Bonjour à tous les enfants du collège Oscar Romero, à leurs animateurs, à l’enfant@l’hopital, à l’association Compostelle Cordoue, famille, amis et à tous.

Dans la vallée du ChélifNous sommes partis le 3 février de Tibhirine et avons gagné les hautes plaines reliant Medea à la région de la vallée du Chelif que nous avons gagnée à partir de l’Ouarsenis et pour être plus précis en direction de Khémis Miliana que j’avais eu la chance de découvrir lors d’un voyage d’étude en 1972 soit dix ans après l’accès à l’indépendance de l’Algérie. En chemin un commandant de gendarmerie a tenu à nous accompagner à pied jusqu’au bout de son secteur pendant plusieurs heures de marche et nous a approvisionné en eau tout au long de ce parcours.

 

Faute d’hôtel disponible à Khémis, nous avons séjourné dans la petite ville d’Aïn Defla anciennement Duperré qui nous a servi de lieu d’hébergement sur plus de trois jours. Notre arrivée a été quelque peu remarquée lorsque notre véhicule d’une escorte renforcée par un véhicule blindé léger qui a heurté la bordure de la vois d’accès à l’hôtel Abbas sous l’œil imperturbable de son propriétaire qu’André a dénommé « Albert ».

L’oued Chelif, le plus grand fleuve de l’Algérie a été parcouru par nous trois sur plus de 350 km. Cette vallée très fertile nous a permis de voir une succession de cultures lors de ce long parcours à commencer par les pommes de terre, suivis par les salades, les choux fleurs, les poireaux, les carottes, les artichauts, les premiers petits pois et aussi des agrumes comme les oranges, les citrons, les clémentines dont le nom est dû au Frère Clément chef de culture de l'orphelinat de Misserghin près d’Oran en Algérie. L’ensemble de ces cultures alternent aussi avec la culture de blé dur.

Cette vallée jouxte une ligne à forte activité séismologique. La ville de Chlef anciennement El Asnam dont le nom a été changé depuis le dernier tremblement de terre en octobre 1980 qui a occasionné la mort de 2500 personnes a déjà connu un autre séisme en 1952. Dans cette ville presque entièrement reconstruite, j’ai pu fêter mon anniversaire et un très bon couscous que nous a offert Olivier que nous avons rencontré en chemin par hasard à l’entrée de la ville.

Petit à petit nous avons gagné Rélizane ville ou, dit on, le grand père de Martine Aubry a exercé en tant que médecin. Dans cette ville nous avons été initié à la pratique de dépositaire de vins et spiritueux dont le mode de fonctionnement nous a fait terriblement penser au plus beaux temps de la prohibition aux USA (porte dérobée aux regards, atmosphère lourde, les clients semblent raser les murs avec chacun un sac de plastique noir avec des airs de passe muraille).

Nous avons été joints dans cette ville par Abdallah de la Tarîka Alawiya nos amis Soufis de Compostelle Cordoue, ayant appris notre prochaine arrivée à Mostaganem. Cette rencontre nous a aussi permis de  préparer notre arrivée.

Karim a pu nous chercher avant notre arrivée à Mostaganem, en voiture avec une escorte digne de ministre avec une voiture d’Escorte en avant et à l’arrière de notre voiture, les motards ouvrant la route à tombeau ouvert pour nous accompagner dans un hôtel que nous avions délibérément choisi selon des critères modestes. Karim nous a évoqué « le bouton d’Alger » qui semble être la marque d’un renfort du dispositif pour des « hôtes de marque ».

Le lendemain nous avons pu terminer notre marche en revenant en amont à l’endroit exact de notre dernier arrêt et assister en communion avec des chrétiens Africains à la communauté des frères maristes

Les frères Maristes s’appellent Jean-Louis, Xema, et également un autre Bernard. Ils se concentrent sur des actions éducatives en relation et en respect avec les populations musulmanes sans aucune recherche d’action de prosélytisme.

Bernard de Montvallier est le prêtre Diocésain de la communauté et a décidé de consacrer son activité à l’Algérie. Extrêmement actif et curieux, il nous a accompagné durant tout notre séjour à Mostaganem et pris connaissance de l’activité de la fondation Méditerranéenne du fonctionnement durable dont le président est le Hadj Mourad Bentounes qui est extrêmement ouvert et chaleureux.

Il participe à une association des anciens appellés qui ont participé à la guerre d’Algérie et reverse intégralement sa pension d’ancien combattant  aux populations qui souffrent de la guerre ou à des organismes qui œuvrent pour la paix.

http://www.reflexiondz.net/Bernard-De-Monvallier-membre-de-l-Association-des-Anciens-Appeles-en-Algerie-a-Reflexion_a15784.html 

Pour ce qui concerne l’activité de la zawiya de la tarika Alawiya Moulay, il nous a largement ouvert ses portes et reçu en fournissant toutes les explications du mode de fonctionnement de le tarika.

