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7sleepersL'empereur Dèce ordonnant l'emmurement des Sept dormants. D'après un manuscrit du XIVe siècle. © DPOn trouve aujourd'hui une dizaine de sites, tant chrétiens que musulmans, du Maghreb à la Chine, qui s'enorgueillissent d'une grotte des Sept dormants ou des Gens de la caverne.

Une légende à redécouvrir en ce mois de novembre 2018, à l'occasion de la semaine des religions.

La légende raconte que pour échapper aux persécutions de l'empereur romain Dece (249-251), sept jeunes chrétiens se réfugient dans une grotte au mont Célion, près d’Éphèse, en Turquie actuelle. Mais ils y sont découverts, emmurés vivants par des soldats, et l'entrée de la grotte est gardée par un chien. Deux siècles plus tard, ils se réveillent et vont à la ville chercher du pain. Tous les habitants sont effarés. Les «sept dormants» témoignent de leur aventure et se ré-endorment pour l’éternité dans la grotte.

On trouve des traces d'un culte des Sept dormants à Éphèse dès 450. Grégoire de Tours en rédige une version latine en 587. Des éléments de cette légende apparaissent aussi dans la sourate 18 du Coran, qui est lue aujourd'hui chaque vendredi. La légende s’étend vers la Syrie, l’Égypte et l’Abyssin, et en Occident chrétien. Ainsi, ce sont probablement des marchands orientaux d'étain qui l'ont véhiculée jusqu'en Bretagne, où on trouve un dolmen de la chapelle des Sept dormants (XVIIIe siècle) au Vieux-Marché près de Lannion. Le récit s'est alors mélangé avec la tradition des pardons (pèlerinages) bretons. L'islamologue français Louis Massignon a remis en valeur ce lieu au moment de la guerre d'Algérie, comme manifestation pour la paix et la fraternité entre musulmans, chrétiens, et humanistes. Chaque année, depuis 1954, un pardon islamo-chrétien est organisé le quatrième samedi de juillet dans cette commune de Vieux-Marché, qui voit chrétiens et musulmans converger vers la chapelle des Sept dormants.

J'ai moi-même participé, le 22 juillet dernier, avec l'association Compostelle-Cordoue (marcher, dialoguer comprendre), à cet étrange pèlerinage qui rassemble chaque année des centaines de Bretons et de visiteurs venus de partout. Imaginez, dans cette région très catholique de France, un petit cortège de plusieurs centaines de personnes qui, après avoir participé à une messe présidée par l’évêque d'Evry, Mgr Dubost, membre du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux, rejoignent à quelques centaines de mètres de la chapelle, la source des Sept saints. Là, au cœur d'une clairière baignée d'un mystérieux silence, ils écoutent un jeune imam réciter en arabe la longue sourate 18 du Coran: «Nous allons te raconter leur histoire en toute vérité. Ce sont des jeunes gens qui croyaient en leur Seigneur et nous les avions affermis dans la voie droite...»

Cette sourate, qui entremêle plusieurs récits apparemment disparates, notre groupe de 25 marcheurs s'en est laissé imprégner durant toute la semaine précédant le pèlerinage, sur les chemins côtiers du pays d'Armor; comme du reste du texte de la légende latine. Ces écrits nous ont inspirés, à nous chrétiens, musulmans et agnostiques d'aujourd'hui, des réflexions et des échanges d'une grande richesse. Comme si nous étions nous-mêmes entrés dans cette caverne des Sept dormants, tour à tour matrice de croissance intérieure, protection face à l'inconnu à vivre, abandon à des forces venant du plus profond de soi, renaissance, confiance, plénitude. Lors de notre cercle de dialogue final, au Vieux-Marché, toutes ces résonances ont été exprimées et recueillies par un scribe-témoin de ce récit collectif qui sert de mémoriel à nos marches annuels.

A la source des Sept saints, cette année, j'ai ressenti pour la première fois qu'entre ma foi de chrétien et la foi de mes compagnons musulmans, il y avait des ponts, et que vers nous coulait, d'une source commune, une eau vivifiante. Celle qui pourrait nous sortir de notre torpeur ou de nos angoisses contemporaines. Comme Lazare de Béthanie dont le Christ a dit: «Il est seulement endormi, je vais le réveiller».

