Alger

Bonjour à tous les enfants du collège Oscar Romero, à leurs animateurs, à l’enfant@l’hopital, à l’association Compostelle Cordoue, famille, amis et à tous.
Nous avons gagné Alger destination phare vendredi 23 janvier en fin de journée après une étape de 35 km. En chemin nous avons appris que Jean-François qui avait du nous quitter à la frontière avait enfin obtenu son visa pour l’Algérie ; et qu’il nous rejoindra lundi (26 janvier) en fin de journée.  C’est une joie pour nous tous et surtout le succès d’un espoir et démarches acharnées qui ont duré près de 8 mois et qui ont fini par aboutir.

 

Je vous avais quittés lors de notre entrée aux portes de Kabylie depuis les portes de Bibans. La première nuit nous l’avons passée à l’hotel Akmadou qui nous reçus comme des rois en nous proposant à la fois un gite et un couvert d’une exceptionnelle qualité qui ont fait notre bonheur avant d’attaquer la montagne dans le Djurdjura.
Notre sécurité demeure toujours renforcée, et nos efforts nous ont permis de gagner cette région par de petites routes peu fréquentées aux paysages exceptionnels. L’un de nos accompagnateurs  Rachid qui est policier et résidant à moins de 20 km du col, n’avait jamais eu l’occasion de s’y rendre. Il nous a quittés très ému et remercié de cette opportunité de s’y rendre. Il nous en a encore parlé aujourdhui, cela restera gravé pour lui dans sa mémoire comme un moment inoubliable.
En complément de notre escorte, un commandant d’une unité de montagne nous a accompagnés jusqu’au col avec un deuxième véhicule qui l’accompagnait que nous avons baptisé les « louveteaux » avec les matériels d’armement nécessaires en cas d’aggression. Cette partie est peu visitée et semble-t-il aurait mauvaise réputation, bref nous sommes passés. En cours de route nous avons traversé des paysages magnifiques avec la particularité de voir accrochés sur des pentes très vertigineuses des étages de cèdres qui ajoutaient une majestuosité à ce cadre absolument splendide. On nous a même parlé de bandes de singes qui y aurait élu domicile mais que nous n’avons ni vus ni entendus…
Avant d’arriver au col nous avons croisé un chasse neige. Equipés de manière polaire pas à pas nous avons gagné le col en poussant plus fort sur les jambes pour arriver au sommet, mais il nous a fallu chercher la neige pour faire illusion sur la photo. Le temps est semble-t-il un peu capricieux, c’est comme chez nous, mais on ne se plaidra pas du temps radieux qui nous a accompagné. Les augures qui nous ont prédit une tempête voire plus se sont trompés et nous ne nous plaignons pas.
A partir du col, changement d’ « équipe d’accompagnateurs » à la limité de territorialité et qui se sont joints à notre marche. De là nous avons une vision des villages kabyles accrochés comme des vigies, certains parlent même de forteresses. Cette distribution d’habitat analogue à ce que l’on peut trouver en Corse doit je pense avoir d’autres explications géographiques. Il n’en demeure pas moins que les pentes entaillent des vallées très escarpées qui rendent difficiles aussi bien les cultures que l’élevage. Merci à ceux qui pourront apporter des commentaires complémentaires à ces particularités des paysages ruraux pouvant expliquer cette distribution de l’habitat.
Nous avons trouvé un hotel dit d’état dans le village de Beni Yeni pour la première nuit en montagne. Le tourisme s’est semble-t-il effondré depuis la période des années noires et l’hôtel d’une maintenance plus qu’approximative n’a pratiquement en dehors de clients « furtifs » pas de fréquentation. En revanche, le bar qui ne sert pas de café, ne désemplit pas ce qui est une particularité de cette région et qui offre bien entendu de nombreuses polémiques sur lesquelles je ne reviendrai pas.
Le lendemain après le passage d’un pont et de changement d’équipe, nous avons pour la première fois un accompagnement de deux escorteurs sportifs Omar et Karim à qui nous avons voulu décerner la « loubia d’honneur » tant cet événement nous semblait exceptionnel. En effet ce sont les seuls jusqu’à présent à avoir fait l’intégralité de l’étape avec nous soit un peu plus de 25 km. Ceux-ci nous ont communiqué que la nuit suivant notre départ de Beni Yeni, des accrochages auraient eu lieu…
Nous espérons cependant que la crainte qui demeure chez beaucoup y compris dans les forces de sécurité [permettra] finira, petit à petit, par s’amenuiser. Pour l’instant les chemins forestiers peu fréquentés sont source de crainte et d’une forte inquiétude pour beaucoup y compris dans la police et les forces armées.
Nous avons été accueillis à Tizi Ouzou par les pères blancs et une sœur qui sont presque tous originaires d’Afrique Mali, Burkina Faso, Malawi, Zambie, à l’exception d’un père d’origine Polonaise. Nous avons passé dans cette maison très confortable deux jours, dont un passé à Alger avec Rachid Redjai en instance de départ pour Bordeaux avec lequel nous avions prévu pour une interview avec un de ses amis journaliste qui au dernier moment a du être reportée. Nous avons été très chaleureusement choyés dans ce lieu qui a connu des événements tragiques en 1994 puisque 4 pères blancs y ont été assassinés, deux ans avant les évènements de Tiberine . Leurs portraits figurent dans la petite chapelle où ont lieu chaque jours les offices.
Ils s’appellent :  Christian Chessel, Jean Chevillard, Charles Deckers, Alain Dieulangard
Et puis nous sommes partis, une première étape à Thénia, une seconde à Boumerdes et la dernière près de AinTaya dans l’ancien lieu-dit appelé Surcouf.
La veille de notre arrivée nous avons essuyé un très fort orage continu qui nous à la fois bien trempés et a éprouvé notre volonté qui n’en a pas été marquée. Le soleil a réapparu fort heureusement lors de notre dernière journée avant de gagner Alger qui marque pour nous un jalon précieux. En chemin nous avons pu converser avec de nombreuses petites rencontres qui sont toujours amicales et généreuses, des fruits, un panier repas, le café avec le mille feuille spécialité algérienne qui vaut largement le café Calva de Normandie et laisse surtout moins de traces…
Celle qui nous a le plus marqués durant cette période c’est la générosité de l’hôtel du Rocher noir de la petite ville de Boumerdes où habite notre ange gardien Farouq : au standing annoncé de (?) étoiles nous a offert la chambre au grand étonnement de nos « escorteurs ». A noter qu’un fort tremblement de terre en mai 2003 a fait plus de 3000 morts dans cette petite ville et sa proche région.
Nous avons aussi le sentiment que le printemps revient avec les arbres en fleurs, le travail et le soin apporté aux vignes, comme celui effectué par notre ami ouvrier agricole qui nous a accompagnés un petit bout de chemin. Et puis passage dans les petits villages aux parties de double six animées (sorte de dominos), quelques vestiges d’anciennes exploitations agricoles, et puis des travaux titanesques toujours en cours pour améliorer l’existant des algériens et les besoins en prévision des générations à venir. On prévoit pour cette année pas moins d’un million de logements nouveaux principalement construits par des entreprises chinoises, ce qui me semble pour le moins relever de l’extraordinaire. Prenons-en de la graine…
 
Bzzz à tous