Matthieu de Lamarzelle, membre de l'association Compostelle-Cordoue a entrepris à l'automne 2013 une marche au départ du Caire avec l'intention de rallier Cordoue. Cette marche est symbolique du trajet de l'exil de Maïmonide, médecin et philosophe juif, né à Cordoue le 30 mars 1135, qui, après avoir été chassé de Cordoue a fini sa vie à Fostat dans la banlieue du Caire le 12 décembre 1204. 

Ces pages  donnent un résumé de cette nouvelle aventure de Matthieu et proposent des liens vers les textes qu'il a pu faire parvenir à sa soeur Morice, membre de l'association. Pour des nouvelles plus fraiches, merci de vous mettre en rapport avec elle : + 336 62 82 63 58 et + 331 45 22 41 50.

 

Ce projet avait été élaboré avec André Weill et Jean-François Duchosal qui ont renoncé à y participer dans les circonstances actuelles. Jean-François marche depuis la Suisse à travers l'Italie (passé par Assise, il est arrivé à Rome le 10 novembre). Il devrait rejoindre Matthieu qui se trouve en ce moment en Tunisie (dernier passage connu Kairouan). André poursuit un projet personnel dans un ashram en Inde (" en assise, en accord, en admiration et en silence " selon un message du 3 novembre).

Parti début septembre, Matthieu a été contraint de revenir à Paris après avoir connu des déboires dans ses premiers jours de marche, en particulier le vol de son sac sous la menace. Il est ensuite reparti.

Voici son premier message du 30 septembre :

Après le vol de mon sac et plusieurs autres petits pépins, j’ai dû revenir à Paris pour me rééquiper, et repenser ma route en minimisant le danger. Je viens de rentrer à Alexandrie en pleine forme ce matin et reprendrai ma route vers El Alamein à partir de demain mais de manière beaucoup sécurisée et en majeure partie en transport locaux en Egypte et en Libye.

Vous pourrez lire ci-dessous les autres les messages reçus de Matthieu. Ils sont présentés avec le minimum de corrections, et sans les photos, non encore récupérées. La présentation n'est pas géniale. Les responsables du site s'en excusent mais préfèrent ne pas retarder la publication pour des questions de forme.

EGYPTE

Le Caire, Couvre-feu

Arrivée de l’aéroport au centre-ville du Caire lundi 16 septembre 2013 au soir, avant le couvre-feu à 23 h ce soir.

Deux photos, Le Caire et Alexandrie, voir

Accueil chaleureux de Mohammed et Sony dans un hôtel quasi vide dont le dernier touriste un japonais remontait à la semaine dernière. Avoir choisi un hôtel près de la place Tahrir est également un bon endroit pour apprécier une situation.
Le soir du balcon de ma chambre, je peux voir lors du couvre-feu, à moins de 50 m, un des blindés de la colonne d’une cinquantaine, stationnée le jour le long de la rue qui borde le musée. Les traces des derniers événements meurtriers sont aussi visibles.
Plusieurs tags sur les murs marquent les derniers événements comme les premières victimes transformées en martyrs comme des Anges au paradis.
On retrouve aussi les barbelés pouvant resservir le cas échéant, un bâtiment brûle, on peut l’apercevoir près du musée. L’accès de la station de métro est fermé.
Certains clients de l’hôtel peuvent aussi porter des uniformes, et être chaussés en ranger : le décor est planté. L’atmosphère reste quand même assez lourde, un peu comme le temps qui est encore très chaud en cette saison dépassant les 35°.
Bon admettons que cette acclimatation dans cette ville très polluée fasse aussi partie du challenge.
Comme nous avions l’intention, j’ai donc privilégié le quartier d’Al Fostat ancien campement Omeyyade où l’on retrouve les plus anciennes traces d’occupation des trois religions et cultures du Caire et du monde méditerranéen.