Nous avons pu aussi participer à l’activité de la maison de quartier du colonel Lotfi à laquelle Bernard se joint régulièrement et avons répondu à toutes les questions provenant de chacun des participants sur notre voyage autour de la Méditerranée.

Nous avons ensuite repris notre chemin accompagné par Bernard jusqu’aux abords de la ville et en chemin visité un homme de théâtre qui organise régulièrement des spectacles avec des moyens modestes.

Nous avons gagné Oran et croisé en chemin une stelle dédiée à la bataille de la Macta gagnée par les troupes de l’Emir Abdelkader en 1832 près d’Arzew principal site de liquéfaction du gaz dont les torchères sont visibles le long de la route.

Et puis nous avons gagné Oran et avons été reçus à la maison diocézaine par Thierry Becker et Patrick Dubois de la Vigerie. Thierry a vécu près de 45 ans en Algérie et parle près de 15 langues, dont l’arabe, le turc, le Hongrois et diverses langues Africaine dont le Swahili. Il était présent à Tihirine lors de l’arrestation des moines et avec Jean-Marie Jehl a informé les autorités de leur capture en échappant en pleine nuit aux hommes venus les arrêter. Patrick ancien normalien a quant à lui vécu une partie de son sacerdoce au Chili. J’ai été extrêmement impressionné par ces deux personnes par leurs engagements, et par leur grande culture.

Nous avons eu l’occasion de nous joindre à la table que préside le jeune Evêque Jean-Paul Vesco successeur de Pierre Claverie assasiné en 1996 et qui repose dans l’église. La pièce de Pierre et Mohammed illustre sont fort engagement interreligieux par ce court extrait ;

« La religion peut être le lieu des pires fanatismes, car les hommes habillent du divin leur soif de toute-puissance ou, plus simplement, leur bêtise. Toutes les religions sont sans cesse exposées à devenir des instruments d'oppression et d'aliénation. Ne laissons pas l'Esprit étouffé par la lettre. Nous pouvons lutter contre ces dénaturations de la foi, la nôtre comme celle des autres, en maintenant le dialogue malgré les remous de surface et les apparents durcissements. Le dialogue est une œuvre sans cesse à reprendre : lui seul nous permet de désarmer le fanatisme, en nous et chez l'autre . /.. »

Je me suis recueilli en votre nom à tous en ce lieu. Nous avons eu la chance par le frère mariste Esteban de nous rendre dans une famille d’Oran un vendredi le jour de la prière, ou il règnait une magnifique atmosphère. J’ai été particulièrement ému lorsque une petite jeune fille a chanté d’une voie cristalline et pure une longue sourate du coran ce qui me changeait de la vision que je pouvais avoir de l’Islam. A ce chant a été également lu un verset de la bible.

Nous avons gagné Sidi bel Abbes et été invités par les prêtres qui résident sur place en particulier Chrislain et Jean-Marc. A partir de là nous avons pu de nouveau traverser de magnifiques paysages qui nous ont conduit àTlemcem ville à la fois culturelle et spirituelle de l’Algérie proche de la frontière.

Nous avons été pris en charge par un membre de la Tarika qui nous a conduit vers le mausolée de Sidi Boumédienne grande référence religieuse pour toute l’Algérie et pour le Maghreb. Si Ahmed et sont fils Abd El krim ont lors de notre visite récité une sourate du Coran lors de notre venue à ce lieu si cher au cœur des soufis et des Algériens.

Rapellons qu’un petit cimetière abrite des personnalités célèbres. Une me tient particulièrement au cœur, c’est celle de Maliha Hamidou très vielle famille de Tlemcen qui à l’age de 17 ans a donné sa vie pour son pays et qui est morte suite à son arrestation par les services français le 13 avril 1959. C’est un peu l’équivalent féminin de Guy Moquet dont la mémoire a été ternie par des manœuvres politiciennes que vous connaissez…

Pour terminer sur une note plus joyeuse nous avons assisté à un véritable petit concert avec tout un orchestre à une merveille musicale de musique Arabo Andalouse et cela a pour nous tous été un magnifique cadeau.

Et puis nous avons gagné la frontière près de la ville de Maghnia que nous n’avons pas pu passer mais  il nous a été offert par les autorités des rafraichissements et des gateaux. Et puis nous avons rejoint Ghazaouet pour nous embarquer vers Alméria et ensuite le Maroc, mais c’est une autre histoire sur laquelle je reviendrai plus tard…

Bzzz à tous