De Dominique Chappot Président de l’Association Compostelle-Cordoue (Sion, le 18.04.2014)
Chers amis de Cordoue, chers marcheurs infatigables.
Nous sommes fiers et heureux, au nom de l’association Compostelle-Cordoue, de saluer l’aboutissement de votre périple autour de la Méditerranée.
Vous avez eu le courage de traverser des contrées que nos gouvernements qualifient d’inhospitalières voir dangereuses. Vous avez vécu des situations dignes des romans d’aventures et vous avez rencontré des gens exceptionnels qui ont cassé tous les clichés occidentaux. Vous vous êtes dépassés au niveau physique et mental pour parcourir avec un minimum de moyens des distances considérables. Et tout cela, nul doute, vous a enrichi et encore ouvert l’esprit. C’est grâce à des gestes comme le vôtre que je ne désespère pas de l’humanité.
Depuis le début de l’association, nous avons misé sur la possibilité de l’être humain de devenir à la fois plus humble et plus grand en prenant le risque de découvrir l’Autre, en prenant le risque de confronter ses croyances, en prenant le risque de questionner ses certitudes. C’est ce qu’on appelle la maturité. Merci de nous le rappeler dans votre démarche très concrète et exemplaire.
C’est à Cordoue que j’ai découvert les fondements de l’association et c’est à Cordoue que vous faites aboutir votre périple. Il est temps que cette cité fasse rayonner les enseignements de son passé. Nous rêvons de ne plus avoir besoin d’expliquer aux Européens ce que représente la convivencia, la possibilité de coexister avec nos différences, non seulement en se tolérant, mais en construisant ensemble des passerelles pour un nouveau monde. Ce n’est pas seulement un espoir, un idéal lointain : Cordoue nous rappelle que cela a été possible dans le passé et vous nous montrez aujourd’hui, avec vos pieds, avec votre tête, avec votre cœur, que c’est une réalité vivante.
Merci et bravo Matthieu et Jean-François, pour ce que vous avez fait et pour ce que vous représentez. Au nom de toute l’association et par la voix de son vice-président, je vous salue chaleureusement et je remercie nos amis de Cordoue pour leur accueil.
Et nous vous disons « à très bientôt ».
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De Alain Simonin
Cher Jean-François, cher Matthieu, cher André,
Nous somme entre le Vendredi saint et le Dimanche de Pâques. Vous êtes arrivés il y quelques jours à Cordoue après, chacun à votre manière, un immense périple sur les routes dangereuses de cinq pays meurtris dans leur chair et dans leur espérance : l’Égypte, la Libye, la Tunisie, l'Algérie, le Maroc et l'Espagne.
Vous avez cheminé comme d'humbles et courageux pèlerins, confrontés à vous mêmes, corps et esprit, allant à le rencontre des habitants de ces pays qui vous ont parlé de leurs espoirs déçus mais aussi de leur courage à vivre et à espérer malgré tout. Chacun de vos pas étaient comme la petite goutte d'eau que le colibri de notre ami Pierre Rabhi verse sur l'incendie qui s'est allumé dans la forêt.
Car, marcher chaque jour avec autant de libre conviction, relié à vous-même dans le silence de celui qui est ébloui par la beauté qui l'entoure, c'est aussi s'étonner de la misère et de l'oubli dans lesquels la communauté humaine laisse certain d'entre eux, au bord des routes.
Alors votre belle persévérance de chaque pas qui s'ajoute à un autre, n'est-elle pas comme un cri muet, comme un appel pressant: quand est-ce que la paix va vraiment se mettre en « marche »? La paix des armes, mais aussi la paix sociale, la paix économique, la paix des croyants ?
En cette semaine sainte qui nous rappelle un autre cri pour une humanité réconciliée avec elle-même, je reçois, comme d'autres sans doute, votre magnifique geste de pèlerin, comme une offrande faite aux hommes et aux femmes que vous avez rencontrés sur votre chemin, une offrande à votre humanité à vous de courageux marcheurs, une offrande à nous tous, habitants d'une terre qui ne sait pas encore s'aimer, s'entraider, se réjouir d'elle-même.
Merci à vous trois au nom de tous les marcheurs et marcheuses de l'association Compostelle-Cordoue.
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De André Weill
Mathieu, Jean-François, héros modestes et anonymes, vous avez porté ce projet en notre nom, et vous arrivez victorieusement aujourd’hui à Cordoue, après six mois de persévérance. Votre succès est la preuve que l’Esprit de Cordoue n’est pas mort, mais bien vivant. Cet Esprit qui prône les valeurs de la rencontre, du dialogue et du vivre ensemble. Vous avez notre gratitude.
Votre pèlerinage a réuni dans une même lumière, trois icônes médiévales, trois référents majeurs pour l’Europe aujourd’hui : le chrétien François d’Assise, le juif Maimonide et le musulman Averroès.
Chaque pas vers « l’Esprit de Cordoue » a été comme une graine semée, promesse de paix donnée aux Enfants du Monde.
Oui, ce périple a été et restera une lumière et un espoir. Pour moi personnellement bien sûr, mais aussi pour notre association et, je le souhaite, pour le monde entier.
Ce pèlerinage restera un grand pas pour l’humanité. Oui, l’histoire retiendra que ce sont vos sandales pèlerines qui ont dessiné le premier cercle de paix autour de la Méditerranée.
Ici, à Cordoue, ici à la Mezquita, ici à la Calahorra, on le sait mieux que nulle part ailleurs. Bien que différentes, les trois cultures sont nées des mêmes eaux. Des eaux qui ne séparent pas, mais qui, au contraire, accueillent chacun dans sa propre humanité.
Cette cérémonie d’arrivée à Cordoue est, pour notre association, l’occasion de dire notre affection au père Paolo Dall‘Oglio, qui était avec nous ici en novembre 2010, qui nous a accueilli au sein de la communauté de Mar Musa à plusieurs reprises et dont nous sommes sans nouvelles depuis le 29 juillet dernier. De même que nous n’oublions pas l’amitié chaleureuse de Teresa d’Outreligne et de Marisa Caballero Martos.
Bien sûr, ce projet a été soutenu par de nombreuses institutions et personnalités internationales. Ce fut un honneur utile et précieux. Mais, la plus grandes des satisfactions, c’est que ce projet a été suivi par les enfants de l’association « L’enfant@l’hôpital ». Oui, je vous le dis avec force, vous les enfants, vous les petits, les humbles, les sans grades, vous êtes assurément le plus grand et le plus authentique espoir de paix dans le monde d’aujourd’hui.
Last but not least, vous me permettrez ces quelques mots personnels : cet automne en Inde, dans ma solitude himalayenne, durant ces trois mois d’assise désirée, je ne me suis jamais senti séparés de vous. Votre présence sur le chemin m’a porté. En mars, au Maroc, comme un ouvrier de la 25ème heure, mes pas ont pu se joindre aux vôtres. De cela, profondément merci.
Merci mes frères en humanité. Merci à toi, Jean-François, merci de ta foi inébranlable. Merci à toi Matthieu, merci de ta parole indéfectible. Que Dieu vous bénisse. Ultreïa !