommes infiniment reconnaissants aux autorités Algérienne.

Parfois nous étions amenés à faire quelques explications pour ne pas trop perturber la sérénité des marcheurs qui avaient du mal à maintenir des contacts avec nos amis de rencontres lors de nos passages.
Nous avons été séduits par de magnifiques paysages sur les hauts plateaux avec des teintes hivernales de toute beauté de ce magnifique pays. Les photos qui accompagnent ce texte en sont les témoignages. En particulier lorsque le temps est changeant des couleurs splendides nous révèlent les facettes de la diversité et richesse des paysages.
Oui la marche à pied nous permet de vivre des moments inoubliables que nous essayons de partager avec vous.
Les étapes dans les petites villes sont autant d’occasion de vivre et partager des instants rares. J’espère que vous aurez tous le goût d’en faire autant, bien sûr si vous vous en donnez l’occasion. Et puis ces sourires francs, directs qui vous atteignent au plus profond de l’âme nous transportent.

Avant d’arriver à Sétif nous nous sommes arrêtés à El Eulma chez un de nos amis de la tarîqa Alawiya, qui nous a reçus comme des princes dans cette petite ville si vivante dans laquelle on retrouve au gré du temps des traces de l’ancienne ville coloniale.

Sétif a été l’occasion de se recueillir auprès du monument modeste dédié au jeune scout Saad Bouzid dont on dit qu’il a été le premier mort d’une tuerie épouvantable au lendemain de la guerre le 8 mai 1945 qui a initié une guerre d’indépendance pour la justice et la liberté. Nous y avons déposé un petit mot dans un bouquet de fleurs comme témoignage à l’esprit de paix.

A partir de Sétif, nous avons reçu un appel de Rachid Redjai notre ami de la tarika Alawiya qui nous a conduits directement à Borj Bou Arreridj. A partir de ce point nous sommes revenus en arrière et avons effectué deux arrêts d’étape à Mahdia, et Bir Kasdali.
Du fait de la faiblesse de la structure hôtelière, nos hébergements se sont concentrés sur Borj Bou Arreridj. L’ensemble de ces étapes a pu se dérouler en effectuant des allers-retours.

Pour plus de fluidité et de facilités de suivi, l’équipe de sécurité nous a proposé d’utiliser leur véhicule de service pour faciliter nos transferts, ce qui a fait notre bonheur à tous et que nous essayons de perpétrer lors des changements d’équipes chargés de notre sécurité d’une wilaya (région équivalant à notre structure départementale) à l’autre, et des secteurs parcourus.

Avant de quitter les hauts plateaux nous avons rencontré Farouk que nous avions rencontré à Annaba affublé d’un chapeau renforçant son allure de manager au style un peu manouche. J’ai été ébloui des soins prodigués à son oiseau de compagnie à qui il a fait prendre l’air lors d’un repas qu’il nous a offert ainsi qu’aux personnes chargées de notre sécurité. Aux portes de l’entrée en Kabylie, nous avons été escortés par une équipe de plusieurs véhicules de la Gendarmerie, dont un blindé léger. Peut être que cela nous a semblé un peu trop mais nous nous essayons de nous harmoniser au mieux avec ces directives dont les procédures peuvent sembler parfois excessives, mais qui traduisent le souci de faire au mieux.

La suite à la prochaine livraison…

Bzzz à tous