Rédigé par Alain Simonin président de C-C

dormantsÀ lire pour en savoir plus sur cette légende:
Les 7 dormants ou les gens de la caverne. Héritage spirituel commun aux chrétiens et aux musulmans.
Saint-Léger 2018, 242 p.

 

En octobre 2010, une trentaine de marcheurs cheminent de Mérida, en Estrémadure, vers Cordoue, 60 km plus au sud, en Andalousie. Trois autres sont partis, deux mois auparavant, de Compostelle. Ils marchent en sens contraire des habitudes. Pourquoi?

L’association Compostelle-Cordoue, franco-suisse et laïque, était née, à l’instigation de Gabrielle Nanchen

C’est qu’ils ne veulent pas célébrer la «Reconquista», au XIIIe siècle, des rois catholiques contre les dynasties arabes installées depuis le VIIIe siècle en Al-Andalus. Ils souhaitent plutôt restaurer la «convivencia», l’art de vivre ensemble et de partager des connaissances entre cultures différentes, dont Cordoue s’est fait le symbole pendant plus de trois siècles. Un congrès réunissant plusieurs fins connaisseurs du monde arabe vient clore cette marche. L’association Compostelle-Cordoue, franco-suisse et laïque, était née, à l’instigation de Gabrielle Nanchen, ancienne conseillère nationale. Trois buts animent les quelque soixante membres actuels: marcher, dialoguer, comprendre (les jambes, le cœur, la tête).

Marcher, c’est l’esprit de Compostelle. Se mettre debout, aller vers l’inconnu, se confronter à l’effort, jouir de la beauté des paysages et de l’hospitalité des habitants: Tanger-Moulay Abdessalam, au Maroc, en 2012; Assise, sur les traces de saint François, en 2013; Ranft-Berne, inspiré par Nicolas de Flüe, en 2014; Macon-Taizé, sur le thème de la réconciliation, en 2017; pèlerinage des 7 dormants en Bretagne en 2018. L’association participe également à des marches locales: vivre ensemble à Cannes, marche interconvictionnelle à Toulouse. Nos marches rassemblent en général des personnes de toute conviction: chrétiennes, musulmanes, juives, agnostiques, athées. Dialoguer, c’est l’esprit de Cordoue, être à l’écoute de l’autre, différent dans l’acte même de se déplacer physiquement et mentalement, notamment dans la pratique des «cercles de conversation» qui, après chaque marche, permettent l’échange fructueux des expériences vécues par les marcheurs de différentes cultures et convictions.

Comprendre, c’est le retour vers l’histoire des contrées traversées, pour témoigner de nos rencontres, en particulier lorsque ces contrées ont été le théâtre de conflits: le chemin de paix de Srebrenica, en Bosnie, en 2015; le chemin d’Abraham en Palestine et Jérusalem en 2016. Chercher à comprendre, c’est aussi participer activement à des rencontres internationales, notamment les Rencontres Orient-Occident du château Mercier, à Sierre, chaque année en juin.

Nous sommes une petite famille de témoins amoureux de la marche, du dialogue et de la joie que procure une compréhension profonde de l’autre , différent. Ce n’est pas sans conflit, lorsque la différence nous déroute, lorsque la compréhension se dérobe. Mais, grâce aussi à nos rencontres internes annuelles, les Printanières, le dialogue reprend toujours et les décisions unanimes peuvent se dessiner.

Rédigé par Alain Simonin, Président de Compostelle-Cordoue

Publié dans la Tribune de Genève le 13 sept. 2018

Le 9 juillet, Dorothée et Guy , organisateurs de la marche des 7 dormants en Bretagne ont présenté cet évènement sur Radio Notre Dame,

le lien pour écouter l'émission ( 11 min) : https://radionotredame.net/emissions/rencontre/09-07-2018/

Une belle présentation de nos amis.

La rencontre annuelle de Saint-Antoine-l'abbaye a été l'occasion pour RCF de mieux connaître et faire connaître Compostelle-Cordoue.

Nous l'en remercions et sommes heureux de vous inviter à écouter cette émission disponible à partir du lien suivant :

https://rcf.fr/sites/default/static.rcf.fr/diffusions/2017/04/07/RCF06_VIVRENS_20170407_1130.mp3

Emission enregistrée par Pierre Nicodème sur notre marche en Palestine

https://rcf.fr/sites/default/static.rcf.fr/diffusions/2017/04/07/RCF06_VIVRENS_20170407_1130.mp3

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