 Al Fostat

Ainsi j’ai pu me rendre dans le quartier Copte, près du métro Mar Gergis [Saint Georges], j’ai pu sympathiser avec Horeb me rappelant que l’ancienne Egypte des pharaons n’est vraiment pas loin. Les visites se font en famille et marquent ainsi leur appartenance à leur communauté.

A côté des Coptes plusieurs lieux religieux, comme un Saint Puits ou la Sainte famille se serait désaltérée, un couvent de Sœurs orthodoxes où seule une vieille nonne endormie à l’entrée révélait l’identité du lieu.

La synagogue Ben Ezra quant à elle, est à quelques centaines de mètres. On y a retrouvé dans la genizah des trésors d’anciens documents hébraïques, comme par exemple le contrat de mariage d’un des fils de Maimonide. Actuellement ces documents sont éparpillés dans différents lieux, la plupart à l’étranger. Ceux qui assurent le gardiennage de la synagogue sont musulmans, appuyés par trois policiers armés. J’ai trouvé la fouille assez méthodique pour le seul touriste visitant les lieux, avec une bonne surprise le thé offert avec des chaleureux « welcome in Egypt ».

Le dernier endroit visité a été la plus ancienne mosquée d’Afrique qui s’appelle Amr Ibn Elas. Le lieu a été remanié certainement plusieurs fois et peu de traces anciennes restent visibles, mais ce lieu demeure très apaisant et je m’y suis également recueilli.

J’ai pu sympathiser avec plusieurs personnes dont un commerçant, Hamra, qui souffrait terriblement de l’absence du tourisme constituant l’essentiel de ses clients. Il a pu exprimer une reconversion du coton de qualité au Mexique ou en Inde autour d’un bon thé.

 

Les pyramides de Gizeh

 

Je n’ai pas pu résister aussi à la visite des pyramides, chevauchant une bonne et docile jument dénommée Samra. J’ai pu cavaler dans un lieu vraiment désert et absolument magnifique me prenant un très bref instant pour Indiana Jones en m’offrant en prime, de bonnes courbatures qui restent quant à elles particulièrement vivaces.

 

Alexandrie

 

J’ai pris la route pour Alexandrie vendredi. J’y serai encore aujourd'hui pour un départ prévu demain. Je suis retourné au même hôtel qui m’a hébergé les derniers jours de mon périple en 2012. L’expérience de la marche rependra demain et j’essaierai de vous communiquer des nouvelles dès que possible. Comme d’habitude les avis divergent en ce qui concerne les conditions de sécurité.

 

J’ai pu également aller au centre culturel des Jésuites d’Alexandrie ou j’ai pu sympathiser avec Fadi père jésuite qui vit dans la communauté du Père Henri Boulad. Il a des positions aux antipodes de celles de Paolo D’all Oglio et d’autres ce qui restera pour moi un vrai mystère.

Lien vers photos reçues de Matthieu : à venir

Nouvelles de Tripoli.

Le 10 octobre 2013, Matthieu de Lamarzelle a écrit :

 

Bonjour aux enfants du collège d’Oscar Romero et à tous ceux qui me suivent
Compte tenu de l’appréciation d’une situation assez tendue, à partir d’Alexandrie j’ai pris la décision de ne pas marcher ou très peu le long de la côte ouest en Egypte et sur pratiquement sur toute la Libye.

 

Matthieu encore en Egypte s’apprête à passer en Libye

 

El Alamein

 

En route je me suis arrêté à El Alamein haut lieu de notre mémoire, en hommage à la paix dans cette période si troublée. Je m’y suis recueilli aussi en votre nom à tous.

