Ses fondateurs (Louis Mollaret, André Weil) et sa fondatrice (Gabrielle Nanchen) voulaient orienter différemment notre regard sur les arabes, à l’opposé de celui proposé par la légende de St Jacques Matamore qui, en la cathédrale de Compostelle, juché sur son cheval, piétine les Maures. Marcher à l’envers des pèlerins de St Jacques, partant de Compostelle pour aller vers Cordoue ! Afin d’y célébrer le « vivre ensemble » de l’Al-Andalus, où cosmopolitisme et tolérance régnèrent pendant plus de quatre siècles. Tel fut en automne 2010 notre acte fondateur. La devise de notre association franco-suisse , Marcher-Dialoguer-Comprendre, dit bien l’élan vers l’autre qui anime les marcheurs. Depuis ces dix années, nous avons traversé neuf pays et régions qui ont connu des conflits ou au contraire des réconciliations : Espagne, Maroc (avec les soufis d’Aïssa), Assise, Liban, Suisse (Nicolas de Flüe), Bosnie (Srebrenica), Palestine et Jérusalem, Bourgogne (Taizé), Côte d’Armor (pèlerinage des Sept dormants).Vivre dans ses jambes, avec son coeur et son esprit, la rencontre de l’autre qui pense et croit différemment de soi, voilà l’extraordinaire richesse partagée au cours de nos marches et de nos rencontres avec différentes communautés croyantes ou laïques. Notre participation régulière à différents colloques (dont Château Mercier à Sierre) nous ont éclairé sur les vrais enjeux du vivre ensemble : dépasser les préjugés que renforcent immanquablement les conflits de toutes sortes. Eviter le repli sur des identités religieuses ou culturelles exclusives.

Cet anniversaire, nous avons voulu le fêter en nous rapprochant des jeunes. Ainsi avons-nous marché avec une vingtaine de scouts musulmans et chrétiens de Toulouse et de Paris. Notre colonne de cinquante marcheurs s’est étirée le long de magnifiques sentiers du pays occitan. L’explosive joie de vivre de ces jeunes et leur sens du service nous ont contaminés et rendu notre propre jeunesse. Les rencontres que nous avons faites avec les représentants decommunautés musulmane et juive à Montauban, protestante à Puylaurens, bouddhiste à Marsens, et bénédictine à En Calcat,nous ont redonné la confiance qu’apporte la diversité des échanges, des croyances et des rites.

Les cinquante marcheurs et marcheuses de notre association forment ainsi une petite famille qui veut, par son témoignage et son action, croire contre vents et marées que la rencontre fraternelle, celle que nous osons mener et qui change notre points de vue sur l’autre, n’est pas une utopie.

Alain Simonin, Président de Compostelle-Cordoue

septembre 2019

A cette occasion Gabrielle Nanchen a ouvert les pages de son album souvenir de cette association, voir dans la rubrique "l'association"