 

El Salloum passage de la frontière

Je me suis également rendu à la ville de Mersa Matrouh dernière ville Egyptienne avant le passage de la frontière au village d’El Salloum que je souhaitais traverser le lendemain au plus tôt dans la journée.
La côte visible de l’hôtel est magnifique, on remarquera toutefois dans le cœur de la ville, 8 blindes stationnés qui se déploient le soir lors du couvre-feu en vigueur dans toutes les villes d’Egypte qui témoignent d’une situation.
Le passage de la frontière d’Egypte pour la Lybie fût pour le moins délicat : En effet de nombreux barrages et check points, couverts de véhicules blindés. Pour commencer, j’ai été interrogé par deux colonels puis accompagné ensuite par un militaire jusqu’au siège du poste frontière. Là je suis resté 3 h pour dans la partie égyptienne questionné par les fonctionnaires de services de renseignements. Personne ne passe cette frontière hors mis les égyptiens. Finalement le Général Am commandant la place, après une longue attente m’a octroyé le visa de sortie, en étant accompagné jusqu’au poste Libyen.

 

J’ai rencontré un suisse de Zurich, Bjorg venant du Soudan et de la Libye et qui attendait depuis 8 jours un passage éventuel en Egypte.

 

Entrée en Libye

Les tampons de mon carnet de voyage (image à venir)

 

Même suspicion pour le poste Libyen, aucun uniforme j’ai été également interrogé auprès du responsable qui m’a fait part de la suspicion de son principal collaborateur, d’être militaire autrement dit, partie prenante d’une activité de renseignement.

 

Je suis resté là 2 heures après recoupements et vérifications d’une part auprès de mon contact Libyen qui m’a permis d’obtenir le visa à Paris et d’autre part par les tampons de mon carnet de voyage marquant toutes les étapes à la fois de mon parcours précédent (Paris Alexandrie) et celles obtenues au jour le jour depuis le Caire. Cet outil dans le cas présent m’a vraiment servi.

 

Tobrouk

 

De là j’ai été accompagné à un taxi jusqu’à Tobrouk. La personne responsable de la réception de l’hôtel m’a informé que j’avais été suivi tout au long du parcours par la sécurité qui a également procédé au contrôle de mon passeport. L’atmosphère à Tobrouk est assez lourde. Chacun est armé et dès la nuit tombée chacun est assigné à résidence. La veille dans la ville, une rafale entre bandes rivales a occasionné 6 morts.

 

Comme il n’existe ni Etat ni police tous les trafics d’armes et de drogue qui transitent génèrent des situations mafieuses et violentes dans toute la région de la Cyrénaïque qui s’étend un peu partout en Libye.Tout doit être minutieusement vérifié et il faut trouver les bons moyens de transport et les chauffeurs sûrs qui garantissent votre sécurité.

Al Beida

 

Le lendemain j’ai pu trouver un transport sur Al Beida au travers du désert, évitant la ville de Darna aux mains des djihadistes, sans pouvoir toutefois me rendre sur le cimetière allié de Tobrouk, la personne chargée de me convoyer s’y étant refusée. Un autre transport m’a amené sur le site grec de Cyrène. Maari mon convoyeur m’a montré les restes visibles des traces de combat à proximité du site, dans le cœur d’une magnifique région dite des montagnes vertes. Et puis par les petites routes il m’a accompagné à Benghazi.

 

Benghazi

 

J’ai rencontré deux footballeurs un nigérien Adibayo Junior et un malien Souleiman keita, tous deux du club de Benghazi qui m’ont fait part que tous les matchs se jouent sans public. Comme chacun est potentiellement armé, cette mesure permet d’éviter des risques de tueries entre supporteurs exaltés et aussi pour assurer la sécurité des joueurs. Le centre-ville est aussi barré par des pick up montés d’armes lourdes et il n’est pas question d’y trainer trop prés.

 

Ras El Anouf

 

J’ai pu sympathiser avec un technicien d’installation pétrolière Al Fitouri, qui m’a amené le jour d’après jusqu’à Ras El Anouf. Selon lui et à mots couverts, il estime devant la situation chaotique et dégradée du pays que les libyens en majorité, regrettent le gouvernement précédent et ne croient ni au " printemps arabe ni à la démocratie ". Cette guerre n’ayant d’autre visée que de pouvoir s’approprier les ressources principalement pétrolières du pays. Ce point de vue m’a également été plusieurs fois exprimé par la suite.

 

Pour information, selon les sources de « Human Rights Watch » (soupçonnée d’être une officine de la CIA) les pertes cumulées seraient de 35 000 morts, ce chiffre est porté par certains avec les épurations jusqu’à 200 000 morts.

 

S’il est difficile d’avoir une information précise, un chiffre de 50 000 morts semble crédible ainsi que le départ d’environ 1 700 000 libyens vers d’autres pays.
Pour un pays actuellement de moins de 5 000 000 d habitants, ces chiffres édifiants se passent de commentaires.

 

Khoms

 

La prochaine étape m’a conduit vers Khoms. Comme tout au long de la route de nombreux barrages de pick up, avec des groupes plus ou moins détermines, dont de nombreux miliciens qui ont négocié leur pouvoir de nuisance par le contrôle parfois rémunérateur de portion du territoire avec l’aval du comité qui sert de gouvernement de transition dont de nombreuses officines, sont sujettes aux corruptions les plus diverses.

 

Misrata

 

A proximité de Misrata j’ai été frappé du nombre de blindés détruits ainsi que des villages entiers frappés fortement dont certains ont été complètement vidés de leurs habitants. Je me suis arrêté sur le site Romain de leptis magna absolument fabuleux, qui n’a pratiquement aucun visiteur et suis reparti le lendemain sur Tripoli.

 

Tripoli

 

J’avais connu cette ville où je m’y étais rendu pour des déplacements professionnels et je ne vous cache pas que j’ai eu un sentiment de malaise. Les services publics fonctionnent au minimum en particulier de nombreux bâtiments ont souffert de dégradation, très peu de nettoyage de voirie. Beaucoup de femmes sont voilées et portent des tenues noires, ce qui n’était pas le cas. On ressent un sentiment à la fois d’insécurité et de lassitude.

 

Les activités commerciales des rues desservant la place principale, anciennement place verte, devenue place des martyrs de la révolution, sont soit fermées ou en manque de clientèle. Il y a maintenant une quasi-absence de marques, la clientèle pouvant se les offrir, ayant quitté le pays.

 

Les moindres bruits suspects dans la rue peuvent susciter aussi stress et inquiétude.

Zaouia

Hier à proximité de Zaouia, il y a eu deux morts lors d’un barrage.

 

Sabrata

Je me suis rendu ce matin sur le splendide site Romain de Sabrata qui a un magnifique théâtre, sur la route des miliciens barbus armés sans uniformes font des contrôles. Tahar un ami Algérien qui a vécu 32 ans en Libye veut partir. Il m’a recommandé d’annoncer si l’on m’arrêtait, une future conversion à l’Islam pour éviter toute forme d’ennui.
La peur et la désillusion règnent.

 

Issam un homme d’affaires de Brega rencontré à l’hôtel, au bord des larmes m’a demandé, « mais combien de temps cela va-t-il prendre pour sortir de cette situation, sans Etat, sans police, sans espoir, ce pays est détruit peut être pour une génération ou plus... ».
Aujourd’hui on annonce que le premier ministre a été kidnappé pendant quelques heures. Les puits de pétrole seuls revenus du pays sont quasiment fermés et sous contrôle des djihadistes. On annonce aussi que l’Etat est en quasi-cessation de paiement... Je ne peux pas vous envoyer de photos malheureusement Internet fonctionne très au ralenti, je le ferai de Tunisie.

 

Désolé de vous donner des nouvelles aussi tristes mais c’est la réalité de la situation d’une guerre dont on nous a bien endormis mais nous, nous devrons aussi porter une part de responsabilité. La real politique dans ce cadre, participe au prix de la souffrance et s’oppose à l’esprit de paix. Je ne regrette vraiment pas mon choix d’avoir pu traverser de part en part ce pays en souffrance. Je pense que cela fait partie du chemin, tout autour de la méditerranée.

 

Demain je vais passer la frontière à Ras Ajdir et recommencerai enfin à marcher à partir de là et je m’en réjouis à l’avance.

 

BZZZZ, Matthieu

Images envoyées par Matthieu de Libye : voir

 

Le 11 octobre 2013

Matthieu vient de quitter la Libye et se trouve au sud de la Tunisie
Je vous adresse des photos sous fichier RAR compressé correspondant au texte ci-dessous. Certains d' entre vous ne pourrons peut être pas les ouvrir, je pense que la solidarité interviendra. Je viens de quitter la Libye et me trouve au sud de la Tunisie.

Message reçu le 12 novembre

 

Bonjour à tous les enfants d'Oscar Romero, à leurs animateurs, à l'association de l'enfant à l’hôpital, à tous nos amis de Compostelle Cordoue, à ma famille, et amis du grand chemin....

Tunisie

Je poursuis ma route du sud vers le nord et heureusement le temps s'est rafraichi. La difficulté pour le marcheur est que les jours se raccourcissent, ce qui ne permet guère d'avoir des étapes me permettant d'avancer au rythme de plus de 25 km par jour. A partir de 16 h 30/ 17 h je dois trouver soit un hébergement lorsqu'ils se présentent ou un bivouac, ayant pris le parti de ne marcher qu'avec le jour.
Le passage dans les villages suscite étonnement et sollicitations diverses, qui nécessitent de prendre le temps d'échanger, et de partager. Je suis toujours bien accueilli, on me propose de tout, de l'eau, des cafés, des rafraichissements, des fruits. On se soucie si j'ai de quoi manger, si je n'ai pas peur.
Les paysages sont assez peu diversifiés, et j'avale les kilomètres devant de très vastes plantations d'oliviers durant de nombreux jours d'affilés.

Parmi les attentions les numéros de téléphone échangés m'amènent des contacts réguliers pour savoir où je suis, ce que deviens ou je vais, certains m'appellent tous les jours, il m’arrive malheureusement de ne ne pas toujours mettre des visages sur les noms mais qu'importe, je me sens accompagné et chacun à sa manière peut ainsi participer à ce voyage.
J'ai eu à Sfax un contact avec un officier mécanicien de la marine marchande navigant sur un cargo Libérien armé par des tunisiens. La fête de l'aid n'étant pas loin, il m'a fait part de la spéculation de la vente des moutons qui ne sont pas à portée de toutes les familles. Il peuvent atteindre selon la provenance jusqu'à 900 dinards et plus, et compte tenu des difficultés vécues en Tunisie, et de la spéculation aidant, il s'est dit partisan de pouvoir cesser cette demande par une forme d'intervention auprès des autorités religieuses afin de cesser cette forte inflation qui pénalise les plus vulnérables. Ainsi de nombreux moutons peuvent transiter en Libye, d'autres moins chers arrivent d'Espagne. Le poids, la provenance, le sexe et l'age de l'animal, la date d'achat en déterminent ainsi le prix.

Les vendeurs d'essence se raréfient et le prix au fur et à mesure que l'on s'éloigne de la Libye augmente. Mais on me dit que la relève arrive avec la revente de l'essence algérienne.Ces petits métiers permettent pour beaucoup de maintenir une activité dans des régions paupérisées. Le risque pour les utilisateurs est d'avoir une essence frelatée et coupée qui esquinte les moteurs même si la marge peut sembler attrayante, à moins de 20 % cette activité est pratiquement disparue sauf si des réseaux de confiance s'installent, et à ce moment là cette activité devient confidentielle.

Photos reçues de Matthieu, Libye-Tunisie : voir

Je suis toujours étonné par le nombre de vieilles Peugeot qui circulent dans les campagnes. ce qui domine le plus souvent, c'est le modèle camionnette qui permet de charger de tout y compris des animaux, moutons, vaches, ânes... pour certaines elles sont admirablement entretenues par des mécaniciens et des carrossiers de talent. Les couleurs d'origine sont respectées, et ce qui domine c'est le modèle sable mastic, suivi loin derrière par le modèle gris souris laiteux, et chose plus rare est la couleur bleue gris pale.

J'ai suivi la route vers El Jem petite ville qui abrite un site romain exceptionnel, un Colisée local qui serait le plus important après celui de Rome. la présence de plantations d'oliviers est probablement l'activité économique avec le commerce d'esclaves qui a permis le développement de la civilisation Romaine sur toute la région.
A partir de cette ville, j'avais l'intention de me rendre directement à Kairouan. On m'a fortement déconseillé cette route qui abriterait des villages peu sûrs, on a même parlé que des femmes se seraient montrée dénudées pour mieux attirer des personnes qui se sont fait dépouiller. Bien sûr entre les fantasmes et la réalité on ne sait rien mais j'ai croisé l'information avec d'autres personnes qui m'ont déconseillé de prendre cette route et de prendre le risque de bivouaquer.
Donc j'ai suivi la route côtière jusqu'à Mahdia, ville d'origine de Moncef Ghachem qui a exercé l'activité de pêcheur avant d’être un des plus grand poète contemporain du Maghreb qui s'exprime en langue française. Je vous invite tous à consulter Internet pour faire connaissance avec lui et quelques extraits de son œuvre.

 

Je suis resté deux jours dans cette ville qui est pour moi une des plus harmonieuse de toutes la Tunisie. Nous sommes convenus avec Michelle sa femme et Moncef que nous essaierons de nous rencontrer un peu plus tard à mon retour de Kairouan et plus tard à Sidi Bou said ou ils résident.
Ne voulant pas prendre de photos directement dans la rue je me suis initié à Mahdia lors du souk du vendredi à la prise de vue en "aveugle" permettant de vous montrer des scènes de ce que l'on peut voir dans la rue sans s'attirer de sentiments négatifs et pouvoir les partager avec vous.

 

Et puis je me suis dirigé vers Monastir et Sousse avant de me rendre vers un des bijoux de tous le Maghreb la ville de Kairouan considérée par beaucoup comme un des joyaux de la culture islamique. Dans la ville de Monastir je me suis initié a Lablebie soupe de pois chiche très pimentée avec en accompagnement un sirop d'orgeat. C'est un must qui est non seulement très bon mais qui tient au corps et est plein de vitamines et de protéines, mais il vaut mieux après dormir seul...
La tempête s'étant installée avec un très fort vent, j'ai pris le parti de faire des aller à pied et d'utiliser des transports locaux pour trouver des hébergements et effectuer des retours pour terminer ma route à pied.

 

Je vous envoie des prises de vues qui ne pourront malheureusement pas vous livrer les émotions que l'on peut avoir et je vous invite sans réserve à vous y rendre.

Au cours d'un de mes retours à pied pour accéder à Kairouan à partir de mon arrêt de marche à Sidi El hani, j'ai eu la surprise près de la route de faire la rencontre de Safa et de son père Lotfi qui m'ont posé des questions sur ma marche et invité a participer à Radio Sabra à une interview à la radio en différé et traduite en Arabe pour leurs auditeurs.

J'ai pu parler de notre association Compostelle Cordoue et de l'association l'enfant à l'hôpital qui permet de communiquer avec les élèves d'Oscar Romero.
Il a été évoqué aussi les drames vécus par tous les Tunisiens avec les attentats et tentatives d'attentats qui se sont déroulés dernièrement, et j'ai une pensée pour ce jeune en désespérance de n'avoir trouvé comme solution à sa vie qu'une action suicidaire.

Cette rencontre avec Radio Sabra est pour nous tous un des cadeaux qu'offrent les hasards des rencontres au cours de ce grand chemin.

Ce même jour André Virazels pèlerin de Jérusalem m'a appris qu'il avait pu avoir son visa pour l'Algérie et qu'il me retrouverait à Tunis pour poursuivre ce chemin magnifique autour de la Méditerranée.
Il y a des jours comme celui là qui est béni par la providence, et j'ai la joie de pouvoir la partager avec vous tous.
A très bientôt, BZZZ
Matthieu
Lien vers les photos : Lien vers les photos reçues de Matthieu le 12 novembre